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Après Detroit, la Silicon Valley future capitale de la voiture (autonome)?

La Silicon Valley future capitale de la voiture (autonome)?

Cette année, la grand-messe de la high-tech, le CES 2016 de Las Vegas, devrait tourner autour la réalité virtuelle et de la voiture autonome. Et avant même l'ouverture officielle du salon le 6 janvier et la découverte des prototypes de Kia, Audi, Mercedes et autres Hyundai, c'est l'annonce d'une coopération dans le domaine du véhicule sans conducteur qui devrait marquer les esprits.

Cette coentreprise devrait être dévoilée mardi 5 janvier, selon Yahoo, par Google et Ford. Cette annonce sera triplement symbolique. Elle marquerait le début d'une nouvelle ère pour la voiture autonome. Une ère où les Etats-Unis seraient de retour en pôle position, après la sévère crise de son industrie automobile en 2008. Mais une ère où, cette fois, le centre du monde ne sera pas à Detroit, la capitale de l'automobile américaine, mais en Californie, dans la Silicon Valley où résident les plus grandes sociétés high-tech.

2016, année de la voiture autonome

Certes, les routes ne seront pas remplies de voitures autonomes en 2016. À vrai dire, la plupart des experts ne les attendent qu'en 2025, et même les plus optimistes, tel le patron de Tesla Elon Musk, ne croît pas que la technologie sera parfaitement au point avant au moins deux ans.

Mais entre le partenariat entre Google et Ford et les multiples annonces prévues au CES, nul doute que la voiture sans conducteur sera au centre de l'actualité en ce début d'année. Elle sera aussi un peu sur les routes. Renault a déjà annoncé en mars dernier que des premiers véhicules pouvant conduire seuls pendant les embouteillages seront en ventes en 2016. Au Japon, des taxis "robots" seront déployés (en test, pour le moment) sur les routes de la banlieue de Tokyo.

C'est aussi en 2016 que la Californie, où se déroulent la majorité des tests de conduite de voiture autonome, devrait décider ce qu'il est autorisé de faire sur ses routes. Pour l'instant, le projet de loi affirme qu'un humain doit se tenir prêt à intervenir, devant le volant. Mais cela pourrait changer d'ici l'adoption de la loi.

La Silicon Valley, "the place to be"

Et nul doute que cette loi sera scrutée avec attention dans la Silicon Valley. Pas seulement par Google, mais également par Tesla, qui a déjà déployé en "beta" un pilote automatique sur ses voitures en octobre dernier. Ou encore Apple, qui a récemment recruté un des pontes de Chrysler et qui travaillerait sur un projet de voiture électrique et autonome.

Ou encore la "start-up" à 70 milliards de dollars, Uber, qui a débauché pas moins de 40 chercheurs en robotique d'une université américaine en février dernier. Objectif: se passer du "C" de VTC, les "voitures de tourisme avec chauffeur" qui ont tant bousculé les taxis partout dans le monde.

Mais derrière ces entreprises "locales", la Silicon Valley est en train de devenir le nouveau lieu hype de l'automobile. En novembre, le géant Toyota annonçait la création d'un laboratoire d'Intelligence artificielle dans la Silicon Valley où il investira un milliard sur cinq ans. Encore une fois, il n'est pas le seul. Nissan, Mercedes Benz, Ford, Volkswagen ou encore Renault sont présents.

La majorité des grands constructeurs automobile ont un "laboratoire" dans la Silicon Valley, travaillant notamment sur la voiture autonome de demain. En plus de Google et Tesla, BMW, Mercedes-Benz, Honda, Volkswagen et quatre autres constructeurs ont d'ailleurs obtenu une autorisation de circuler sur les routes californiennes afin de tester des véhicules autonomes, rapporte Breitbart.

Detroit fait de la résistance

C'est en Californie que l'on peut voir le plus de voitures sans pilote sur des routes ouvertes. C'est aussi là bas que sont testés de nombreux véhicules autonomes, sur la "GoMentum Station", une ancienne base militaire désertée qui doit accueillir sur ses routes les projets secrets d'Apple ou ceux (moins secrets) de Honda.

Mais si tout semble se jouer en Californie, le Michigan n'a pour autant pas dit son dernier mot. A moins de 70 kilomètres de la ville fantôme Detroit, une ville fantoche a ouvert ses portes le 20 juillet dernier. Son nom, Mcity, n'est pas sans rappeler le surnom du symbole aujourd'hui bien mal en point de l'industrie automobile américaine: Motor City.

Mcity, c'est la possibilité de tester des voitures autonomes en conditions réelles: feux rouges, stops, cyclistes, immeubles, arbres, etc. Ou presque. Car tout sera factice et robotisé, afin d'éviter tout drame possible.

Et si cette ville est née près de Detroit, il y a une raison. Ce sont les constructeurs GM, Ford, Toyota, Honda et Nissan qui sont derrière. La vieille garde de l'automobile n'a pas dit son dernier mot face aux jeunes pousses de la génération internet.

On pourrait croire que la révolution est en marche et que les nouveaux venus ont déjà gagné. Après tout, les voitures de luxe de Tesla ont déjà un pilote automatique (encore très perfectible et ne fonctionnant pas partout, loin de là). Les voitures de Google ont déjà sillonné plus de 1,3 million de kilomètres de routes publiques. La cartographie de Google est une des meilleures au monde et les radars utilisés captent des millions de paramètres à la seconde.

Mais tout n'est pas joué. "Le premier à sortir un véhicule ne gagnera pas forcément des milliards", affirme à The Atlantic Arthur Wheaton, directeur du Worker Institute de l'université de Cornell. Et de rappeler que Ford n'a pas inventé la première voiture, mais "a proposé sa voiture à la masse plutôt qu'aux riches et a diminué les coûts tout en augmentant la production". Car pour l'instant, une voiture entièrement autonome coûte cher: rien que le radar utilisé par Google vaut 70 000 dollars.

Et si Google fait preuve de transparence avec ses progrès, ce n'est pas le cas de ses concurrents. "Les constructeurs ne dévoilent pas leur recherche aux yeux du public (et de leurs concurrents)", glisse au magazine Richard Wallace, du Centre pour la recherche automobile du Michigan. Il précise même que les constructeurs historiques ne sont pas "si loin derrière".

Google Car

7 projets de voitures autonomes

Deux visions proches, mais si différentes

Le nom du vainqueur de cette bataille de titans pour le contrôle de la voiture de demain n'est pas si anecdotique. Car entre la Silicon Valley et Detroit, c'est deux visions du transport personnel qui s'affrontent, comme le rappelait Bloomberg il y a quelques mois. D'un côté, une vision plus classique, une transition plus douce: l'homme reste le maître à bord du véhicule.

Petit à petit, au fur et à mesure des innovations, la technologie l'assiste de mieux en mieux, mais sans jamais le remplacer. Plus besoin de se concentrer pendant des longs trajets d'autoroute ou lors de bouchons. Mais il faut être prêt à reprendre le contrôle, comme avec le régulateur de vitesse actuel, en somme. Cette vision est défendue par de nombreux constructeurs historiques, comme General Motors.

A l'opposé, il y a Google, Tesla, Apple et Uber, qui visent à court terme (dans les 5 ans) à développer un véhicule entièrement autonome, où le chauffeur devient superflu. Si les nouveaux venus soutiennent cette vision, c'est pour deux raisons. D'abord, comme le précise The Atlantic, il y a un risque à laisser à l'homme le contrôle en cas de danger tout en lui enlevant la responsabilité le reste du temps.

Google, pour ses tests, a gardé un pilote dans la voiture. Les volontaires ont dû signer une décharge précisant qu'ils devaient toujours être concentrés et prêts à reprendre le contrôle si nécessaire. Et malgré le fait que les cobayes étaient filmés, le géant de Mountain View a repéré de nombreuses personnes lisant des livres, voire, une fois... jouant de la trompette.

L'autre raison est plus économique, et c'est elle qui pourrait totalement révolutionner notre mode de transport. Dans l'esprit d'Uber et de Google, la possession matérielle d'une voiture, c'est du passé. Le futur sera composé de flottes de voitures autonomes que vous commanderez pour aller d'un point A à un point B. Une sorte de taxi, mais sans chauffeur et présent en moins de temps qu'il n'en faut pour le commander. Bref, un transport en commun, mais personnel.

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