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Rémi Chassé : 2015, l'année de l'envol

Rémi Chassé : 2015, l'année de l'envol
Courtoisie

En 2015, Rémi Chassé a quitté le nid très encadré de La voix pour voler de ses propres ailes et entamer véritablement sa carrière en solo, fort d’un bagage enviable pour un garçon de 30 ans. Le natif de Sainte-Marie de Beauce avait acquis un début de notoriété grâce à son ancien groupe, Tailor Made Fable, qui lui a permis de jouer aussi loin qu’aux États-Unis, mais c’est réellement le concours télévisé de TVA qui a révélé son visage au plus grand nombre.

«La voix, c’est un sacré tremplin, reconnaît Rémi. C’est indéniable, ce que ça change. Il y a plus de monde dans les shows, les gens veulent davantage t’engager, et tu es alors mieux payé. Moi, je ne crache pas du tout sur cette émission-là. C’est vrai que ça inonde un peu le marché, parce que plusieurs artistes de La voix sortent de partout avec leurs albums, mais c’est devenu un incontournable dans la chanson. Je suis très redevable de ce qui m’arrive aujourd’hui. Je n’aurais probablement pas pu faire mon album si je n’avais pas eu cette tape dans le dos.»

«Il faut être un peu fou pour se lancer dans la musique et vouloir en faire un métier, continue l’artiste. On s’inflige des stress immenses, et tout ça vient avec plein de périodes creuses, où il ne se passe rien. Il faut être fou, mais, en même temps, c’est plus fort que nous. C’est plus fort que moi. Je ne peux pas arrêter. Ça ne se guérit pas! (sourire) C’est une belle folie. Quand ça fonctionne, c’est le plus beau des métiers!»

Ses accomplissements dans la dernière année : Un premier album, lancé fin août dernier, aux sonorités pop-rock, Debout dans l’ombre, dont les deux premiers extraits, Sans adieux et Le même nom, ont abondamment résonné sur les ondes radiophoniques. Chassé signe paroles et musiques de ce premier effort à son nom, dont le style se situe quelque part à mi-chemin entre ceux d’Éric Lapointe et de Simple Plan, et qui contient aussi une nouvelle version acoustique d’Une armée dans ma voix, texte que son coach Louis-Jean Cormier lui a offert pour la finale de La voix, au printemps 2014. Debout dans l’ombre est coréalisé par Guillaume Beauregard, fondateur des Vulgaires Machins, qui fait aussi route en solo, et Hubert Maheux, ami et collaborateur de longue date de Rémi Chassé.

Ce dernier a également participé au collectif Pag revisité, compilation de relectures des chansons marquantes de Michel Pagliaro. Il y interprète la mythique J’entends frapper. Il effectuera de surcroît sa rentrée montréalaise le 24 février prochain, au Club Soda, dans le cadre du festival Montréal en lumière. Juste avant, il s’arrêtera au Cercle, à Québec, le 20 février.

À propos de son parcours avant La voix : «Autour de l’âge de 11 ans, j’ai reçu ma première guitare électrique, se remémore Rémi. Auparavant, je prenais des cours de dessin, mais j’ai changé de domaine d’art et je suis devenu accro, même si je n’ai jamais été un virtuose de la guitare. J’ai même déjà pensé arrêter, parce que je n’étais pas tellement discipliné, je n’avais pas le désir d’avoir une dextérité de soliste. C’est à partir du moment où je me suis mis à chanter en m’accompagnant que tout ça a pris son sens.»

«Vers l’âge de 12 ou 13 ans, je tripais sur Green Day, et j’avais demandé à mon professeur de guitare de me faire apprendre une de leurs chansons. Les chats sauvages et Toujours vivant, ce sont des bonnes tunes, mais quand tu as 13 ans, c’est moins intéressant! (rires) J’ai donc appris les accords de Basket Case. Je me souviens que j’avais une semaine pour l’apprendre et, au bout d’une semaine, non seulement je la savais par cœur à la guitare, mais je la chantais en même temps. Ç’a été le déclic et j’ai vraiment pris goût à la guitare, parce que ça allait avec le vocal. Au secondaire, j’ai eu un band. On faisait des spectacles de Noël, des galas méritas, etc. Ça nous donnait des chances de nous produire sur scène, dans des auditoriums pleins d’élèves. C’était cool, on pouvait déjà concrétiser la raison d’être de notre groupe.»

«Au cégep, j’ai arrêté. Notre groupe du secondaire s’est dissous. On était rendus des hommes, on était au cégep! (rires) J’ai pris une pause, et je me suis remis à composer, seul, acoustique. Avec d’autres amis, on a démarré un nouveau groupe anglophone, Tailor Made Fable, qui a duré huit ans.»

«Quand on a décidé de mettre un terme à Tailor Made, parce que des opportunités de vie s’offraient pour d’autres membres, j’ai pogné un down. Parce que je voulais continuer de faire ça, dans la vie, de la musique. Je voulais aussi être autonome financièrement et arriver à payer mon loyer, mon auto et mon épicerie avec ma musique. J’ai donc commencé à faire des spectacles de reprises dans les bars, les restaurants, les micro-brasseries, soirées corporatives, etc. Je voulais me prouver, pendant cette année-là, en 2012-2013, que tout n’était pas perdu. J’avais beaucoup de questionnements.»

«Et c’est là que l’idée d’écrire en français a germé dans ma tête. Je n’avais pas tellement la volonté de percer en solo au Canada anglais et aux États-Unis. C’était un beau défi pour moi de tenter ma chance en français, et je me disais qu’il y avait peut-être une partie du paysage québécois qui n’était peut-être pas encore occupée, dans le pop-rock. Au même moment, j’ai regardé la première édition de La voix. Je me suis donc dit que 1 + 1 égale deux, que peut-être que… et j’ai décidé que je n’avais rien à perdre à aller voir si ça pouvait me sourire, cette téléréalité.»

À propos de ses aptitudes de musicien : «Je n’ai pas étudié en musique, je suis un autodidacte. Je ne sais pas lire la musique ; si on me demande un accord en particulier, je regarde mes doigts et c’est ainsi que je le trouve. On dirait que je n’aime pas lire la musique ; j’ai l’impression de faire des maths! Je suis entouré de gens qui savent très bien le faire, alors je crois avoir un équilibre entre la théorie et l’instinct, et ça me sert bien. De toute façon, tout ça se fait en groupe ; moi, je n’ai jamais fait de la musique pour être seul. Je ne suis pas quelqu’un de solitaire, dans la vie. J’ai besoin d’être dans un band, et les musiciens qui jouent avec moi ont ces ressources-là.»

À propos de Tailor Made Fable, son ancien groupe : «On venait tous de la Beauce. On a fait trois albums, mais on ne vivait pas de notre musique. On investissait toutes nos paies dans le projet. Mon père a une entreprise de canots, alors je travaillais à l’usine avec le reste de la famille, le reste du temps. J’avais un horaire souple. Avec Tailor Made Fable, on a percé localement ; dans les environs de Québec, on avait notre bassin de fans. On a eu plusieurs belles opportunités aux États-Unis, on a fait des gros shows, notamment au Staples Center, grâce à de bons contacts, mais c’était toujours de l’investissement. On avait toujours besoin d’investisseurs privés. C’est la réalité de chanter en anglais au Québec ; on dirait qu’il faut que tu fasses tes preuves ailleurs pour être reconnu ici. Simple Plan est un bon exemple.»

À propos du français versus l’anglais : «J’ai essayé de trouver ma signature en français et, surtout, de ne jamais sentir que, parce que j’ai fait le choix de chanter en français, je chante en compromis. C’est la chose dont je suis le plus fier, aujourd’hui. Toutes les chansons de l’album, je les trouve aussi cool que lorsque c’était en anglais, et même plus, parce que c’était plus dur. Il y a tout ce sentiment d’accomplissement et de réussite intérieure.»

À propos de sa collaboration avec Guillaume Beauregard : «Guillaume a toujours eu cette façon d’être percutant dans son phrasé, dans son français chanté, et je trouvais ça très cool. Ce que j’aimais faire en anglais, il parvenait à le faire en français. Quand j’ai eu cinq ou six chansons bien avancées, je lui ai demandé s’il voulait m’accompagner dans ce travail d’écriture. Quand je lui ai envoyé mes démos, à mon grand plaisir, il a aimé ça. Alors il a accepté de jouer le rôle que je lui proposais dans la création de l’album, celui d’accompagnateur aux textes. Son aide est précieuse, et je suis vraiment fier de cette alliance. C’est un peu anti-pop de travailler avec Guillaume Beauregard, qui est dans le punk engagé, car moi, je suis plutôt pop-rock dans mon bagage. Mais, du pop-rock mielleux, je trouve ça plate, et je ne voulais surtout pas faire ça. C’est pour cette raison d’écrire mes chansons et de choisir Guillaume Beauregard pour travailler avec moi, aux textes et aux arrangements.»

À propos de sa relation avec Louis-Jean Cormier : «Louis-Jean était clairement le coach pour moi, à La voix. Je n’aurais jamais pu avoir Une armée dans ma voix si je n’avais pas été dans son équipe, et je pense qu’il a réussi à mettre exactement le doigt sur ce que je devais chanter pour la finale. Il a découvert assez rapidement qui je suis. On s’est connus devant les caméras ; c’est une drôle d’amitié qui s’est formée. Mais, malgré les projecteurs, il a réussi à me deviner, à m’écrire une bonne chanson et à respecter le fait que je voulais faire du rock. Même s’il n’a pas collaboré à l’album, il a contribué au fait que je me suis entouré des bonnes personnes.»

À propos de l’après La voix et de l’engouement du public : «Avec La voix, tu deviens populaire du jour au lendemain, et il y a plein de choses qui changent, dans ta vie. Plein d’opportunités, plein d’obstacles qui se dressent devant toi. Des choses qui pourraient te faire déroger de ce à quoi toi, tu tiens. Debout dans l’ombre, c’est un peu une façon d’évoquer ça. L’ombre étant les bouleversements et les distractions. Se tenir debout dans l’ombre, c’est pour moi une façon de dire que je suis plus fort que les distractions de la popularité. Et il y a aussi le fait que la majorité des chansons se sont écrites dans des périodes d’insomnie ; alors, j’étais debout, dans l’ombre, j’écrivais la nuit! (rires)»

«Je ne voulais pas sortir un album trop rapidement, pressé, que je n’aurais pas assumé, avec des tunes qu’on m’aurait garrochées, parce que j’étais une «nouvelle vedette», entre guillemets. Je trouvais ça lamentable. Alors je me suis dit que j’allais fermer la lumière, et revenir quand ça vaudrait la peine de la rallumer.»

«En général, c’est rare que c’est négatif quand les gens viennent nous voir pour nous demander une signature. C’est souvent juste de l’amour et la moindre des choses, c’est de l’accepter, d’en redonner, et de prendre des photos. Si les gens se déplacent, c’est parce que je les touche. Et, si je les touche, c’est parce que je réussis à faire ce que je veux. Je vis bien avec ça, tant que c’est positif.»

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