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La pilule PrEP: quand le sida ne fait plus peur (VIDÉO)

Quand le sida ne fait plus peur (VIDÉO)

Une pilule conçue pour limiter la transmission du VIH est en train de révolutionner les relations sexuelles des membres de la communauté gaie. À Montréal, ils sont de plus en plus nombreux à bannir le condom.

«On vit une véritable révolution sexuelle. Les gens ont l’impression qu’ils peuvent enfin avoir des relations naturelles, sans crainte de la maladie. C’est merveilleux», remarque le photographe Kenny Yip. Connu sous le nom d’inkedKenny, l’artiste immortalise depuis des années les «Bears» de Montréal, des homosexuels à la silhouette massive et à la masculinité affirmée.

Lui-même atteint du VIH depuis 30 ans, inkedKenny raconte avoir vu sa communauté retrouver un second souffle avec l’arrivée de la prophylaxie pré-exposition, rebaptisée «PrEP». Ce nouveau médicament permet de réduire les risques de contamination de 86% chez les personnes séronégatives à haut risque d’infection, selon l’étude franco-canadienne Ipergay, publiée au début du mois dans le New England Journal of Medicine. Le traitement peut être pris de façon intermittente ou continue, à raison d’un cachet par jour.

«Peace, sex and love»

La pilule PrEP gagne en popularité au sein de la communauté et contribue grandement à lutter contre la stigmatisation des personnes atteintes du virus, soutient inkedKenny.

«Avant, les séropositifs étaient traités comme des lépreux. Les gens ne voulaient même pas te serrer la main. Maintenant, les gens n’ont plus peur. Dans toutes les soirées où je vais, il y a même une ambiance très pro-sexe. C’est de nouveau l’époque "peace, sexand love"», observe-t-il.

L’homme de 48 ans a perdu deux partenaires des suites du sida et a été rejeté par sa famille lorsqu’il leur a annoncé qu’il était porteur du virus. Il dit s’être construit une famille au sein de sa communauté.

Séropositif lui aussi, John Holstein a connu le même genre de discrimination dans les années 1990. Le barman de l’Aigle Noir sur la rue Sainte-Catherine Est à Montréal apprécie donc particulièrement le vent de libération qui règne en ce moment dans le Village.

«J’ai jonglé toute ma vie pour trouver des partenaires qui avaient le VIH. Maintenant, je peux enfin avoir des relations avec d’autres personnes de façon naturelle (sans condom), en autant qu’ils prennent le médicament. C’est une sensation géniale», confie-t-il.

inkedKenny et les Bears

Disponible sur ordonnance

Au Québec, la PrEP est disponible sur ordonnance du médecin, mais n’est pas encore homologuée par Santé Canada. Aux États-Unis, le médicament est disponible sur le marché depuis 2012. La France, elle, l’a mis gratuitement à disposition des personnes les plus à risque, le 23 novembre dernier.

En septembre dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé l’utilisation de la PrEP à toutes les populations exposées au VIH. Elle précise toutefois que le médicament doit être considéré comme une option supplémentaire de prévention pour endiguer l’épidémie, en plus de l’accès aux préservatifs.

L’étude Ipergay rappelle également que la PrEP ne protège pas contre l’ensemble des autres infections transmissibles sexuellement et par le sang. «Lorsqu’il est question de la PrEP, les messages qui y sont associés rappellent toujours l’importance de l’utilisation du condom comme le moyen étant le plus efficace à ce jour», précise l’équipe de recherche sur son site internet.

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