Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ingrid St-Pierre lance son 3e album, «Tokyo»: doux moments d'éternité (ENTREVUE)

«Tokyo»: doux moments d'éternité avec Ingrid St-Pierre
Martin Laporte

L’automne 2015 restera à jamais gravé dans la mémoire d’Ingrid St-Pierre. Quelques semaines après avoir vu naître son petit garçon, la chanteuse a donné naissance à son troisième album, Tokyo, une référence au pays qui la faisait rêver et qu’elle a visité l’an dernier, là où elle a probablement conçu son premier enfant et d’où elle est rentrée avec une plume chargée de liberté, de candeur, de lumière et de mélancolie.

« J’ai visité le Japon pendant un mois à l’automne 2014 et c’était au-delà de mes espérances! À mon retour, j’étais habitée par un grand lâcher prise. Je me suis donné le droit d’écrire seulement si j’en avais envie, peu importe la forme que ça prendrait. »

Loin de dépayser les amoureux de ses deux premiers albums (Ma petite mam’zelle de chemin et L’Escapade), Tokyo est le résultat d’un talent sublimé, signe que l’auteure-compositrice-interprète prend de nouvelles avenues sans oublier d’où elle vient ni qui elle est. À la seconde où l’on entend les nouvelles chansons de la chanteuse à la voix d’ange, on se sent apaisé, comme si on retrouvait un ancien amour que la vie a fait grandir en beauté.

Un univers qu’elle a confié au réalisateur Philippe Brault (Pierre Lapointe, Émile Proulx-Cloutier, Salomé Leclerc), avec qui elle a vécu une expérience jubilatoire. « Je pourrais écrire des chansons toute la nuit pour repartir en studio avec lui demain matin! Après chaque journée de travail, je rentrais chez nous avec le sourire jusqu’aux oreilles. J’étais certaine que ça donnerait ce à quoi je rêvais. Je l’ai enligné sur ce que j’écoutais (Sufjan Stevens, Bon Iver, Sigar Ros) et il a mis le doigt exactement sur ce que je voulais. »

St-Pierre affirme même qu’elle aurait été à l’aise de le laisser faire son album, sans elle en studio. « C’est la première fois de ma vie que je dis ça! Philippe est extraordinaire comme réalisateur, de par son écoute, son émotivité et sa capacité à être fidèle à lui-même et à l’authenticité de l’artiste avec qui il travaille. »

Une réalité qui s’entend d’abord par l’absence des instruments à cordes joués avec un archet (violon, violoncelle, contrebasse), très présents dans ses deux premiers albums. « Quand j’écris, j’entends des cordes d’instincts. Ça cadre avec ma musique et j’ai roulé longtemps avec un quatuor à cordes en spectacle. Mais Philippe m’a dit que c’était trop facile d’aller là et il m’a proposé d’aller ailleurs. »

Les deux artistes ont plutôt opté pour la légèreté de la harpe, la richesse des cuivres, la subtilité des claviers et la surprenante présence de percussions. Dans Place royale, un tambour militaire se mêle au piano de la blonde chanteuse, aux sonorités cuivrées et à des rythmes presque dansants. Un qualificatif étonnant qui convient également à la gambadante Tokyo Jellybean, une pièce flirtant par moments avec la pop.

Dans 63 rue Leman, la créatrice pose un regard nostalgique sur de vieux amoureux, avec un piano que ne renierait pas Yann Tiersen. L’atmosphère planante et multicouche des Loups pastel rappelle Patrick Watson, alors que « Les aéronefs » possède la puissance des mélodies de Charles Aznavour et de Richard Desjardins.

Dotée d’un talent incomparable pour décrire l’amour et ses effets collatéraux, St-Pierre fait le récit d’une éternité interrompue dans Monoplace et s’approprie le récit désenchanté d’une amante cachée dans La Ballerine, une chanson qu’elle avait offerte à Brigitte Boisjoli et qu’elle reprend avec une délicatesse soutenue par la harpe. Un instrument qui prend des tonalités plus inquiétantes dans La dentellière et qui permet à L’éloge des dernières fois de se lover dans nos cœurs pour toujours.

Brodées autour du temps qui passe, des petits moments d’éternité qu’on refuse de voir s’étioler et de l’amour sous toutes ses formes, les dix chansons ne sont pas nécessairement liées à son nouveau rôle de mère, comme plusieurs l’anticipent. « Je n’ai pas l’impression que c’est l’album d’Ingrid et la maternité. Par contre, on entend le bonheur qui m’habite dans ma voix. La majorité des chansons ont été enregistrées alors que j’étais enceinte. Et comme j’ai accouché plus tôt que prévu, j’ai fini l’album deux semaines après. Durant cette période, mes hormones de maman entraient en ligne de compte. Il y avait peut-être un supplément d’âme dans ma voix et mon piano. »

Fidèle à son habitude, Ingrid a pris le temps de peaufiner les contours de chaque pièce, de tisser les ficelles de chaque mélodie et de peser le poids de chaque mot. « Jamais je n’écrirai quelque chose sur un bord de table en me disant que ça va passer pareil. Quand je m’assois pour créer, je dois avoir le sourire aux lèvres ou les larmes aux yeux. Il faut que je vive quelque chose et que ça brasse en dedans. »

Malgré son amour des mots, elle n’a pas hésité à inclure une chanson purement instrumentale (Lucie), comme elle l’avait fait sur son deuxième album (L’escapade). « C’est un clin d’œil à mon grand-père, le mari de ma grand-mère atteinte d’Alzheimer dont je parlais dans Ficelles. Quand j’étais toute petite, il nous racontait des histoires qui relataient les péripéties invraisemblables d’une certaine Lucie. Il inventait toutes sortes de patentes. J’ai composé la pièce en son honneur, juste avant la messe de ses funérailles, il y a quelques mois. Je ne voulais pas mettre de mots sur sa chanson, puisque ces mots lui appartiennent. »

Tournée à travers le Québec

Entre la fin janvier et la fin mai, la chanteuse visitera près d’une trentaine de villes avec son bébé et ses musiciens (harpiste, contrebassiste, bassiste, percussionniste, claviériste et spécialiste des cuivres). « J’ai tellement hâte! Après mon dernier spectacle, en août 2014, je me suis sentie mal pendant deux semaines. Il me manquait quelque chose : la scène, le thrill avant et après une représentation, la route, les horaires de fous quand on est toujours partis et qu’on passe de Moncton à Montréal à l’Abitibi. Ce genre d’adrénaline, c’est comme une drogue! »

L’album Tokyo est présentement en vente.

INOLTRE SU HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.