Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Une maman du 11e arrondissement a invité les enfants à dessiner leurs émotions (PHOTOS)

Une maman du 11e arrondissement a invité les enfants à dessiner leurs émotions (PHOTOS)
Marie S. Boivin

A défaut de mots, ce seront des dessins. Alors que le ministère de l'Education Nationale a adressé des conseils aux enseignants sur la façon d'aborder ce 13 novembre avec leurs élèves, certains parents ont décidé de prendre les devants. Dans le 11e arrondissement de Paris, une maman a invité tous les enfants de son quartier à venir dessiner leurs émotions.

"Il faut se battre, stop aux morts, guerre mondiale", des cœurs brisés, la Tour Eiffel que l'on redresse, des tombes mais aussi le dessin "Peace for Paris" de Jean Jullien, des soleils et des cœurs. Autant de dessins qui rendent compte des multiples ressentis des enfants au surlendemain des attentats, et qui surtout leur permettent d'exprimer l'inexprimable.

"J'étais avec deux de mes filles chez des amis quand on a appris la nouvelle. Et ce soir-là, il y avait des familles de l'immeuble qui étaient dehors avec leurs enfants, ils n'ont rien vu, mais ils ont entendu ce qu'il se passait, ils ont dû traverser le quartier pour rentrer chez eux, témoigne Kaoru Watanabe une résidente de la rue Charonne à l'origine de cette initiative. Les enfants de l'immeuble sont très proches, et je sentais qu'ils n'arrivaient pas exprimer ce qu'ils ressentaient, ils étaient stressés. Ma fille de 4 ans ne veut plus qu'on regarde la télé, par exemple."

Alors pour leur permettre de se libérer de ces émotions, Kaoru a eu recours à une technique qu'elle connait bien, l'"Art Therapy". "Je propose une sorte de médiation artistique, quand il y a des événements difficiles à gérer", explique la créatrice du site Ki-Wa, "Joie et Harmonie" en japonais. Une technique à laquelle elle a déjà eu recours au sein de l'immeuble et qui avait fait ses preuves.

Marie Sophie Boivin, une des mamans du quartier, y a tout de suite adhéré. "C'est ma fille aînée qui m'a dit que la maman d'une de ses amies organisait ça. Plutôt que de rester enfermé chacun chez soi, on a préféré tous les réunir pour qu'ils puissent dessiner, c'est quelque chose qu'ils font assez naturellement", nous explique-t-elle.

Kaoru a donc réuni neuf enfants dans son appartement, en mettant à leur disposition des crayons à huile. "Je leur ai proposé de dessiner individuellement ou en groupe et ils ont préféré travailler ensemble. Ils ont dit qu'ils avaient besoin d'être ensemble, raconte Kaoru. Il ont tous entre 4 et 13 ans, ils ne comprennent pas tout ce qui se passe, mais ils ressentent la peur ou la colère. C'est leur quartier, et ils sont très sensibles. Alors plutôt que de garder leurs émotions, et après développer une sorte de traumatisme, il vaut mieux qu'ils s'expriment, pour qu'ils puissent se reconstruire."

"Ma fille de 7 ans a dessiné une tombe, avec des gens qui pleurent mais aussi plein de bouquets de fleurs dessus. C'est sa façon de dire que quoiqu'il arrive, il y aura toujours de la joie, explique Marie Sophie Boivin. Les réactions des enfants dépendent beaucoup de leur âge. Un petit garçon de 12 ans a écrit 'guerre mondiale', et Violette, ma fille de 14 ans, est beaucoup plus touchée, elle réalise plus que sa petite sœur."

La fresque bariolée est toujours chez Kaoru, qui souhaite la proposer à la mairie du 11e. "Les enfants étaient très contents d'eux-mêmes, ils se sentaient fiers, unis. Ce sont des enfants, ils cherchent la paix, l'amour, ils ont besoin de vivre tranquillement."

Marie S. Boivin
Marie S. Boivin
Kaoru Watanabe
Kaoru Watanabe
Kaoru Watanabe
Kaoru Watanabe

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.