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Trudeau commence son premier séjour à l'étranger dans la foulée des attentats

Trudeau se met au travail dans la foulée des attentats

ANTALYA, Turquie - Le baptême de feu du premier ministre Justin Trudeau comme chef de gouvernement à l'étranger a commencé samedi, lorsqu'il est arrivé en Turquie pour le sommet du G20, au lendemain d'attentats meurtriers à Paris.

Les attaques coordonnées dans la capitale française qui ont fait au moins 129 morts, vendredi, vont vraisemblablement reléguer au second plan le programme économique de la rencontre _ et les enjeux sur la stimulation de la croissance économique et les investissements en infrastructures que voulait aborder M. Trudeau avec ses homologues des autres pays.

Le ministre des Finances, Bill Morneau, a affirmé samedi soir que cette modification de l'ordre du jour était tout à fait acceptable, en raison de la "terrible tragédie" à Paris et de la position de première ligne de la Turquie dans la crise des réfugiés.

"La discussion sur les réfugiés était déjà prévue au programme. La discussion sur le financement des activités terroristes devait déjà être au programme. Alors je crois nous passerons plus de temps à parler de ces sujets qu'on l'aurait fait autrement", a expliqué le ministre, qui accompagne le premier ministre pour le sommet.

Les événements ont aussi placé sous les projecteurs les politiques en matière d'affaires étrangère du gouvernement Trudeau liées à l'intervention contre le groupe armé État islamique et l'accueil massif de réfugiés au pays.

M. Trudeau risque d'être questionné par ses alliés _ dont les Américains _ sur son intention de mettre fin à la participation canadienne à la campagne de frappes aériennes contre le groupe extrémiste en Syrie et en Irak.

De plus, malgré ses promesses visant à accueillir 25 000 réfugiés syriens d'ici la fin de l'année et à verser 100 millions $ à l'agence onusienne pour les réfugiés, plusieurs autres pays membres du G20 demanderont au premier ministre d'en faire davantage sur ce front.

Le premier ministre n'a pas fait de déclaration en arrivant, samedi après-midi, à Antalya où se déroulera le sommet du G20, mais des représentants de son bureau qui ont parlé aux journalistes en soirée ont répété que le Canada mettrait fin à l'intervention aérienne pour se concentrer davantage sur la formation des troupes au sol.

Le gouvernement assure également que les réfugiés qui arriveront au Canada seront sélectionnés de façon "sécuritaire et responsable" pour éviter toute menace à la sécurité nationale, ont ajouté ces porte-parole, qui n'ont pas voulu être nommés.

Plus tôt cette semaine, Justin Trudeau avait dit que la décision concernant les réfugiés viendrait dans plusieurs jours, voire plusieurs semaines, et qu'elle serait prise "de façon responsable" et "en coordination avec les alliés (du Canada)".

M. Trudeau a été tenu informé des événements par la GRC et le Service canadien du renseignement de sécurité avant de quitter pour son séjour d'une semaine à l'étranger, selon un porte-parole de son bureau.

Avant d'embarquer à bord de son avion, vendredi soir, le premier ministre a indiqué qu'il s'assurerait que la sécurité des Canadiens soit préservée.

La première rencontre de M. Trudeau se tiendra dimanche, avec le président mexicain Enrique Pena Nieto. Lundi, il s'entretiendra avec le président chinois Xi Jinping et la chancelière allemande Angela Merkel.

M. Trudeau rencontrera lundi le président turc Recep Tayyip Edogan, dont le pays a lui-même accueilli plus de deux millions de réfugiés de la Syrie voisine.

La Turquie souhaite demander à ses partenaires du G20, dont le Canada, de l'aider à gérer l'afflux de migrants à sa frontière. "Nous parlerons de partager le fardeau du cas syrien. (...) Nous demandons à tout membre responsable de la communauté internationale, dont le Canada, (...) d'offrir plus d'aide bilatérale", a expliqué l'ambassadeur turc au Canada, Selcuk Unal, lors d'un récent entretien avec La Presse Canadienne.

Jusqu'à maintenant, la Turquie a dépensé 8 milliards $ pour faire face à la crise des réfugiés syriens, mais elle a reçu 471 millions $ en aide bilatérale, a-t-il précisé.

Le Canada n'a pas versé d'aide directe à la Turquie, mais il a contribué par des agences multilatérales, dont l'Organisations des Nations unies (ONU).

"L'accroissement de l'aide humanitaire est très importante pour la Turquie et pour tous les voisins de la Syrie", a ajouté M. Unal, citant entre autres la Jordanie et le Liban, qui ont eux aussi reçu plusieurs vagues de migrants.

L'organisme d'aide internationale Oxfam a aussi demandé aux dirigeants du G20 d'étendre leur action pour appuyer les pays qui doivent recevoir plusieurs réfugiés de la guerre syrienne.

"Les dirigeants doivent s'entendre pour fournir plus de fonds afin de combler les besoins des réfugiés qui sont réinstallés et de leur permettre un voyage sécuritaire et légal vers d'autres pays", a affirmé Steve Price-Thomas, d'Oxfam.

La Turquie croit à un règlement diplomatique à la guerre en Syrie, selon Selcuk Unal. "Nous croyons aussi que nous devons nous concentrer sur les sources du problème, soit l'enjeu du régime en Syrie", a-t-il soutenu.

La guerre civile syrienne, qui entame sa cinquième année, a forcé des millions de personnes à se réfugier dans les pays voisins et vers l'Europe.

Le président français François Hollande a annulé sa présence au sommet du G20 après avoir déclaré l'état d'urgence dans son pays.

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