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Donald Trump, le «clown» qui pourrait faire basculer l'élection présidentielle américaine de 2016

Donald Trump, le «clown» qui pourrait faire basculer la présidentielle américaine
avec AP

Personne ne l'a vu venir. Le 16 juin dernier, quand Donald Trump annonce sa candidature à l'investiture républicaine en vue de s’installer à la Maison Blanche en 2016, les supporteurs ne sont pas très nombreux sur place et ça ne se bouscule pas vraiment pour suivre la retransmission en direct sur internet.

Sur les réseaux sociaux, on se moque (plus ou moins) gentiment du discours outrancier du magnat de l'immobilier et les 11 autres candidats républicains en lice ne semblent pas se soucier un instant de ce nouvel adversaire dans la course à la présidentielle.

Six semaines plus tard, tout a changé. On ne parle plus que du milliardaire à la coupe de cheveux improbable qui a réussi à passer du statut d'outsider invisible dans les sondages au grand favori de la primaire républicaine qui récolte plus de 20% des intentions de vote, loin devant Jeb Bush et Scott Walker.

Politique spectacle

Cette ascension fulgurante, Donald Trump la doit avant tout au spectacle qu'il joue en meetings et devant les caméras: au diable les faits et place aux discours excessifs qui ne s'embarrassent pas du politiquement correct (voir notre compilation dans la vidéo ci-dessous).

"Lorsque le Mexique envoie des gens (aux États-Unis), il n'envoie pas ses meilleurs éléments [...] Il envoie des gens qui ont beaucoup de problèmes. Ils apportent de la drogue, ils apportent de la délinquance, ce sont des violeurs. Et certains, j'imagine, sont des gens bien".

Sa dernière sortie polémique en date, elle, était dirigée vers John McCain, ancien combattant et candidat à la présidentielle 2008. "Ce n'est pas un héros de guerre. C'est un héros de guerre parce qu'il a été capturé. J'aime les gens qui n'ont pas été capturés, désolé de vous le dire."

"Clown"

Au final, tout le monde en prend pour son grade avec Trump. Les candidats républicains, la favorite du camp démocrate – "la pire secrétaire d’État de l'histoire de notre pays" –, mais aussi les médias qui le voient souvent comme un "clown". Nos collègues américains du HuffPost ont d'ailleurs décidé de ne plus couvrir ses discours dans leur rubrique politique mais "aux côtés des histoires de la famille Kardashian" dans la rubrique divertissement.

"Donald Trump, enfin un candidat dont les cheveux intéressent plus de gens que les miens!", s'est amusée Hillary Clinton en réponse à cette politique spectacle, tout en prenant soin de dénoncer "la haine qu'il vomit sur les immigrés et leurs familles" et "le fait que ses collègues républicains ont mis plusieurs semaines à prendre position contre lui".

Du côté des humoristes aussi on saisit la perche tendue par Trump. Conan O’Brien avait notamment vu juste en s'amusant que la candidature du milliardaire et présentateur de l'émission de télé-réalité The Apprentice serait synonyme de "six semaines de comédie": jour après jour, les animateurs de talk shows s'en donnent à cœur joie.

Parmi eux, Jimmy Fallon, Jimmy Kimmel, Stephen Colbert, mais aussi Jon Stewart qui a systématiquement mis Trump en pièces pour ses déclarations controversées et autres phrases assassines.

Une bombe à retardement pour les républicains ?

Côté républicains, on a beaucoup moins envie de rire. L'indifférence des débuts a laissé place à l'exaspération et depuis peu à l'inquiétude. Fort de sa soudaine popularité, Trump fait maintenant partie des 10 candidats à la primaire les mieux placés dans les sondages qui participeront au premier débat le 6 août.

Quelle place va-t-il leur laisser? Comment feront-ils le poids avec leurs discours mesurés et très préparés? "Donald Trump prend l'oxygène de tout le monde, c'est dur d'attirer l'attention, d'avoir la moindre visibilité pour parler de sujets qui les intéresse," analysait il y a quelques jours sur NBC Stuart Rothenberg, fondateur de la lettre politique Rothenberg & Gonzales.

Trump pourrait-il finir dans le Bureau ovale en 2016? Personne n'y croit un instant. Si un sondage Washington Post/ABC News l'a placé en tête des candidats conservateurs, 61% des Américains y disent cependant qu'ils est hors de question de voter pour lui. Mais il pourrait par contre bouleverser l'élection présidentielle en affaiblissant fortement le camp républicain.

Donald Trump a en effet prévenu jeudi 23 juillet ses adversaires à la primaire que s'ils ne faisaient pas un effort pour mieux le traiter et lui apporter leur soutien, il pourrait se lancer dans une candidature indépendante.

Il deviendrait alors un électron libre qui financerait lui même sa campagne, grâce à un patrimoine qu'il a estimé à 10 milliards de dollars – mais qui n'atteindrait "que" 4,1 milliards selon Forbes –, et ses attaques très à droite pourraient faire perdre de nombreuses voix aux républicains et assurer ainsi une nette victoire à Hillary Clinton.

Comme vous pouvez le voir dans le graphique Washington Post/ABC News ci-dessus, les derniers sondages donnent une légère avance à la démocrate face au frère de George W. Bush (50% contre 44%) mais la place largement en tête si Trump venait à faire bande à part (46% Clinton, 30% Bush et 20% Trump).

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