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Prestations pour enfants : des annonces aux allures partisanes (VIDÉO)

PUGE : des annonces aux allures partisanes (VIDÉO)

Les parents canadiens commencent, dès aujourd'hui, à percevoir la Prestation universelle pour la garde d'enfants (PUGE), ce que souligne à grands traits le gouvernement Harper par un blitz de conférences de presse dans sept villes du pays.

De North Vancouver à Tignish en passant par Québec, des ministres et députés conservateurs rappellent aux quelque 4 millions de familles admissibles à ce programme son entrée en vigueur.

C'est le ministre de l'Emploi, Pierre Poilievre, qui a donné le coup d'envoi à cette campagne, à Halifax. Il a indiqué que près de 3 milliards de dollars avaient déjà été transférés aux familles qui se sont enregistrées, affirmant que cette mesure résultait du budget équilibré du gouvernement.

« Les parents peuvent dépenser l'argent de la manière dont ils veulent, incluant dans une garderie si c'est leur choix. »

— Pierre Poilievre

« Les libéraux et le NPD prendront tout cet argent pour le dépenser sur des grands programmes bureaucratiques qui n'apporteront aucune solution aux familles », a-t-il soutenu, rejetant la suggestion d'un programme national de garderies.

De passage à Fredericton, le chef libéral, Justin Trudeau, a rétorqué que son plan de prestation pour les enfants incluait un montant mensuel plus élevé et exempt d'impôt pour les familles qui en ont le plus besoin.

Le Nouveau Parti démocratique a de son côté répété qu'il maintiendrait ce programme s'il était élu.

Un T-shirt qui dérange

L'opposition critique les couleurs partisanes que revêtent ces annonces, déplorant notamment que le ministre Poilievre ait choisi d'afficher son appartenance politique lors d'un événement annoncé par le gouvernement et payé par les contribuables : le ministre portait un chandail arborant le logo du Parti conservateur.

Le porte-parole de l'opposition officielle pour le Conseil du Trésor, Mathieu Ravignat, a estimé qu'il s'agissait d'un geste inapproprié. Il y a un temps pour être un ministre, et un temps pour être un cheerleader pour son parti, a-t-il dit en substance.

« Cela brouille la frontière qui devrait exister entre le caractère partisan d'un événement et la fonction publique, et le besoin de celle-ci d'être objective. »

— Le député néo-démocrate Mathieu Ravignat

Le député libéral Adam Vaughan estime que cela constitue une violation claire des règles non partisanes édictées par le Conseil du Trésor.

« Vont-ils mettre le logo du Parti conservateur sur votre avis d'imposition » quand ils récupéreront les impôts prélevés sur ces prestations? a-t-il demandé avec sarcasme.

Hier, des internautes se moquaient déjà du ministre Poilievre pour avoir écrit sur Twitter qu'il ne restait qu'« un dodo avant Noël en juillet pour les mamans et les papas! »

Les députés conservateurs ont également envoyé de multiples tweets pour demander aux parents d'indiquer quand l'argent serait apparu dans leurs comptes bancaires.

Si l'opposition n'a pas manqué d'accuser les conservateurs d'électoralisme, certains analystes voient dans le blitz d'aujourd'hui le lancement non officiel de la campagne électorale.

Selon des chiffres compilés par La Presse Canadienne, ce programme avantagera d'ailleurs principalement les parents résidant dans des circonscriptions à tendance conservatrice. Les données tirées du dernier recensement démontrent que les plus gros montants seront alloués à des familles albertaines vivant en banlieue et à des familles vivant dans des circonscriptions en périphérie de Toronto, dans lesquelles s'annoncent des luttes serrées.

Des montants imposés

Dans son budget d'avril dernier, le gouvernement a augmenté la PUGE de 100 $ à 160 $ par enfant de moins de six ans, une mesure rétroactive au 1er janvier.

Autrefois réservée aux enfants de moins de six ans pour aider les parents à payer leurs frais de garde, l'allocation a de plus été étendue aux enfants de 6 à 17 ans, à raison d'un montant mensuel de 60 $ par enfant.

Si les versements ne commencent qu'en juillet, ils sont toutefois rétroactifs au 1er janvier. Certaines familles recevront pour ce premier mois jusqu'à 520 $ pour un enfant de moins de six ans et jusqu'à 420 $ pour les plus âgés.

La PUGE remplace le traditionnel crédit d'impôt pour enfant, qui accordait un crédit non remboursable de 2255 $ par enfant, qui se traduisait par un allégement fiscal d'environ 338 $ dans la déclaration de revenus. Les sommes versées sont maintenant imposables.

La population aura une « surprise »

En campagne active contre les conservateurs depuis le mois de mars, l'Alliance de la Fonction publique (AFPC) a accusé les conservateurs de vouloir berner les parents en omettant de préciser que les montants versés sont imposables.

« Ça paraît très électoraliste à quelques semaines des élections d'envoyer un chèque comme ça en disant : « Bravo! On est là pour vous, on veut vous soutenir », a déclaré la vice-présidente directrice régionale de l'AFPC-Québec, Magali Picard, lors d'un point de presse à Québec.

« Ce que la population doit savoir, c'est qu'elle aura une surprise lorsqu'elle fera sa déclaration de revenus, au printemps prochain. Les gens vont se rendre compte que ce montant-là est imposable et qu'ils ont perdu le crédit d'impôt pour enfant. »

— Manon Picard, de l'Alliance de la Fonction publique

Le syndicat estime que la bonification de la prestation, évaluée à 720 $ par enfant par année, n'atteindra que 157 $ par enfant pour 75 % des familles, une fois les impôts acquittés.

Environ 200 000 familles ne sont toujours pas enregistrées au programme, selon les derniers chiffres.

Le directeur parlementaire du budget Jean-Denis Fréchette croit que toutes les familles canadiennes profiteront des changements.

Mais ce ne sont pas nécessairement les moins nantis qui en retireront le plus d'avantages.

À titre d'exemple, un couple dans lequel chaque conjoint a un revenu de 140 000 $ par an aura 156 $ de plus qu'avant, soit à peu près la même somme (162 $) qu'une mère gagnant 50 000 $ et élevant son enfant seule, analyse Stéphane Leblanc, fiscaliste chez Ernst & Young.

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