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Un journaliste du Toronto Star se dit victime de censure et démissionne

Un journaliste du Toronto Star démissionne sur fond de controverse
Flickr: guuleed

TORONTO - Le journaliste canadien Paul Watson a offert sa démission au Toronto Star parce que le quotidien aurait refusé, selon lui, de publier un article "d'un intérêt public important" sur la découverte, l'an dernier, d'un navire de l'expédition de l'explorateur britannique John Franklin dans l'Arctique au 19e siècle.

Dans son blogue, M. Watson écrivait mardi que des fonctionnaires et des participants aux efforts de recherche des épaves accusent un membre de cette expédition de propager des "faits déformés et inexacts" sur la découverte.

Selon le reporter, prix Pullitzer de photojournalisme en 1994, cette personne aurait un accès au cabinet du premier ministre Stephen Harper _ mais aussi aux éditeurs du Toronto Star.

Un porte-parole du quotidien, Bob Hepburn, a simplement indiqué que le Star possède une longue tradition de publier toute information digne d'intérêt public, et qu'il ne supprimerait donc pas un tel article.

La Presse Canadienne appartient conjointement à Torstar, au Globe and Mail et au Groupe de communications Square Victoria, qui possède aussi le quotidien montréalais La Presse.

M. Watson soutient qu'il n'a pas le choix de démissionner du Star s'il veut poursuivre ses reportages sur l'expédition Franklin.

Dans un courriel interne envoyé mercredi aux employés du Toronto Star, l'éditeur John Cruickshank a nié les allégations de Paul Watson voulant que le cabinet du premier ministre Stephen Harper ait persuadé le quotidien de nuire au travail de son reporter.

M. Cruickshank a qualifié cette affirmation d'"extrêmement étrange" et a assuré qu'il n'y avait "aucune vérité dans cette insinuation". Il a ajouté que les démissions étaient gérées comme des dossiers internes, mais que le quotidien regrettait le départ soudain de M. Watson, ainsi que sa manière de "fournir de l'information inexacte concernant le rôle du Star dans sa décision".

C'est le premier ministre Harper lui-même qui avait annoncé avec grande fierté, l'an dernier, qu'une équipe de canadienne avait retrouvé l'épave de l'un des deux navires qui faisaient partie de l'expédition de Franklin. Ces navires étaient disparus en 1845 en tentant de découvrir le passage du Nord-Ouest, pour un accès arctique vers le Pacifique et l'Asie.

Quelques semaines plus tard, c'est aussi M. Harper qui avait dévoilé l'identité de l'épave retrouvée, le HMS Erebus.

L'Erebus et son compagnon, le HMS Terror, faisaient l'objet de recherches depuis le 19e siècle, mais on ne sait toujours pas ce qui est arrivé à l'équipage de l'expédition Franklin.

Les conservateurs ont fait de la souveraineté de l'Arctique un thème récurrent depuis leur arrivée au pouvoir en 2006. M. Harper estimait l'an dernier que les recherches pour retrouver l'expédition de Franklin faisaient partie des efforts du Canada pour affirmer son contrôle du Grand Nord canadien.

Paul Watson avait obtenu un prix Pullitzer en 1994 pour ses photographies-chocs montrant le cadavre d'un soldat américain traîné, nu, par des Somaliens dans les rues de Mogadiscio. Ces clichés, qui avaient horrifié les Américains, ont sans doute précipité ensuite le retrait de leurs Casques bleus déployés en Somalie.

Toujours pour le Star, il a aussi remporté quatre prix au Concours canadien de journalisme, et en a reçu un autre de l'Association canadienne des journalistes.

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