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Human Rights Watch dénonce l'impunité de généraux colombiens

Human Rights Watch dénonce l'impunité de généraux colombiens
PC/Fernando Vergara

Des dizaines d'officiers de l'armée colombienne qui ont trempé il y a dix ans dans le massacre de 3 000 civils faussement accusés d'être des rebelles n'ont jamais été punis et ont même continué à prendre du grade, a dénoncé mercredi Human Rights Watch (HRW).

Le rapport de 95 pages publié par l'organisation new-yorkaise de défense des droits de la personne brosse un des portraits les plus complets à ce jour des meurtres commis par l'armée colombienne (qui était appuyée par les États-Unis) et des procédures judiciaires entamées contre des militaires qui savaient que leurs promotions et primes dépendaient du nombre de rebelles tués, quitte à inclure des civils innocents dans le bilan.

Si plus de 800 soldats ont été condamnés en lien avec ces meurtres, il s'agit majoritairement de militaires de faible rang. Aucun officier responsable d'une brigade, ni personne plus haut dans la chaîne de commandement, n'a été mis en accusation.

Les meurtres ont été commis entre 2002 et 2008, alors que l'offensive militaire contre les Forces armées révolutionnaires de Colombie battait son plein.

Parmi les principaux officiers ciblés par Human Rights Watch, on retrouve deux des militaires les plus en vue de Colombie: le général Juan Pablo Rodriguez, qui dirige actuellement les forces armées, et le général Jaime Lasprilla, le commandant des forces terrestres.

Les deux hommes commandaient dans différents coins du pays des brigades qui ont été accusées d'avoir tué au moins 76 personnes.

« Les généraux vont s'en tirer », a dit à l'Associated Press le directeur de HRW pour les Amériques, Jose Miguel Vivanco.

Les politiciens de gauche ont réagi à la publication du rapport en réclamant une enquête complète. Le président Juan Manuel Santos s'est toutefois porté à la défense des deux officiers, en reprochant à HRW de chercher à salir leurs noms sans preuve.

Il a ajouté que le procureur général du pays avait confirmé mercredi aux deux généraux qu'ils ne font l'objet d'aucune enquête.

« Les coupables devraient être punis, mais ne venez pas ternir la réputation des forces armées », a dit le président Santos lors d'un discours prononcé à Bogota devant des commandants militaires.

Le procureur en chef Eduardo Montealegre a déclaré plus tôt cette année qu'une dizaine de généraux faisaient l'objet d'une enquête, mais aucune accusation n'a encore été déposée. HRW dit que le général Lasprilla ne fait pas partie du lot, contrairement au général Rodriguez.

HRW a affirmé que si les officiers supérieurs n'ont probablement pas participé directement aux meurtres, ils ont quand même autorisé les déplacements de troupes et les paiements effectués aux soldats et aux faux informateurs impliqués dans les tueries.

Le document de Human Rights Watch demande enfin une protection plus importante pour les témoins dont les récits pourraient menacer des officiers de l'armée.

Les massacres de Sabra et Chatila

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