Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

«Silent Night»: Les soldats écossais, français et allemands font la trêve à l'Opéra de Montréal (ENTREVUE)

Les soldats écossais, français et allemands font la trêve à l'Opéra de Montréal (ENTREVUE)
Minnesota Opera

Décembre 1914, quelques mois après l’éclatement de la Première Guerre mondiale, les soldats ennemis déclarent une trêve pour Noël. Obligés de souligner la mort du Christ dans les tranchées, Écossais, Français et Allemands mettent de côté leurs desseins meurtriers, en se souhaitant Joyeux Noël, Frohe Weihnachten et Merry Christmas. Ayant d’abord inspiré le film Joyeux Noël en 2005, cette histoire vraie a été transformée en opéra en 2011 et fera un arrêt dans la métropole sous le nom de Silent Night, du 16 au 23 mai prochain.

Grave et poignant, le récit s’attarde particulièrement aux lieutenants Audebert, Gordon et Horstmayer, ainsi qu’au couple formé par les chanteurs d’opéra Nikolaus Sprink et Anna Sörensen. Forte d’une distribution entièrement canadienne et presque exclusivement masculine, la production de l’Opéra de Montréal a confié le premier rôle féminin à la soprano Marianne Fiset, connue pour son interprétation de Mimi dans La Bohème.

Bien qu’elle se soit juré de ne pas revoir le film depuis qu’elle a obtenu le rôle il y a trois ans, la Québécoise sait que son personnage restera marqué à jamais par l’actrice qui lui a donné naissance. « Diane Kruger, bonjour la pression! Je sais ce qu’elle a fait, mais je n’ai pas envie d’imiter son personnage. Et je n’ai pas l’habitude de visionner les vidéos de celles qui ont interprété mes rôles avant moi. Dans le cas de Silent Night, seules deux chanteuses l’ont tenu, alors j’étais libre de faire ce que je voulais. »

Femme de tête

Fiset dit avoir approché son personnage d’abord par son langage. « Anna est une Danoise qui fait carrière comme chanteuse surtout en Allemagne, alors elle parle allemand durant presque tout l’opéra. Mon amoureux autrichien m’a beaucoup aidé à maîtriser les subtilités de l’accent et de la prononciation. »

Elle s’est ensuite attaquée à la personnalité peu commune de cette femme pour l’époque. « C’est une personne avec un caractère extrêmement fort! En situation de crise, tu as envie qu’elle soit ton amie. Elle n’hésite pas, elle prend des décisions et c’est un peu elle qui sauve la mise avec son copain Nikolaus. Elle a une belle sensibilité, mais beaucoup de front. Elle ne subit pas. »

Une force qui peut s’avérer périlleuse pour une chanteuse, sachant que la rigidité ne fait jamais bon ménage avec les airs d’opéras, qui exigent un mélange de souplesse et de tonus. « Il y a un passage en particulier qui m’a pris deux semaines à apprendre. Quand Anne revoit Nikolaus, après six mois de guerre, elle ne le reconnait plus. Elle est décontenancée, mais choisit tout de suite d’aller dans l’action. C’est une portion sans musique qui ne peut pas être jouée sans de réelles émotions. La façon dont certains pitchs sont écrits, il faut que ça veuille dire quelque chose, sinon on a l’impression de faire du solfège et ce ne serait pas intéressant. »

Opéra trilingue

Marianne Fiset se dit particulièrement emballée de prendre part à une production où le français, l’allemand et l’anglais se font entendre. « Je n’ai jamais vu un tel mélange des langues dans une partition et c’est extraordinaire! Les trois langues sont indissociables avec ce que l’on doit ressentir. L’allemand est un peu agressif, le français est plus coulant et mélodique, alors que les Écossais arrivent avec leur gros accent. C’est plein de richesse et de finesse. Ça crée des moments parfois si touchants que des choristes pleuraient parfois en répétitions. »

Le bagage artistique du metteur en scène Eric Simonson, réalisateur et scénariste, apporte un regard original sur la tradition opératique. « On voit souvent des hommes de théâtre diriger des opéras, mais c’est très rare que les réalisateurs fassent de même. On peut penser à Robert Lepage ou à François Girard, qui font les trois, mais ça demeure peu fréquent. Quand il nous dirige, Eric a un souci du détail dans le geste. Et il arrive à déplacer le point focal des spectateurs sur l’action, comme s’il réalisait un plan panoramique avec les déplacements du décor. Il possède une force esthétique qui a quelque chose de très cinématographique. »

Autre élément apprécié par la chanteuse : la possibilité de collaborer avec Michael Christie, le chef qui a créé l’œuvre pour l’Opéra de Minnesota avec le compositeur Kevin Putts. « Il est une grande référence sur la partition et il m’aide à savoir ce que le compositeur voulait dire, quand j’ai du mal à aborder certains éléments. On peut discuter et faire quelques changements avec la bénédiction du compositeur. C’est vraiment un plaisir. »

Silent Night sera présenté du 16 au 23 mai 2015. Cliquez ici pour plus de détails.

INOLTRE SU HUFFPOST

1- Le journal d’Anne Frank (Théâtre du Nouveau Monde – 13 janvier au 7 février)

25 pièces de théâtre à voir en 2015

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.