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Des dépenses qui explosent dans les villes du Québec

Les dépenses explosent dans les villes du Québec
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Les dépenses des municipalités québécoises ont augmenté deux fois plus rapidement que l'inflation de 2009 à 2013, selon une étude préparée par le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal.

Le palmarès révèle une hausse de près de 18 % cent en cinq ans, même si la situation est différence d'une ville à l'autre. La croissance des dépenses a ainsi surpassé celle du gouvernement du Québec et même celle observée en santé.

« Clairement, il y a un problème », estime le directeur du Centre sur la prospérité et la productivité de HEC Montréal, Robert Gagné. Il s'explique mal cette augmentation puisque les services municipaux, contrairement aux services en Santé, « ne sont pas sous pression ».

Près de la moitié de l'augmentation des dépenses municipales est attribuable à la hausse de la masse salariale, selon le palmarès de HEC. Et cette proportion grimpe à 60 % dans les villes de plus de 100 000 habitants.

Hausse de dépenses record à Montréal

Montréal est la ville dont les dépenses augmentent le plus au Québec. Plus des trois quarts de la croissance des dépenses de 2009 à 2013 sont attribuables à une augmentation de la rémunération de ses employés.

Le maire Denis Coderre souligne que l'étude ne tient pas compte, entre autres, de ce qui a été fait depuis son arrivée au pouvoir en novembre 2013 : le projet de loi sur les retraites des employés municipaux a été adopté et la Ville a présenté cette année un budget à la baisse par rapport à l'an dernier. Une première depuis au moins 30 ans.

« On a une administration qui justement coupe dans les dépenses. On a mis sur pied un bureau de la performance organisationnelle, il y a la question de la ville intelligente qui va justement avoir un impact direct sur les coûts, on a un plan quinquennal de main-d'oeuvre. On a 2000 postes qui ne seront pas comblés d'ici cinq ans

À Laval, le maire Marc Demers se félicite que sa ville soit sous la moyenne des coûts municipaux. « Pour moi, ce n'est pas inquiétant, estime-t-il. Et je souligne que si on prend la moyenne d'employés municipaux dans les 10 grandes villes du Québec, je devrais engager 700 nouveaux employés demain matin pour l'atteindre. »

Plus populeuses, plus coûteuses

L'étude de HEC montre par ailleurs que plus les villes sont populeuses, plus le poids de la masse salariale est important.

Une compilation effectuée en 2012 par Radio-Canada démontrait cette tendance dans 10 municipalités fusionnées en 2002. Les dépenses avaient augmenté, en moyenne, de 4,2 % par année entre 2002 et 2010.

Pas de surprises

La présidente de l'Union municipalités du Québec (UMQ) et mairesse de Sainte-Julie, Suzanne Roy, dit que le monde municipal n'a « pas eu de surprises » et qu'il cherche justement à trouver des solutions. Les villes, rappelle-t-elle, ont demandé à Québec de régler la question des fonds de pension déficitaires, qui a mené à la loi 15. Elles demandent aussi plus des outils pour changer le rapport de force lors des négociations avec leurs employés.

« Il faut aussi être conscient que chaque fois que le gouvernement émet de nouvelles normes, les dépenses augmentent. Par exemple, les modifications au programme de gestion des matières résiduelles, c'est près d'un milliard de dépenses chez les municipalités. » L'UMQ voudrait également que les villes soient exemptées de la TVQ. « Les municipalités taxent la taxe, et ça, c'est toujours l'argent des citoyens. »

Le ministre Moreau veut s'y attaquer

Le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, juge très préoccupante la hausse des dépenses des villes. Il refuse de parler de cibles à atteindre, mais il tient à ce que les villes « réduisent de façon importante la croissance de leurs dépenses ».

Selon lui, les municipalités ont tendance à « travailler sur la colonne des revenus », alors qu'elles devraient aussi oeuvrer à réduire leurs dépenses.

« Je vous le dis, cette année, on va s'attaquer de façon très importante à ce phénomène de l'augmentation des dépenses. »

— Pierre Moreau

Le ministre souligne que les petites et les grandes municipalités n'ont pas les mêmes problématiques. Pour les petites, l'enjeu est de financer des services avec une faible population, alors que pour les grosses villes, ce sont les coûts de la main-d'oeuvre et les relations de travail qui sont le noeud du problème.

Le palmarès des municipalités de HEC Montréal recense les coûts des services dispensés par 1100 municipalités et les analyses selon 33 indicateurs comme les coûts de gestion, déneigement, voirie, police, incendie, égouts, loisirs, eau potable, déchets et recyclage.

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