La Couronne croit que Mike Duffy s'est fait rembourser par le Sénat une note de 698 $ pour aller se magasiner un chien lors d'une compétition canine à Peterborough. Après une journée et demie d'argumentaire sur la recevabilité d'une preuve, les dépenses du sénateur déchu sont de nouveau au centre du procès.
Un texte de Daniel Thibeault
En juillet 2010, Mike Duffy inscrivait à son agenda une rencontre avec des dirigeants locaux de la région de Peterborough. Pour une nuit à hôtel, les indemnités de repas et de déplacements, il se fait rembourser par le Sénat 698 $.
La Couronne croit que le voyage lui a servi à magasiner un Terrier Kerry Blue, un chien de race originaire d'Irlande, lors d'une compétition canine qui se tenait à Peterborough la même fin de semaine.
Louise Lang est la secrétaire du « Club des Terrier Kerry Blue du Canada » et l'une des organisatrices du salon. Dans son témoignage livré au téléphone, elle a expliqué avoir été présentée à Mike Duffy par son mari, durant l'événement.
« Mon époux m'a dit qu'il voulait me présenter Mike Duffy. J'ai prix une pause et nous avons échangé quelques mots a-t-elle expliqué à la cour. Je crois qu'il a parlé qu'il avait un Kerry Blue et je lui ai suggéré de joindre notre club ».
Elle a indiqué ne pas avoir passé plus de quelques minutes avec le sénateur et ne peut pas affirmer si a bel et bien a acheté un chien lors de sa visite.
La défense affirme que le sénateur a plutôt acheté son animal en janvier 2010 chez une éleveuse du Nouveau-Brunswick. Cette dernière, qui était aussi à l'événement de Peterborough, pourrait également être appelée à la barre par la Couronne.
La défense veut faire déposer un apport
Avant de reprendre l'audition des témoins, le procès s'est attardé sur l'admissibilité en preuve d'un rapport du Sénat.
Le rapport de vérification interne adopté par le Sénat en 2010 fait état de règles souvent difficiles à comprendre et appliquées avec beaucoup de laxisme par l'administration de la chambre haute. La défense souhaite qu'il soit déposé en preuve pour appuyer la défense du sénateur.
Mike Duffy a plaidé non coupable à 31 chefs d'accusation de fraude d'abus de confiance et de corruption. Son avocat affirme que son client croyait suivre les règles, mais que ces dernières étaient difficiles à comprendre.
Son avocat Donald Bayne affirme que le rapport de vérification d'Ernst & Young, adopté par le Sénat pour 2009-2010, est un document public valide. Mark Holmes, le procureur de la Couronne maintient pour sa part que même si le document a été mandaté et adopté par le Sénat, il demeure le fruit du travail de la firme Ernst & Young, et qu'il est impossible de garantir la véracité de son contenu.
« Le problème, a-t-il indiqué au juge Charles Vaillancourt durant sa plaidoirie, c'est qu'on ne sait pas l'opinion de qui est exprimée dans ce document. On ne sait rien de leurs compétences, de leur expérience, on ne sait pas si des voix dissidentes ont été exprimées (...) on ne sait pas s'ils ont discuté avec qui que ce soit (pour rédiger le rapport). »
« Je ne sais pas comment on peut affirmer que ce rapport n'est pas pertinent », a répliqué Donald Bayne, l'avocat de Mike Duffy. « C'est un rapport de vérification du Sénat sur l'état de ses règles ».
On attend toujours le témoignage de Gerald Donohue
La défense réclame d'entendre le plus rapidement possible Gerald Donohue, l'ami du sénateur Mike Duffy à qui ce dernier a confié quelque 65 000$ en contrats. La police estime que le sénateur a utilisé les compagnies de son ami pour faire payer des factures qui auraient été jugées inacceptables par le Sénat.
L'état de santé de Gerald Donohue est cependant précaire et cela risque d'affecter son témoignage. La Couronne a déjà indiqué que ce dernier comparaitra par vidéo une demi-journée la fois qu'il lui faudra une pause entre chaque comparution.
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