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Le poulet canadien est-il plein d'antibiotiques?

Y a-t-il trop d'antibiotiques dans le poulet canadien?
Radio-Canada.ca

Les restaurants McDonald's des États-Unis ont annoncé récemment qu'ils n'achèteraient plus de poulet élevé avec des antibiotiques. Interrogé à ce sujet, leur équivalent canadien a répondu n'avoir pas encore décidé de changer son approche. Le poulet canadien est-il plein d'antibiotiques? L'épicerie a voulu savoir.

Un texte d'Alain Roy

L'utilisation des antibiotiques à des fins préventives dans l'alimentation des animaux d'élevage fait jaser. Bien que cette pratique optimise leur croissance, le problème ne réside pas dans le fait qu'on en mange, puisqu'on n'en trouve plus de trace dans la viande de consommation.

Des antibiotiques de plus en plus inefficaces

Le problème est plutôt que les bactéries naturellement présentes chez ces animaux deviennent résistantes à ces mêmes antibiotiques qu'on nous donne pour soigner des infections de gorge, urinaires ou E. coli. Par exemple, uniquement pour 2014, 50 000 personnes en sont mortes inutilement aux États Unis et dans l'Union européenne parce que les antibiotiques normalement administrés pour les combattre se sont avérés inefficaces.

Déjà en 2011, cette problématique avait été démontrée par L'épicerie. À l'époque, des analyses avaient décelé 90 bactéries dans 66 des 100 cuisses de poulet achetées dans des supermarchés de Vancouver, de Toronto et de Montréal. Pas moins de 62 d'entre elles étaient résistantes aux antibiotiques.

« La situation n'a pas changé. Les études démontrent que cette résistance a augmenté en termes de fréquence et de prévalence dans l'ensemble de la population. Si on ne fait rien, on pourrait perdre presque complètement en moins d'une génération la capacité de nos antibiotiques à traiter des infections. »

— Richard Marchand, microbiologiste et épidémiologiste à l'Institut de cardiologie de Montréal

C'est en raison de cette tendance sans équivoque que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé un cri d'alarme en 2013 et que le président américain Barack Obama a présenté en 2015 un plan d'action de 1,2 milliard de dollars pour combattre la résistance microbienne aux antibiotiques. L'objectif du président : diviser par deux leur consommation inappropriée d'ici 2020.

La situation au Canada

Malgré l'apparente inaction de l'industrie et du gouvernement de ce côté-ci de la frontière, les consommateurs canadiens ne sont pas en reste. Ils trouvent du porc élevé sans antibiotiques, de l'agneau sans antibiotiques et du boeuf sans antibiotiques. La chaîne de restauration rapide A&W en fait d'ailleurs un argument de marketing.

Pour le président des Rôtisseries Saint-Hubert, Jean-Pierre Léger, qui achète 11 millions de poulets par année, il en est autrement pour la volaille.

« Les éleveurs canadiens refusent d'en produire. Et comme c'est un cartel ici, je ne peux acheter ailleurs qu'au Canada, je n'ai pas le choix. »

— Jean-Pierre Léger

Le président des Éleveurs de volaille du Québec, Pierre-Luc Leblanc, réfute ces accusations. Il explique que l'antibiotique retiré aux États Unis, la gentamicine, n'est déjà plus administré au Canada.

« Donc on a déjà une étape de franchie et on travaille à franchir les prochaines au plus petit coût possible. On pourrait en éliminer davantage, mais c'est cette question de coût qu'il [Jean-Pierre Léger] ne veut pas avoir à payer. »

— Pierre-Luc Leblanc

La voix du consommateur

Quoi qu'il en soit, on est encore loin de voir disparaître complètement l'usage des antibiotiques dans l'alimentation animale, ce qui représente 80 % des antibiotiques qu'on utilise sur la planète. Faute de plus de volonté politique comme d'audace de l'industrie, c'est au consommateur de faire pression.

« Est-ce qu'on peut, comme consommateur, dire : "moi je veux un poulet sans antibiotiques?" Ça veut dire que je vais payer 30 cents de plus mon kilo de poulet. Je crois que c'est le prix à payer pour assurer la sécurité de l'avenir. »

— Richard Marchand

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