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Bains au noir dans les CHSLD: «Ça va arrêter», dit Barrette (VIDÉO)

CHSLD: Gaétan Barrette assure qu'il n'y aura plus de bains au noir

La pratique des bains supplémentaires donnés au noir dans des centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD) va cesser dès aujourd'hui, assure le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette.

« Ça va arrêter. Il va y avoir des directives qui vont partir aujourd'hui dans le réseau », a-t-il déclaré jeudi matin dans une entrevue accordée à l'émission C'est pas trop tôt, sur les ondes d'ICI Première.

La Coalition avenir Québec a révélé mercredi à l'Assemblée nationale que des préposés aux bénéficiaires de CHSLD des Laurentides se font payer au noir pour offrir un deuxième bain par semaine à certains aînés.

Selon le ministre Barrette, cette pratique pose deux problèmes : d'une part, les employés qui offrent ces services travaillent au noir, ce qui est illégal; d'autre part, ces employés se trouvent dans une situation de conflit d'intérêts.

Ces employés, précise-t-il, « pourraient être tentés de ne pas donner des soins le jour pour être payés le soir ».

« Ce qui est tout à fait reprochable, c'est le travail au noir, et l'évident conflit d'intérêts dans le contexte où les soins de base sont donnés. » — Gaétan Barrette, ministre de la Santé

Gaétan Barrette déplore que cette situation se soit développée « malheureusement au su et au vu » des dirigeants du réseau. « C'est ça qui est le plus reprochable », affirme-t-il.

Un problème qui n'est pas circonscrit aux Laurentides

Il a d'ailleurs fait savoir en entrevue qu'après vérification, cette situation ne se produisait pas que dans les CHSLD des Laurentides. « Non seulement c'est vrai là, mais c'est vrai ailleurs aussi », a-t-il laissé tomber, sans donner plus de détails.

M. Barrette dit comprendre les patients qui sont attirés par cette offre illégitime, mais assure qu'elle n'a pas sa raison d'être. Selon lui, les CHSLD sont en mesure de donner tous les soins d'hygiène de base requis.

« L'hygiène personnelle, ça n'exige pas d'avoir un bain tous les jours pour personne », ajoute-t-il cependant. Il rappelle du même souffle que le personnel des CHSLD est aussi formé pour offrir des soins « complets et adéquats à des patients dans un lit ».

Le réseau de la santé dispose d'assez d'argent pour offrir ces soins, estime-t-il, mais « l'application de ça n'est pas optimale ».

« Comme État, notre responsabilité, c'est de donner un environnement adéquat aux personnes résidentes dans ces CHSLD, et cet environnement-là doit prévoir les soins de base, dont les soins d'hygiène. » — Gaétan Barrette, ministre de la Santé

Il souligne que les usagers du réseau peuvent bel et bien recourir à des services payants, comme ceux d'une coiffeuse, par exemple. Mais ces services sont « autorisés et réglementés », ce qui n'est pas le cas pour les bains.

Barrette salue le travail des comités d'usagers

Le ministre Barrette s'est dit « très heureux » que les regroupements des comités d'usagers aient signalé la situation à la commissaire régionale aux plaintes. « C'est à ça qu'ils servent », a-t-il noté.

Selon le député de la CAQ François Paradis, qui a révélé l'histoire mercredi, la commissaire a conclu que « le travail en dessous de la table effectué par des préposés en vue d'offrir un deuxième bain est inacceptable en raison des abus financiers, du travail au noir, et que la qualité des services n'est pas assurée ».

Dans la lettre qu'elle a envoyée à l'Agence de la santé des Laurentides le 19 mars dernier, elle invitait en outre les établissements concernés à « trouver des alternatives possibles à l'offre de services pour les soins d'hygiène afin de répondre aux besoins des résidents ».

La commissaire aux plaintes signalait qu'il est « étonnant que les directeurs soient bien au fait de ces pratiques et qu'ils endossent d'ailleurs la pratique, pour la plupart d'entre eux ».

En entrevue à l'émission Le 15-18, mercredi, le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, avait dénoncé ce marchandage, sans être surpris pour autant par ces révélations.

« Je suis obligé de vous dire que je ne suis pas étonné, parce que ce genre de marché existe pour d'autres services, toujours au su de l'administration », a-t-il affirmé. « Ce n'est pas plus excusable, il faut le dénoncer », a-t-il ajouté, en soulignant l'impact des compressions dans le réseau de la santé.

La réaction de Gaétan Barrette mercredi:

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