Le Festival canadien des tulipes commence dans un mois, mais il fait déjà réagir. Une thématique militaire sera omniprésente cette année, pour souligner le 70e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Par exemple, au parc de la reine Juliana, un campement de la Seconde Guerre mondiale sera ainsi érigé, avec des véhicules militaires d'époque et des reconstitutions historiques.
Selon l'historien Roger Blanchette, de tels éléments n'ont pas leur place au Festival des tulipes.
« Qu'est-ce qu'il y a de plus significatif que la paix, les fleurs? Et là, on récupère ça d'une certaine façon pour idéaliser la guerre », estime-t-il.
M. Blanchette rappelle toutefois que le passé du festival est lié à la Deuxième Guerre mondiale.
La famille royale néerlandaise a en effet trouvé refuge au Canada pendant l'occupation nazie. En guise de remerciement, des bulbes de tulipes ont été envoyés au Canada et la tradition se poursuit depuis.
Roger Blanchette croit cependant qu'on pourrait souligner la fin du conflit mondial autrement.
« Célébrer la paix d'une façon ou d'une autre, oui, ça serait bien. Mais qu'on se serve de ça, encore une fois, pour utiliser l'aspect militaire, par exemple une exposition de véhicules militaires, des choses comme ça, ça me dérange », soutient-il.
La professeure à l'École d'études politiques à l'Université d'Ottawa, Dalie Giroux, renchérit.
« D'une certaine manière, on fait glisser le sens un peu. Les tulipes, maintenant, ce n'est plus la naissance de la fille de la princesse et les bulbes qu'on a reçus en cadeau à cette occasion-là. C'est aussi la Deuxième Guerre mondiale, c'est aussi les vétérans canadiens », souligne-t-elle.
« Mon premier réflexe, ça été de me dire : "Ils n'en manquent pas une." » — Françoise Boivin, députée de Gatineau, NPD
Pour la députée de Gatineau, Françoise Boivin, le gouvernement conservateur saisit toutes les occasions pour valoriser le patrimoine militaire du Canada.
« Je suis sûre qu'il y a quelqu'un qui est payé dans l'organisation conservatrice juste pour essayer de cibler les moments historiques à saveur militaire, juste pour essayer d'inscrire tout ça dans la mouvance conservatrice un peu guerrière », avance-t-elle.
En ce lundi de Pâques, personne du Festival canadien des tulipes n'a répondu à nos demandes d'entrevues.
Une présence militaire critiquée par le passé
Depuis quelques années, des événements à saveur militaire ne font pas l'unanimité à Ottawa. En novembre dernier, une activité d'initiation au maniement d'armes pour les enfants avait été critiquée.
En 2012, le NPD avait dénoncé l'organisation d'activités au Bal de neige portant sur les conflits auxquels le Canada avait participé, dont la Guerre de 1812. Des manifestants avaient même dénoncé ce qu'ils appelaient « une militarisation de l'événement ».
D'après le reportage du journaliste Louis Blouin
Une sculpture en bronze sera dévoilée au Centre des congrès d'Ottawa en mai, représentant la princesse néerlandaise Margriet, bébé, avec sa mère, la princesse Juliana, entourées de tulipes. Une présentation audiovisuelle rappellera le rôle du Canada dans la libération de l'Europe et du peuple néerlandais, à la fin de la Seconde Guerre mondiale.