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«Vedette Inc.» à Canal Vie : artistes en affaires

«Vedette Inc.» à Canal Vie : artistes en affaires
Courtoisie Canal Vie

Ce n’est pas parce qu’on a un tempérament d’artiste qu’on ne peut pas jongler avec les chiffres et brasser des affaires. La série documentaire Vedette Inc., que Canal Vie diffusera à compter de lundi, s’intéresse à ces chanteurs et comédiens qui ont bâti leur entreprise en partant de rien et qui manient avec succès les colonnes de chiffres, tout en composant avec leur image publique.

Chacun des quatre épisodes d’une heure raconte le cheminement d’une personnalité en particulier. Vedette Inc. est une production de KOTV et constitue une sorte de suite à Véro Inc., le docu-feuilleton concentré sur la vie et la carrière de Véronique Cloutier, que Canal Vie présentait à l’automne 2013. Cette fois, on suit Marilou, Caroline Néron, Mario Pelchat et Mahée Paiement. La réalisatrice Marie-Julie Parent, qui était aussi derrière la caméra de Marina, le rendez-vous de tête-à-tête de Marina Orsini, l’automne dernier, signe les portraits, dont la facture est en tous points identique à Véro Inc : même musique, mêmes témoignages de proches et de spécialistes de l’image, même incursion dans le quotidien des artistes, etc.

Trois fois par jour

La première édition de Vedette Inc. se consacre à Marilou et son amoureux, Alexandre Champagne, dont le site culinaire Trois fois par jour (troisfoisparjour.com) est devenu une référence incontournable dans le domaine, moins de deux ans après son lancement.

Rien ne laissait pourtant croire que Marilou se distinguerait aux fourneaux lorsque, à 13 ans, elle parafait un contrat de 14 albums avec la multinationale Sony, qu’elle se produisait à La fureur de Céline Dion au Centre Bell devant des milliers de spectateurs et que son tube Je serai là pour toi, un duo avec Gino Quilico, tournait plusieurs fois par jour à la radio.

Mais, à un certain moment, la jeune femme, qui a souffert de troubles alimentaires à l’adolescence, en a eu assez du showbiz et de ses artifices. Elle prenait déjà un plaisir fou à concevoir de bons petits plats que son copain Alexandre, jusque-là connu comme chroniqueur et humoriste, tête d’affiche de la web-série Contrat d’gars, photographiait. Tous deux passionnés par ce passe-temps, ils ont vu là un filon à exploiter.

Un peu naïvement, sans attentes précises, les jeunes tourtereaux ont investi leur argent personnel dans Trois fois par jour, histoire d’aller au bout de leur passion et d’être leurs propres patrons. «Disons qu’on n’avait pas de plan d’affaires en partant ça», ricane Marilou dans Vedette Inc.

Ils rentabilisent maintenant leur contenu en vendant de la publicité sur leur portail et grâce à leur boutique d’accessoires en ligne. Sitôt ouverte, celle-ci a été prise d’assaut par la clientèle, et 80% de leur inventaire avait trouvé preneur en moins de quatre heures. Le premier livre de recettes Trois fois par jour s’est aussi écoulé comme des petits pains chauds à sa sortie en magasin, avant les Fêtes. Marilou et Alexandre sont parvenus à fidéliser un très large public qui interagit énormément avec eux sur les réseaux sociaux, et ce, même s’ils ne se perçoivent nullement comme une compétition pour les Ricardo et Josée DiStasio de ce monde.

«On est là pour offrir des idées de plus», souligne Alexandre.

Quant à un éventuel retour à la chanson, Marilou ne ferme pas définitivement la porte, mais laisse entendre que les choses devront être faites à sa manière si elle se décide un jour à reprendre le micro. Sa mère exprime d’ailleurs son souhait de ne pas la voir sacrifier à tout jamais ce don qu’elle possède de faire vibrer les coeurs avec sa voix.

Vins, parfums et bijoux

Le chapitre sur Mario Pelchat explique comment l’auteur-compositeur et sa conjointe, Claire Lemaître-Auger, sont devenus viticulteurs. Ils espèrent être en mesure de tirer un premier vin blanc de leur vignoble de Saint-Joseph-du-Lac en 2017, puis un rouge en 2018. On traite aussi du rôle de producteur de Mario et du deuxième mariage du couple, sur un bateau, en septembre dernier. Mario Pelchat lançait alors son plus récent album et avait invité le public à festoyer avec lui. Au cours de la soirée, alors que personne ne s’y attendait, il a annoncé qu’il repassait sur-le-champ la bague au doigt de sa conjointe. Celle-ci a fait irruption vêtue d’une robe de mariée, et Mario et Claire ont renouvelé leurs vœux sous les yeux mouillés des admiratrices du chanteur.

Pour Mahée Paiement, l’idée de concevoir un parfum arborant son nom était un fantasme avoué depuis l’âge de 14 ans. Fascinée depuis toujours par les «petits pots de crème», les produits de beauté, celle qu’on a découverte dans le mignon Bach et Bottine a été happée par le roman Le parfum, de Patrick Süskind, à l’adolescence. Son rêve a pris forme lorsqu’elle a rencontré l’homme de sa vie, Jean-François Comeau. Un an plus tard, ils fondaient leur compagnie en y mettant tout ce qu’ils possédaient et en empruntant à gauche et à droite. La première fragrance Mahée apparaissait sur le marché en 2009 et, depuis, une gamme de sacs à main s’est greffée à l’offre initiale de la compagnie. Mahée Paiement reconnaît sans timidité qu’elle a dû se forger une crédibilité dans le milieu des affaires et aux yeux du public, également, car les gens ont parfois du mal à tracer la différence entre un artiste qui crée une compagnie et un autre qui est porte-parole. Elle parle aussi du défi de concilier son boulot avec ses responsabilités de maman de la petite Eva, trois ans. Aujourd’hui enceinte de son deuxième enfant, un garçon qui devrait voir le jour dans un mois, Mahée ne cache pas qu’elle aimerait qu’on fasse davantage appel à ses talents de comédienne, même si sa PME la tient très occupée.

Enfin, l’épopée de Caroline Néron et sa collection de bijoux valait largement la peine qu’on y consacre un volet de Vedette Inc. Consciente que sa carrière de comédienne et de chanteuse, qui se portait très bien jusque-là, pouvait vaciller à tout moment, Caroline souhaitait s’assurer de ne pas être constamment à la merci des producteurs et des réalisateurs. Elle a joué le tout pour le tout en 2004, en empruntant 10 000$ à son amoureux de l’époque, le chanteur Pascal Dufour – elle lui a remis la somme au bout d’un an – pour fabriquer ses premiers bijoux. Au début, elle avait établi son atelier dans sa cuisine et entreposait son matériel dans ses armoires.

Sans associé(e), sans mentor, sans «personne pour lui tenir la main», Caroline Néron a dû, à l’instar de Mahée Paiement, prouver qu’elle était apte à mener sa barque toute seule. Elle a appris à la dure, notamment lorsqu’elle a tenté sa première percée en Europe ; du 300 000$ de prêt reçu pour le développement international de Néron Inc., elle a perdu 100 000$ en un an. Elle avoue sans ambages qu’elle n’y connaissait alors rien. Maintenant, ses bijoux sont répertoriés dans 80 points de vente en Europe et en Asie, et même aux Galeries Lafayette, à Paris. Ambitieuse, elle vise maintenant à exporter ses créations aux États-Unis et en Chine.

Contrairement à Mahée, Caroline Néron ne ressent plus tellement l’appel du jeu et, si elle revient un jour devant la caméra, ce sera parce qu’on lui aura offert le personnage de ses rêves, ou alors qu’elle produira elle-même le projet. Mais le téléphone ne sonne plus beaucoup pour Caroline la comédienne. «Me lever à quatre heures du matin (pour un tournage), ça m’écoeure», lance-t-elle avec conviction.

Il n’a pas été indiqué si Vedette Inc. aura une deuxième saison, mais on imagine qu’il y aurait encore beaucoup à dire sur la conciliation arts – affaires, qu’on pense à ces autres visages connus qui possèdent des lignes de vêtements et d’accessoires à leur nom (Jean Airoldi, Véronique Bannon, Geneviève Borne, etc.), des gyms ou centres d’amusement physique de toutes sortes (Mariloup Wolfe, Guillaume Lemay-Thivierge, etc.), des boutiques alimentaires (Ricardo, Gino Chouinard) ou des restaurants (Sébastien Benoît, Jeff Stinco, Benoît Gagnon, Guy A.Lepage et Chantal Fontaine, etc.)

Vedette Inc., le lundi, à 19h, du 6 au 27 avril, à Canal Vie.

«Vedette Inc.» à Canal Vie

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