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«Pour Sonia»: le court-métrage qui veut vous faire écouter et sentir le cinéma comme les aveugles

Un court-métrage pour comprendre comment les aveugles ressentent le cinéma

"C’est l’histoire de Sonia, l’histoire d’un combat pour un rêve". Et cette histoire a été projetée pour la première fois le mercredi 4 mars, à la fin du délai imparti pour la réception des courts-métrages participant au Notodofilm Festival. Son réalisateur, Sergio Milán, avait envoyé son travail in extremis: le court-métrage Pour Sonia. Deux jours plus tard, celui-ci a déjà été partagé par milliers sur Twitter et apparaît sur de plus en plus de murs Facebook.

L’histoire de Sonia, c’est l’histoire d’une jeune femme qui "a toujours voulu faire partie du monde du cinéma et qui, même si elle n’a jamais vu les visages des acteurs, voulait être des leurs". Car Sonia est une actrice aveugle, qui a su surmonter son handicap et se faire une place dans le monde de l’interprétation théâtrale. Elle a travaillé sur des classiques comme Noces de sang, de García Lorca, ou la comédie musicale Quisiera ser (Je voudrais être).

Pour Sonia retrace l’histoire des grands succès du cinéma et de la télévision au travers des personnages de films célèbres et de séries tout aussi connues. Cela commence avec Cinema Paradiso, puis l’on poursuit avec La belle et la bête en passant par Harry Potter, Family guy, Dirty Dancing, X Files, Pretty Woman, Titanic, Piège de cristal et Pulp Fiction, avant d’arriver aux Evadés.

Tous les personnages (ou en l’occurrence les doubleurs espagnols) s’adressent directement à Sonia, qui parcourt la scène grâce à une voix off chargée de décrire les mouvements se produisant aux alentours, des mouvements dont elle n’a d’abord pas conscience. Cette voix, c’est le principe de l’audiodescription destinée aux aveugles, un outil servant à décrire toute l’information visuelle des scènes quand le dialogue s’arrête. Le réalisateur du court-métrage a voulu lui rendre hommage dans son travail.

L'expérience de l'audiodescritption

"Tout devient clair à la fin quand le spectateur découvre que la voix qui décrit le processus est celle de Sonia. C’est elle qui décrit tous ses mouvements. On pense qu’elle ne parle pas pendant le film, mais en réalité elle est présente du début à la fin", indique Sergio Milán dans une interview accordée au Huffington Post espagnol. Elle narre son histoire sans savoir que les images sont déjà là et qu’elle en est la protagoniste. La situation devient évidente quand à la fin elle demande au technicien qui l’accompagne s’il est normal qu’on enregistre l’audiodescription avant d'avoir joué les scènes.

Pour Sonia doit son titre à sa protagoniste, même si bien avant de faire la connaissance de l’actrice, le réalisateur Sergio Milan avait déjà l'idée bien en tête. "L’idée m’a d’abord traversé l’esprit. Puis j’ai rencontré Sonia et nous nous sommes lancés dans le projet", dit-il. "Il me semblait évident qu’une actrice faisant semblant d’être aveugle ne ferait pas l’affaire, c’est alors que Sonia est apparue dans ma vie et que nous avons pu lancer le projet".

L’idée est née un jour où Sergio a visionné à la télévision un film avec audiodescription. "J’entendais la voix off et je ne comprenais rien. J’ai ensuite compris de quoi il s’agissait et, pour l’expérience, j’ai regardé plusieurs films en prenant la place d’un aveugle", poursuit-il. Le premier film qu’il a visionné de cette manière était Piège de cristal, un véritable déclic pour la naissance de son court-métrage à succès.

Sergio Millán fait déjà figure de vétéran au Notodofilm, même s’il avoue être ébahi par l’accueil qu’a rencontré son court-métrage. "Je me suis présenté à de nombreuses reprises et j’ai été finaliste deux fois. Une fois avec Vagón 9/ Acto Primero et la seconde fois avec Socialmente muertos", indique-t-il. Il refuse pour le moment d'aborder le futur, car le fait qu’on parle de son film est pour lui déjà un succès.

Cet article, publié à l’origine sur le Huffington Post espagnol, a été traduit par Matthieu Carlier.

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