Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Laïcité: le passé saoudien de Couillard remis en question

Couillard est «imprégné» des valeurs saoudiennes, dit le PQ

SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU - Le passé saoudien de Philippe Couillard l'empêche d'agir dans le dossier de la laïcité et de l'intégrisme, clame le PQ.

«Il semble très imprégné de ces valeurs, de cette réalité. [...] On lui demande de ne pas importer cette réalité ici», a dit le chef intérimaire du parti, Stéphane Bédard, en clôture du caucus présessionnel du PQ jeudi.

«Il a été sensibilisé à ces valeurs au moment où il travaillait, a-t-il ajouté. Il a très bien expliqué ces liens qui existaient avec les familles dirigeantes.»

MISE À JOUR

Plus tard en soirée, M. Bédard a voulu par communiqué «préciser le sens des propos qu'il a tenus». Il a dit avoir cherché surtout à comprendre l'inaction et le «malaise évident» du premier ministre lorsqu'il est question de laïcité et de lutte contre l'intégrisme. «En aucun cas, le chef de l'opposition officielle n'a souhaité laisser entendre que le premier ministre désire implanter au Québec différentes pratiques qui bafouent les droits humains et qui ont cours, en ce moment, en Arabie saoudite», a indiqué le bureau de M. Bédard. - La Presse canadienne

Philippe Couillard a travaillé comme médecin en Arabie saoudite de 1992 à 1996, où il a cofondé le Service de neurochirurgie de Dhahran. Il a également été membre du conseil consultatif international mis sur pied par le ministre de la Santé d'Arabie Saoudite.

Stéphane Bédard voulait dénoncer les hésitations de Philippe Couillard à légiférer sur la laïcité. «À chaque occasion, ce n'est pas le bon moment», dit-il. Pour le chef péquiste, ce refus d'agir s'explique par son séjour en Arabie Saoudite.

Le gouvernement Couillard tergiverse depuis une semaine sur le dépôt d'un projet de loi sur la laïcité et la lutte à l'intégrisme. Hier, le premier ministre a finalement affirmé que le dépôt d'un projet de loi au cours de la prochaine session parlementaire n'est «pas exclu».

Le porte-parole du premier ministre, Harold Fortin, a rapidement réagi aux propos de Stéphane Bédard. «Lorsque l'on attaque une personne au lieu des idées, c'est un signe de faiblesse et un manque de jugement. Ce qui différencie le premier ministre des gens qui ont fait ces commentaires, c'est qu'il respecte les gens et critiquent les idées», a-t-il affirmé par courriel.

Nombreuses attaques

Plusieurs candidats à la chefferie du PQ ont aussi tracé un lien entre Philippe Couillard et le régime saoudien jeudi matin.

Alexandre Cloutier s'est demandé si son séjour dans ce régime autoritaire explique son hésitation à légiférer sur la laïcité. «Est-ce que c'est parce qu'il est endormi, lui étant habitué à voir des situations qui sont tout à fait déplorables dans une perspective nord-américaine, mais surtout dans une perspective des droits de la personne», s'est-il questionné.

Bernard Drainville a abondé dans le même sens. «Y'a-tu des affaires de pas réglées avec l'Arabie Saoudite, Philippe Couillard? Je ne le sais pas, mais visiblement il a de la misère à composer avec ça», dit-il.

«À cause de son passé en Arabie Saoudite, il devrait très bien comprendre pourquoi ça prend une société où les femmes sont l'égale des hommes, a-t-il ajouté. Je pense qu'il devrait très, très bien comprendre jusqu'où on peut mener l'intégrisme, l'extrémisme religieux; il a pu l'observer.»

Bernard Drainville appelle d'ailleurs au boycottage de l'Arabie Saoudite en raison de la peine imposée à Raif Badawi.

Le blogueur saoudien, dont la femme et les enfants vivent à Sherbrooke, a été condamné par les autorités saoudiennes à 10 ans de prison et à recevoir 1000 coups de fouet parce qu'il a défendu les valeurs libérales et fait la promotion de la liberté de religion.

Pour sa part, Jean-François Lisée espère que le premier ministre profitera de son passage au Forum économique mondial de Davos pour exiger le rapatriement au Québec de Raif Badawi. Le prince saoudien Turki al-Faisal assistera au forum de Davos.

«Ce serait incroyable que le premier ministre du Québec soit dans un périmètre d'un kilomètre avec un représentant de l'autorité saoudienne et n'essaie pas de la rencontre pour lui en parler», a lancé Jean-François Lisée, fraîchement de retour de Paris.

Pierre Karl Péladeau, lui, ne croit pas que l'intervention du premier ministre aurait un impact. Les relations diplomatiques demeurent de compétence fédérale, rappelle-t-il. «[Philippe Couillard] n'a pas de pouvoir, dit PKP. Il peut toujours le faire, mais comme chacun des citoyens peut le faire dans l'humanité.»

Avec La Presse Canadienne

INOLTRE SU HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.