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Du jus d'orange naturel... pas si naturel

Pas si frais, le jus d'orange «naturel»
Radio-Canada

On trouve des dizaines de marques de jus d'orange frais sur le marché. Ils ne sont cependant pas aussi frais et aussi naturels que ce que laissent croire leurs emballages. Souvent, on leur a même donné un petit « lifting » pour qu'ils goûtent et sentent plus frais.

Un texte d'Alain Roy de L'épicerie

Les Canadiens dépensent 500 millions de dollars chaque année en jus d'orange. Pour arriver à nous offrir un jus ayant le même goût chaque matin de l'année, l'industrie joue un peu avec la nature.

Aux Industries Lassonde, qui fabriquent la marque Oasis, on s'approvisionne principalement au Brésil. Les oranges sont pressées sur place, le jus est pasteurisé puis transporté par bateau et par camion jusqu'à leurs installations de Rougemont. Le jus y est mis dans des réservoirs stériles en attendant son emballage.

La pasteurisation, l'entreposage et le temps font malheureusement perdre au jus d'orange son goût pétillant et sucré d'agrume. Au moment de mettre en cartons, le jus pressé depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, subit une cure de rajeunissement grâce à l'ajout d'essence d'orange composée entre autres de butanoate d'éthyle.

« Ce sont des arômes qui viennent du fruit, qui sont partie prenante du fruit », précise Solange Doré, vice-présidente en recherche et développement pour la marque Oasis. « On les a perdus, on les récupère et on les remet. Dans le jargon, on appelle ça des « add back ». Ce n'est pas un ajout d'arômes synthétiques, c'est un arôme naturel qu'on remet. »

Le butanoate d'éthyle est récupéré au moment du pressage. On concentre les résidus de pulpe et de pelure pour faire de l'essence d'orange, selon le même procédé breveté que celui utilisé en parfumerie.

Ce « lifting » que l'on fait au jus d'orange en lui remettant du butanoate d'éthyle irrite nos voisins états-uniens. À tel point qu'ils intentent des recours collectifs contre Coca-Cola et Pepsico pour leurs jus respectifs : Tropicana, Simply Orange et Minute Maid.

Des procès qui intéressent François Lebeau, avocat spécialisé en droit de la consommation. « L'ingrédient ajouté fait partie de l'orange. Si on le rajoute dans les mêmes concentrations que l'orange naturelle, il n'y a pas de péché, c'est correct. Si on en ajoute beaucoup plus par contre, il peut y avoir un problème », nuance-t-il.

« Une telle manipulation pourrait faire que le jus ne puisse pas être considéré comme étant aussi naturel que son emballage le laisse croire alors que c'est précisément pour ça qu'on paye plus cher. » — François Lebeau, avocat spécialisé en droit de la consommation

En collaboration avec l'émission Marketplace de CBC, L'épicerie a fait analyser la teneur en butanoate d'éthyle de sept jus d'orange purs et naturels du commerce. Résultats : les taux sont majoritairement plus élevés que dans notre échantillon de jus fraîchement pressé. Et même jusqu'à 15 fois plus dans le jus Simply Orange de Coca Cola.

Selon l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), « il est permis d'ajouter du butanoate d'éthyle dans le jus d'orange comme arôme, pourvu que le fabricant mentionne sur l'étiquette qu'il s'agit d'un produit aromatisé et que la teneur en butanoate d'éthyle y soit indiquée ».

Or, l'information est absente de tous les emballages, sauf sur celui de jus biologique, qui l'affiche par souci de transparence. Les consommateurs qui veulent voir ces informations sur les contenants devraient déposer une plainte en ce sens à l'ACIA, car jusqu'à preuve du contraire, l'industrie persiste à nous laisser croire que son jus est aussi frais et aussi naturel que fraîchement pressé.

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