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Le caporal Cirillo et l'adjudant Vincent, personnalités médiatiques de 2014

Le caporal Cirillo et l'adjudant Vincent, personnalités médiatiques de 2014
GUILLAUME HACHÉ

TORONTO - Les deux soldats canadiens tués de sang-froid dans leur propre pays simplement parce qu'ils portaient leur uniforme militaire sont les personnalités ayant le plus marqué l'actualité au Canada en 2014.

Le caporal Nathan Cirillo et l'adjudant Patrice Vincent, dont la mort insensée a ébranlé le pays en octobre, ont été le premier choix des directeurs de l'information et des rédacteurs en chef sondés par La Presse Canadienne.

"C'est avec tristesse, mais aussi avec fierté, que j'apprends que Patrice est dans les nominations pour les événements les plus marquants de 2014", a déclaré la soeur aînée de l'adjudant, Louise Vincent, dans sa première entrevue accordée depuis les funérailles de son frère.

"On aurait aimé mieux que ça ne se passe pas comme ça, mais à partir du moment où Patrice a donné sa vie au nom de la démocratie, il a fait ça plus que pour le Canada; il a fait ça pour tous les pays démocratiques", a-t-elle ajouté.

Les deux soldats non armés, qui ne se doutaient pas de ce qui les attendait, sont rapidement devenus des noms familiers pour les Canadiens, pour des raisons qu'on peine encore à comprendre.

Patrice Vincent, âgé de 53 ans, décrit comme un homme paisible et déterminé qui était toujours prêt à aider les autres, est mort le 20 octobre quand un Québécois "radicalisé", Martin Couture-Rouleau, 25 ans, l'a percuté avec sa voiture dans un stationnement de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Deux jours plus tard, alors que le pays tentait encore de comprendre la mort de l'adjudant Vincent, la terreur s'est emparée de la capitale nationale quand Michael Zehaf Bibeau a abattu le caporal Cirillo, 24 ans, avant d'entrer dans le parlement et de mourir sous une pluie de balles.

Le réserviste photogénique et amoureux des chiens assurait tranquillement la garde d'honneur avec une arme non chargée au Monument commémoratif de guerre lorsqu'il a été attaqué sans avertissement.

Encore une fois, les Canadiens ont été choqués et attristés de voir qu'un autre soldat venait d'être tué dans son propre pays. Cette fois-ci, la victime était un homme qui avait l'air d'un "dur à cuire", mais qui était "comme un enfant dans son coeur", selon l'un de ses cousins.

Les photos montrant les chiens du caporal sortant leur tête sous la clôture de la résidence familiale à Hamilton n'ont fait qu'ajouter à la douleur collective.

Avant même ses funérailles à grand déploiement, les Canadiens ont été mis au courant des efforts désespérés de ceux qui ont tenté de sauver et de réconforter ce père d'un garçon de cinq ans.

"Tu es aimé", lui a répété l'avocate Barbara Winters, l'une des personnes lui ayant porté secours au pied du Monument commémoratif de guerre.

Dans des scènes qui n'avaient pas été vues depuis le rapatriement des soldats tués en Afghanistan, des milliers de Canadiens se sont postés sur "l'autoroute des héros" pour exprimer leur appui aux deux militaires.

"Pour une rare fois dans l'histoire de notre pays, des militaires de carrière ont été froidement tués alors qu'ils n'étaient pas en mission de combat", a souligné Michel Lorrain, directeur général de Cogeco Nouvelles à Montréal.

"Ces deux hommes n'ont pas demandé à être dans les nouvelles, a commenté Fred Hutton, directeur de l'information à la radio VOCM de Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador. Ce sont des victimes aléatoires qui ont été poussées sous les projecteurs par des individus dérangés qui nous ont forcés à remettre en question notre propre sécurité."

Murray Guy, éditeur du Times & Transcript de Moncton, au Nouveau-Brunswick, souligne pour sa part que la mort des deux militaires a symbolisé "la perte soudaine de l'innocence dans un monde où nous pensions être détachés de la menace obscure du terrorisme qui a touché tant de gens qui nous semblaient si loin".

Au total, les soldats Cirillo et Vincent ont obtenu 23 des 85 votes exprimés pour désigner les personnalités ayant le plus marqué l'actualité au Canada cette année.

La famille du caporal Cirillo, toujours en deuil, a refusé de commenter ce choix, mais Louise Vincent a estimé qu'il s'agissait d'un "bel honneur".

Deux personnalités sont arrivées ex-aequo en deuxième place, avec 13 votes, soit le sergent d'armes du parlement Kevin Vickers, qui a neutralisé Michael Zehaf Bibeau, et l'ex-animateur de CBC Jian Gomeshi, disgracié après des allégations de nature sexuelle.

Steve Murphy, directeur de l'information à CJCH-TV à Halifax, a qualifié M. Vickers de "véritable héros".

Jian Gomeshi était déjà connu par des millions de Canadiens avant d'être accusé d'avoir agressé sexuellement ou physiquement plusieurs femmes, des allégations qu'il rejette catégoriquement.

Certains sondés ont estimé que le scandale entourant l'ancien animateur de l'émission "Q" aurait des impacts plus profonds et plus durables que l'attentat au parlement.

"Je déteste le dire, mais c'est vrai, a indiqué Adrienne Tanner, éditrice adjointe du Vancouver Sun. Non seulement était-il une icône canadienne tombée après des années à avoir été protégée par d'autres, mais en plus, il a soulevé la question plus large du harcèlement sexuel en milieu de travail, une histoire qui résonne malheureusement encore aux plus hauts échelons du milieu des affaires et de la politique."

Même si l'attaque perpétrée par Michael Zehaf Bibeau contre le caporal Cirillo et le parlement l'a placé sur la liste des personnalités ayant le plus marqué l'actualité cette année, rares sont ceux qui ont choisi son nom.

Certains, comme Darryl Mills, du Daily Herald à Prince Albert, en Saskatchewan, ont jugé "offensant" que le tireur ait droit à la moindre considération.

"Il n'y a aucune raison de lui donner de la visibilité", a déclaré M. Mills.

Même si plusieurs estiment que l'ancien maire de Toronto Rob Ford, consommateur avoué de crack, est maintenant une personnalité du passé _ il a été nommé personnalité de l'année en 2013 _, le politicien en convalescence est tout de même arrivé quatrième au classement de 2014, avec 12 votes.

M. Ford, dont le cancer agressif l'a forcé à abandonner sa course à la mairie de Toronto à l'automne, a tout de même réussi à faire campagne entre ses traitements de chimiothérapie et s'est fait élire comme conseiller municipal.

"Ce n'est pas une chose qui a changé notre vie, mais cela ressemblait à observer un accident de train", a estimé David Kirton, animateur et producteur à la radio CKOM, à Saskatoon.

Pierre Karl Péladeau, actionnaire de contrôle de Québecor et député du Parti québécois, a obtenu 10 votes.

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