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Projets de CPE suspendus : l'inquiétude grandit (VIDÉO)

Projets de CPE suspendus : l'inquiétude grandit (VIDÉO)

Son bébé de 7 mois dans les bras, Esther Savard regarde le terrain où devait être construit le CPE de la ville de Portneuf. Mais comme une centaine de parents, cette mère de quatre enfants ne sait pas si sa dernière pourra finalement le fréquenter comme prévu en septembre 2015.

Un texte de Davide Gentile

« Il y a beaucoup d'inquiétude, affirme la maman, puisque les parents ne savent pas où ils vont envoyer leurs enfants ».

C'est que la révision des critères de financement présentée par Québec en novembre remet en question des dizaines de projets partout au Québec. Le gouvernement Couillard veut que les CPE paient, dès avril, 50 % de la facture de construction. Le directeur général du CPE La Veilleuse, Sylvain Germain, qui veut construire cette garderie est formel. « C'est clair que dans un cas comme le nôtre on ne peut pas y arriver ».

Les nouvelles normes signifieraient un investissement supplémentaire d'environ 350 000 $ de plus pour l'organisation.

Impossible sans les fonds de Québec?

Sylvain Germain déroule les plans et détaille le projet, dont la construction doit débuter au printemps 2015.

« Environ 80 000 $ ont été injectés, dépensés, payés en honoraires professionnels de toute sorte », affirme M. Germain, clairement inquiet.

Le terrain à côté de l'école primaire a été cédé par la Ville. L'aluminerie Alcoa a même promis 150 000 $ pour concrétiser le projet. Les derniers plans ont été approuvés par le ministère de la Famille le 27 novembre.

« On a eu une rencontre avec notre député Michel Matte », affirme M. Germain qui n'a plus d'écho des fonctionnaires. Les parents et bénévoles travailleraient sur ce projet depuis des années.

« Il y a là comme un manque de respect de tout ce travail-là », martèle Sylvain Germain. Il exige que le ministère de la Famille « respecte les engagements » qui ont été pris.

Le maire de Cap-Santé furieux

Denis Jobin refuse de croire que la révision des normes pourrait tuer son projet de CPE.

« C'est signé par le sous-ministre depuis le mois d'avril! », s'exclame le maire de Cap-Santé. Le terrain a été cédé gratuitement par la ville qui aurait déjà investi environ 40 000 $ d'argent sonnant dans le projet.

« C'est comme si on faisait une course et, 50 pieds avant d'arriver au fil, on reculait la barrière », dit le maire. Il affirme que des familles ont acheté à Cap-Santé en raison de la construction du futur CPE. Et l'idée de créer des partenariats avec des garderies non subventionnées est plus difficilement applicable en région, où elles sont moins nombreuses.

« Bien oui! Faites-le à Montréal, faites-le à Québec, mais nous on est à Cap-Santé. Y a pas juste Montréal pis Québec dans la province! »

— Denis Jobin, maire de Cap-Santé

Les distances et la faible densité rendent les « partenariats » proposés très difficiles en région, dit Sylvain Germain. Il précise que les CPE sont ici séparés par 35 ou 40 kilomètres.

« On n'est pas dans la même rue avec quatre CPE alignés », dit-il faisant référence à l'abondance de garderies dans les grandes villes.

Le milieu réclame un changement de cap

« Il y a beaucoup de panique dans le milieu », estime Francine Lessard, directrice générale du Conseil québécois de services de garde éducatifs à l'enfance.

La révision des critères de financement condamnerait plusieurs projets qui devaient être construits au printemps. Le Conseil comprend qu'il faille réviser les critères, mais Francine Lessard considère que les imposer dès maintenant est exagéré.

« On ne peut pas laisser un réseau, on ne peut pas laisser les familles assises sur la banquise ».

L'Association québécoise des CPE parle de beaucoup d'énergie et de temps gaspillé. « Ce qui est odieux là-dedans, c'est que, dès son arrivée, le gouvernement a vidé les coffres des CPE », affirme Louis Sénécal, directeur général de l'AQCPE.

Les surplus qui auraient pu servir à payer 50 % de la facture de construction ont donc diminué ou disparu.

Les nouvelles règles de financement encourageraient donc indirectement une augmentation de la création de places dans le privé. La ministre Francine Charbonneau a de nouveau refusé toute entrevue. Son cabinet précise par écrit qu'il faut favoriser la location de locaux et que le gouvernement veut investir dans la qualité des services éducatifs plutôt que « dans la brique ».

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