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La première femme artiste de rue en Afghanistan (PHOTOS)

La première femme artiste de rue en Afghanistan
Facebook/Shamsia-Hassani

Une femme afghane artiste de graffiti? Ça pourrait en étonner plus d'un. C'est pourtant le cas de Shamsia Hassani depuis plusieurs années. Si son existence était inimaginable quand les Talibans faisaient leur loi, elle est aujourd'hui un des nombreux exemples d'un Afghanistan qui change.

Shamsia Hassani est née en 1988 en Iran de parents afghans et elle enseigne aujourd'hui à la faculté des beaux arts de l'université de Kaboul. Elle est une "graffeuse" afghane dont les œuvres embellissent les espaces de sa faculté et certaines rues de Kaboul. Elle a également participé à différents festivals en Allemagne, en Suisse ou au Danemark.

Si l'Afghanistan est beaucoup plus connu pour les guerres et les bombes que pour les bombes à peinture, Shamsia essaye à travers son art de changer cette perception. Elle conçoit son art comme une façon d'apporter un changement positif. "Pour peindre sur les mauvais souvenirs de la guerre", déclare-t-elle au magazine Art Radar.

Burqa

Ses œuvres comportent souvent des représentations de femmes en burqa, cet habit traditionnel caractéristique des femmes afghanes et souvent représenté par les médias occidentaux comme symbole de l'oppression de la femme. Si Shamsia n'en porte pas, elle veut, à travers ses travaux, parler de celles qui le font.

"Je dessine des femmes en burqa souvent dans un style moderniste sur les murs. Je veux parler de leurs vies, trouver un moyen de les faire sortir de l'obscurité, ouvrir leurs esprits", déclare-elle.

Graffiti par Shamsia Hassani en Suisse, juin 2013

"Beaucoup de personnes à travers le monde pensent que la burqa est le problème. Ils croient que si les femmes enlèvent la burqa, elles n'auront plus de problèmes. Ce n'est pas vrai, affirme l'artiste. Quand les femmes n'ont pas accès à l'éducation, c'est un problème plus grand que la burqa car quand elles l'enlèvent, elles le rencontrent toujours. On doit se concentrer sur les grands problèmes", explique-t-elle.

"Rêves de graffiti"

Si la passion de Shamsia est palpable, sa pratique dans les rues de Kaboul est difficile. En tant que fille afghane, elle est inévitablement confrontée à une vision traditionnelle qui lui complique la tâche. Certains voient ses œuvres comme du vandalisme, d'autres croient que la place de la femme est "dans la maison".

"Je n'ai pas toujours l'opportunité de faire des graffitis dehors, une fois tous les deux ou trois mois uniquement. Parfois pour des raisons de sécurité, d'autres fois je ne peux aller dans une région à cause des gens", explique-t-elle à Art Radar.

Pour contourner ça, elle a trouvé la parade dans ce qu'elle appelle "Dream of Graffitis". Elle applique ses croquis sur les photos de différents endroits à Kaboul.

Un "dream graffiti" de Shamsia Hassani sur une photo du palais de Darul Aman à Kaboul

"Je peux faire des graffitis sur ces photos dans mon studio avec des pinceaux. C'est comme un rêve de graffiti. Du graffiti mais uniquement dans ma tête, ce n'est pas réel", confie-t-elle.

Si Shamsia n'exerce pas sa passion aussi facilement qu'elle le souhaite, elle progresse néanmoins en tant qu'artiste et est reconnue, en Afghanistan et ailleurs. En 2009, elle a été parmi les 10 meilleurs artistes sélectionnés pour le prix de l'art contemporain afghan. En septembre dernier, elle a été nominée pour le Artraker Award, un prix décerné par une société anglaise récompensant les auteurs des arts visuels qui "inspirent les individus et les organisations pour mieux comprendre et réagir aux guerres, aux conflits armés".

Shamsia Hassani

Shamsia Hassni, graffeuse afghane

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