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Réforme Bolduc : des milliers d'élèves devraient changer d'école

Réforme Bolduc : des milliers d'élèves devraient changer d'école
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De nombreux parents l'ignorent, mais leurs enfants pourraient devoir changer d'école si la réforme du ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, est adoptée telle quelle. Le problème est le redécoupage du territoire des commissions scolaires qui annexe des municipalités ou des quartiers auparavant desservis par d'autres commissions. Le changement touche une vingtaine de ces institutions scolaires. Un véritable casse-tête à prévoir.

Un texte de Thomas Gerbet

Nicole Martel habite Sainte-Julie. Sa fille va à l'école à Boucherville pour profiter du programme d'éducation internationale. Jusqu'ici, tout va bien, les deux villes sont sur le même territoire de la commission scolaire des Patriotes. Mais problème : le ministre de l'Éducation souhaite annexer Boucherville à la commission scolaire voisine, Marie-Victorin.

La mère continuerait de payer ses taxes scolaires à la CS des Patriotes, mais c'est l'autre commission qui aurait la charge de la scolarité de sa fille. Payer d'un côté et étudier de l'autre : impossible, à moins d'obtenir une entente extraterritoriale, une dérogation accordée au compte-gouttes et pour des raisons exceptionnelles puisque les commissions préfèrent bénéficier du financement.

La CS des Patriotes calcule que plus de 2000 jeunes fréquentent les écoles du territoire annexé (Boucherville et Saint-Bruno) sans résider dans ces municipalités. S'ils sont rapatriés dans ce qu'il reste de la commission, il faudrait construire une nouvelle polyvalente. Et rien ne leur garantira l'accès aux mêmes programmes spéciaux.

« Le gouvernement n'est pas en train de regarder des élèves, mais des numéros qui correspondent chacun à un montant d'argent, sans penser aux adolescents qui vont être obligés de vivre ça. »

— Nicole Martel, mère d'élève

Même problème, à l'inverse

Diane Conner habite Boucherville. Sa fille va à l'école à Sainte-Julie pour profiter d'une classe adaptée à son handicap. Jusqu'ici, tout va bien. Sauf qu'avec la réforme, la mère paierait ses taxes scolaires dans une nouvelle commission, alors sa fille resterait scolarisée sur le territoire de l'ancienne.

« J'espère que le ministre va repenser à tous ces changements. Lui il décide ça, mais il ne voit pas l'impact que ça a sur le terrain pour nos enfants. C'est beaucoup de stress et d'inquiétude. »

— Diane Conner, mère d'élève

Des annexions sont envisagées aux quatre coins du Québec, de Rouyn-Noranda à Québec en passant par Saint-Lambert-de-Lauzon. Nous avons consulté huit présidents ou représentants de commissions. Tous en arrivent aux mêmes conclusions : les élèves qui ne résident plus dans la commission scolaire où ils étudient devront changer d'école, à moins qu'une solution ait été imaginée par le ministre pour régler ce casse-tête.

Le ministre de l'Éducation Yves Bolduc a rencontré jeudi après-midi les présidents des CS Marguerite-Bourgeoys, Marie-Victorin et des Grandes-Seigneuries. Pour consulter la carte de tous les changements proposés à l'échelle de la province, cliquez ici.

« On est en consultations, c'est un document de travail. J'invite les gens à donner leur opinion, mais je dois vous avouer que, jusqu'à date, 90 %, 95 % des propositions, d'après moi, sont très acceptables. »

— Yves Bolduc, ministre de l'Éducation du Québec, à l'Assemblée nationale le 26 novembre

Québec veut rassurer les parents

Le cabinet du ministre Bolduc reconnaît qu'un élève ne peut vivre sur le territoire d'une commission et étudier dans une autre, sans justifier le besoin d'un programme spécial qui n'existe pas sur son territoire. Mais son attachée de presse s'est faite rassurante : « Il y aura des ententes entre commissions scolaires pour que ce soit harmonieux », a spécifié Yasmine Abdelfadel.

Il pourrait par exemple y avoir « des mesures transitoires », s'est contenté de dire le cabinet, sans affirmer que les élèves pourront terminer leur scolarité dans l'école où ils se trouvent déjà.

Complexe, même avec des ententes

Face à l'éventualité de devoir conclure des milliers d'ententes extraterritoriales, les commissions scolaires craignent de vivre un véritable capharnaüm, au moment même où leurs ressources administratives sont réduites.

« C'est peut-être simple pour le ministère d'envisager ça, mais quand on a des frais de gestion déjà très bas, on n'a pas de personnel disponible », fait remarquer la présidente du Regroupement des commissions scolaires de la Montérégie, Andrée Bouchard. « Les ententes extraterritoriales sont exceptionnelles et elles continueront d'être traitées comme des cas particuliers », précise-t-elle.

Situation à Montréal

Le même problème se posera également dans la métropole si le redécoupage est appliqué comme prévu entre la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys et celle de Montréal (CSDM). Par exemple, un élève qui vit dans Ahuntsic ne pourra plus fréquenter une école de Villeray et inversement.

Soixante-six écoles sont touchées par l'annexion pour un total de près de 50 000 élèves. La CSDM n'a pas encore calculé combien de ce nombre étudient sur un territoire annexé sans y demeurer et inversement. Elle est toutefois capable d'affirmer que la priorité de l'accès aux programmes spéciaux sera donnée aux résidents de son territoire, avant les autres qui pourraient éventuellement bénéficier d'ententes extraterritoriales.

La présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon, est en colère contre ces changements, et elle n'est pas seule. Le conseil municipal du Sud-Ouest a adopté une motion unanime jeudi pour demander au gouvernement de maintenir l'arrondissement dans la CSDM.

Des libéraux critiquent la réforme proposée

Après le ministre Laurent Lessard qui a déclaré être « pour le maintien de l'intégralité des territoires », c'est au tour de la députée libérale de Saint-Henri-Sainte-Anne, Marguerite-Blais de critiquer la réforme proposée par Yves Bolduc. « La fusion n'est pas souhaitable » a-t-elle écrit sur son compte Twitter. L'arrondissement Sud-Ouest fait partie de sa circonscription.

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