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Nouvel album Plus tard qu'on pense : « Le temps me hante » - Fred Pellerin

« Le temps me hante » - Fred Pellerin
Jean-François Cyr

Avec son nouvel album Plus tard qu’on pense, Fred Pellerin continue d’explorer le thème du temps, celui qui passe ou qui reste, la nuit qui épie les enfants qui grandissent, le temps qui évoque l’urgence ou qui chahute la pensée unique, le temps qui permet toutes les aventures, toutes les rencontres, toutes les évolutions.

« Depuis trois ans, je tourne De peigne et de misère, un spectacle de conte que j’ai sorti il y a trois ans, affirme en entrevue le conteur, chanteur, auteur et musicien Fred Pellerin. Je suis à 280 représentations. Il m’en reste une année. Je vais en donner 400 au total, comme les deux autres spectacles précédents. Je vais beaucoup en Europe, surtout en France. J’y donne le tiers de mes shows. J’y vais souvent parce que moi je fais le deal de ne jamais partir longtemps. J’ai trois enfants. Je ne peux pas rater ça. Je ne peux pas me dire que j’aurais donc dû les voir plus quand c’était le temps... Pour cette raison, je fais des allers-retours de douze jours. »

« C’est plus modeste qu’ici comme succès, mais oui ça marche, poursuit-il. Les salles sont plus petites qu’ici, mais elles sont pleines. De temps en temps je fais des plus grands endroits comme à La Rochelle, où ma réputation est faite. J’arrive à remplir deux soirs à 1200 sièges. C’est très bon. Moi, 2400 billets vendus en deux jours, je suis aux noces ! À d’autres endroits moins développés, je fais 400 tickets. C’est bon aussi. En France, par contre, on ne connaît pas ma musique. Au fond, je ne tourne jamais en chanson, ni ici ni là-bas. Et je ne suis pas distribué en Europe. J’ai fait quelques disques et je n’ai jamais tourné en chanson. Je fais des albums, point final, lance Pellerin avec un sourire en coin. Ça pas nuit, parce que Silence a vendu 200 000 copies. »

Actuellement, le prolifique Fred Pellerin est justement en tournée de conte. Selon ses dires, quand le spectacle est bien rodé, il ne pense que très rarement à la prestation. Ce qui lui permet de vaquer à d’autres occupations durant le jour.

« Quand c’est décollé, je ne pense pas au show, excepté quand je suis sur les planches. Sur la route, je peux garder le moulin à on. Je fais des projets de création comme mon album, un scénario de film ou une collaboration avec l’OSM. Donc, il y a toujours ces moulins-là qui virent. Je mets de la graine sur les meules et c’est l’histoire de la farine ! »

Ainsi, l’idée de proposer sa musique dans la formule d’un concert conventionnel devient passablement secondaire aux yeux de l’artiste qui est sans équivoque concernant ses productions studio.

Une main à la musique

« J'ai pas l’temps. De toute façon, je ne partirais pas dans une tournée de quatre ans en musique. Mon fun, c’est de conter sur scène. C’est le summum de l’affaire. Ce plaisir est inégalable. En fait, j’en ferais peut-être des shows de musique. On a déjà tenté l’expérience à Saint-Élie-de-Caxton (série de douze performances). C’était super cool. Mais quand je conte, je change d’accord tout le temps. J’improvise. Je suis vraiment dans mon monde. Ce n’est pas le cas en chanson [...] Moi, j’ai d’abord le réflexe au conte. Le canal chanson n’est pas mon réflexe premier. Je dois donc travailler plus fort quand j’attrape des idées ou des images... Cela dit, quand je conte d’une main, j’aime bien chauffer des projets d’écriture de l’autre. »

On comprendra donc plus aisément la démarche créatrice de Fred Pellerin. Ce récent opus intitulé Plus tard qu’on pense est une nouvelle fois motivé par le plaisir de l’enregistrement studio et par la curiosité insatiable d’un artiste qui aime goûter un peu à tout.

« On a enregistré l’album à Saint-Éli (au studio Pantoufle, qui appartient à son comparse et vieil ami d’enfance Jeannot Bournival). Les tounes ont été travaillées en tournée, entre autres dans les chambres d’hôtel. Ce disque-là c’est une année et demie d’ouvrage de manière ponctuelle avec un blitz durant l’été. Ç’a été fait au rythme des veillées. J’ai écrit trois textes et composé la musique de cinq morceaux.

J’ai des chansons secrètes (pièces inédites écrites par Davis Portelance, René Richard Cyr ou encore Manu Trudel), une interprétation de Gilles Vigneault (Le grand cerf-volant), une autre de Stephen Faulkner (Cajuns de l’an 2000), pis un Tom Waits (J’espère de pas tomber en amour avec toi) traduit en français. »

Au sujet de l’auteur-compositeur-interprète américain, la chanson choisie par Fred Pellerin a d’ailleurs une histoire fort particulière.

« La seule véritable commande sur le disque concerne la toune de Tom Waits. C’est Portelance qui l’a faite. J’aimais beaucoup ce morceau, mais je suis pourri en anglais. Si Bob Dylan a été autant traduit en français, on pouvait bien adapter Tom Waits... Ce chanteur a tellement de beaux hits. En plus, il a approuvé lui-même la traduction. Dans son équipe, on nous a dit que Tom Waits approuve lui-même les adaptations. Je me suis alors dit que mon chien était mort ! Finalement, on lui a envoyé la traduction (il faut comprendre que le texte avait été légèrement adapté pour les besoins de l’univers imagé de Pellerin) retraduite mot à mot en français. Au bout de quelques jours, il a donné son accord. Je suis vraiment content de celle-là. »

Cet album de folk francophone, empreint de poésie et d’images d’une collectivité rêvée, inventée ou réelle, est tantôt bercé par une époque quasi révolue, tantôt charrié par un élan extrêmement contemporain. Peu importe la finalité, le thème du temps taraude l’esprit de notre conteur national.

« Un thème qui frôle le fantasme »

« Ça me hante tout le temps, envoie Pellerin. Mon premier show de conte en 1999 commençait comme ça : " Ça se passait dans le temps où du temps, il y en avait encore ". Il y a un rapport à l’ancien temps, au futur, au temps de l’idéal, au temps du collectif (Cajuns de l’an 2000, Les gens du vieux rêve), ou on temps de il était une fois... Dans Babine (le film réalisé par Luc Picard)) on enterre une montre et il pousse une horloge. Le temps est là tout le temps. C’est un thème qui frôle le fantasme. Il y a cette récurrence du thème dans toutes les pièces du disque Plus tard qu’on pense.

« Par exemple, il y a une filiation dans la chanson Ovide (que Pellerin a écrite). Mon père m’amenait voir ses poules quand j’étais jeune, pis moi, plus tard, j’amenais mon fils voir les poules du voisin Ovide, qui est mort il a trois semaines. Sa maison jaune aux moulures blanches, située au coin des rues Saint-Pierre et Saint-Paul, c’est vrai. Plus vrai qu’on peut penser... »

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Fred Pellerin

Plus tard qu'on pense

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