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La psychiatre ayant évalué Magnotta campe sur ses positions devant le procureur

La psychiatre ayant évalué Luka Rocco Magnotta campe sur ses positions devant le procureur
Montage photos PC

MONTRÉAL - Le meurtre de Jun Lin présente plusieurs parallèles avec certaines scènes du film «Basic instinct» qui pourrait avoir inspiré Luka Rocco Magnotta, a suggéré la Couronne lors de son procès pour meurtre prémédité.

Le procureur Louis Bouthillier a soulevé les références à ce film du début des années 1990 lors de son contre-interrogatoire de la psychiatre de la défense, Marie-Frédérique Allard.

Celle-ci a témoigné à l'effet que Magnotta avait mentionné le film et était un admirateur de son actrice principale Sharon Stone.

Me Bouthillier a ensuite donné des exemples démontrant comment les liens étaient beaucoup plus étroits.

Il a expliqué que le personnage de l'actrice américaine est soupçonné d'avoir tué un homme avec un pic à glace lors d'une relation sexuelle. Magnotta, qui a plaidé non-coupable au meurtre de Jun Lin pour cause d'aliénation mentale, a mis en ligne le vidéo du démembrement de sa victime intitulé «Un fou, un pic à glace».

L'avocat de la Couronne a relevé d'autres similitudes: un pic à glace argent est utilisé dans le film alors que l'une des armes de Magnotta était un tourne-vis qui a été peint de couleur argent. Le nom d'emprunt de l'accusé lorsqu'il était en fuite — Kirk Tramell — est aussi le nom de famille du personnage de Sharon Stone, Catherine Tramell.

Magnotta blâme un homme appelé Manny Lopez pour une bonne partie de ses ennuis, un présumé proxénète et ex-copain dont l'existence n'a pas été établie.

Me Bouthillier a souligné qu'un personnage prénommé Manny est aussi dans le script du film en tant que fiancé décédé de Sharon Stone. Il n'apparaît pas à l'écran.

Mme Allard a par ailleurs témoigné que plusieurs éléments démontrent que Magnotta était psychotique au moment où Jun Lin a été tué et démembré.

Elle inscrit dans un rapport que ce dernier souffrait de schizophrénie en 2012 sans toutefois recevoir de traitement pour contrôler cette maladie pour laquelle il avait déjà été diagnostiqué par le passé.

Luka Rocco Magnotta a déjà reconnu avoir mis fin aux jours de cet étudiant chinois en mai 2012, mais il a plaidé non coupable sous prétexte qu'il aurait alors éprouvé des troubles mentaux.

De son côté, la Couronne estime que les actes de Magnotta étaient à la fois planifiés et intentionnels.

Marie-Frédérique Allard l'avait rencontré pour la première fois en décembre 2013.

Le contenu de son rapport de 127 pages repose sur des échanges de près de 25 heures avec l'accusé.

Elle a notamment mentionné que Luka Rocco Magnotta présentait un long historique médical au moment où elle a fait sa connaissance, qu'il avait déjà reçu un diagnostic de schizophrénie paranoïde une décennie plus tôt et qu'il consultait depuis 2010.

Elle a soutenu que, durant leurs conversations, il a dit à de nombreuses reprises qu'il craignait que le gouvernement ne l'épie.

Magnotta a confié à la psychiatre qu'il avait peur que Jun Lin ne soit un agent envoyé par le gouvernement et que des voix dans sa tête l'avaient incité à l'éliminer.

Elle a indiqué qu'il y a de nombreuses informations colligées avant et après le meurtre qui peuvent soutenir sa conclusion voulant que l'accusé ne différenciait pas le bien du mal lorsqu'il s'en est pris à sa victime.

La psychiatre n'a pas revu sa position et ce, même si le procureur Louis Bouthillier a ciblé des oublis et d'apparentes contradictions dans le document qu'elle a préparé.

Ce dernier lui a demandé de but en blanc s'il y a autre chose que le jury devrait savoir car elle a reconnu que certains renseignements ayant émergé durant le contre-interrogatoire n'apparaissaient pas dans son rapport.

«Dans mon travail, j'ai essayé d'être aussi fidèle que possible [à ce qui s'est passé durant] mes rencontres avec M. Magnotta», a-t-elle souligné.

Elle a ajouté qu'elle a jugé bon de retourner le voir avant le début du procès car il lui manquait de l'information et qu'elle voulait s'assurer d'être capable de répondre aux questions soulevées par les avocats.

Elle a précisé que c'est ce pourquoi elle a été en mesure de présenter des informations ne se trouvant pas dans son document devant le tribunal.

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