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Étienne Dupuis joue les entremetteurs dans « Le Barbier de Séville » (ENTREVUE/PHOTOS/VIDÉOS)

Figaro, Figaro, Figaro!: Étienne Dupuis dans « Le Barbier de Séville » (ENTREVUE/PHOTOS/VIDÉOS)

Le baryton Étienne Dupuis interprète le rôle de Figaro depuis 2007 sur les planches de Marseille, Avignon, Massy, Berlin, Montpellier et Tel-Aviv. Du 8 au 17 novembre, le public québécois aura l’occasion de découvrir ses talents d’entremetteur dans Le Barbier de Séville à l’Opéra de Montréal.

« Le Barbier de Séville »

Dans cet opéra de Rossini, la belle Rosina est prisonnière de son tuteur, le vieux Bartolo, qui veut la marier de force pour hériter de sa fortune. Amoureux de la demoiselle, le comte Almaviva tente d’empêcher cette union en faisant appel à Figaro, le barbier qui a ses entrées dans toutes les maisons de la ville.

Une histoire soutenue par une partition de Rossini particulièrement relevée. « Rossini a l’habitude d’inclure plusieurs pirouettes vocales, dont certains passages de notes aiguës coloratures qui imposent aux chanteurs de passer d’une note à l’autre très rapidement, sans pour autant délaisser leur personnage, explique Étienne Dupuis en entrevue. Le rôle de Figaro exige énormément de virtuosité. Je dois souvent exploser vocalement en défilant des paroles à grande vitesse, pour détourner l’attention des autres personnages. »

Âgé de 28 ans lorsqu’il a enfilé le costume du barbier la première fois, le baryton en a désormais 35. En plus de se savoir plus endurant et doté d’un registre vocal plus étendu aujourd’hui, il dénote une évolution dans sa façon d’aborder son personnage.

« Je suis moins prompt. Avant, je courais partout et je faisais tout en même temps. Aujourd’hui, je n’ai pas moins d’énergie, mais je suis plus posé. J’ai l’impression d’avoir à en faire beaucoup moins, mais d’être plus efficace. »

« Ceci étant dit, durant le célèbre air de Figaro, ça vaut la peine de bouger énormément, même si je suis essoufflé et que je travaille plus fort. Il faut montrer à quel point mon personnage est l’homme à tout faire, celui qui orchestre tout en coulisses. Jamais on ne pourra me dire que mon Figaro est devenu passif. »

Opéra buffa

Énergique et plein de rebondissements, Le Barbier de Séville est aussi reconnu pour ses qualités comiques. Une tendance qui n’a pas toujours été l’apanage du monde opératique. « Il y a d’abord eu les opéras seria, avec des histoires de dieux et de déesses, plus sérieux et intenses dramatiquement. Pendant les entractes, alors que les changements de décors et de costumes pouvaient être longs et laborieux, les créateurs de l’époque ont eu l’idée de produire de courtes pièces comiques avec les personnages de la commedia dell’arte. »

« Les spectateurs se tordaient de rire et en redemandaient, au point où les passages humoristiques supplantaient souvent les moments sérieux. Ça a donné l’idée aux compositeurs de créer des opéras à large tendance comique, qu’on appelle buffa. »

Lors de la création du Barbier de Séville, au début du 19e siècle, le public ne se gênait pas pour rire fort et crier des commentaires aux chanteurs. Une atmosphère de divertissement qui ne rebute pas du tout Étienne Dupuis. « Si les spectateurs n’embarquent pas, ne rient pas ou ne se laissent pas aller, les interprètes vont se retenir. On est très à l’écoute de l’énergie qu’on reçoit. Moi je leur dis : "riez, pleurez et applaudissez!" »

Perdre la voix au cinéma

Au cours des prochains mois, le Québécois fera résonner son talent un peu partout à travers l’Europe, en plus de suivre les développements entourant le premier film dans lequel il a joué.

Dans Silence, un long métrage indépendant de Michel Préfontaine, il joue un baryton français qui perd la voix lors d’un séjour au Québec, quelques jours avant un récital. Un rôle taillé sur mesure pour lui. « D’abord, je connais très bien la réalité d’un chanteur d’opéra, et j’étais hyper stimulé par le défi d’acteur de jouer un rôle presque toujours muet. »

Ayant lui-même perdu la voix en plein concert, à 19 ans, Dupuis connait bien la gamme d’émotions que vit son personnage. « L’idée de perdre la voix est toujours un stress incroyable pour moi. Il suffit que je sois malade pendant quatre jours et que j’aie de la difficulté à émettre un son pour que j’imagine que ça ne reviendra jamais et que ma vie est finie. »

« En plus, on s’identifie au fait d’être un chanteur. Quand j’explique que je suis chanteur d’opéra, il y a toujours une réaction qui vient avec. Mais si je n’ai plus de voix, c’est comme si je tendais une carte de visite avec mon prénom, mais sans coordonnées. Comme s’il manquait une moitié de moi-même. »

Rêvant depuis des années de jouer à l’extérieur des scènes d’opéra, Étienne Dupuis a hâte de voir le sort réservé au film et la réaction des gens face à son travail. « On est présentement à la recherche d’un distributeur et on vise une sortie à l’été 2015. On aimerait que le film soit présenté dans un petit réseau de salles au Québec et de festivals à l’étranger. Avec l’opéra comme sujet, ça pourrait rejoindre beaucoup d’Européens. »

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