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Port de Montréal : des croisières en vogue, mais un terminal défraîchi

Port de Montréal: première impression difficile pour les croisières
Radio-Canada

Il était 6 h 50 mercredi matin quand le Aida Bella s'est pointé sous le pont Jacques-Cartier. À son bord, 2500 Allemands qui terminaient à Montréal une croisière dans l'Atlantique Nord et le Saint-Laurent. Puis, jeudi matin, c'était au tour du Seven Seas Navigator, plus petit, mais plus chic, d'accoster devant Montréal.

Un texte de Jean-Sébastien Cloutier

En fin de semaine, deux autres gros paquebots sont attendus. En tout, ce sont 9300 passagers qui visiteront Montréal en cinq jours. La ville profite de la croissance de l'industrie des croisières sur le Saint-Laurent. En quatre ans, le nombre de croisiéristes aura doublé dans la métropole.

Pour Montréal, il y a un grand avantage. La ville est une destination d'embarquement et de débarquement. Les 2500 passagers de l'Aida Bella par exemple, repartiront en avion pendant que le bateau quittera vers New York vendredi avec 2500 autres passagers.

Tant qu'à être à Montréal, ces visiteurs choisissent de rester en moyenne deux nuits à l'hôtel. Chaque année, le comité croisières Montréal évalue que les croisiéristes rapportent ainsi de 15 à 20 millions de dollars dans l'économie de la Ville.

Montréal a toutefois aussi un désavantage : les géants des mers comme le Queen Mary 2 ne pourront jamais monter le Saint-Laurent jusque là. Le pont de Québec est trop bas.

« On vise donc des bateaux moyens et petits, des bateaux haut de gamme, des gens qui vont rester à Montréal, qui vont dépenser beaucoup. Donc le potentiel est majeur. On pourrait se rendre à 100 000 croisiéristes par année. » — Pierre Bellerose, vice-président à la recherche et à l'accueil pour Tourisme Montréal

Première impression difficile

À Montréal, contrairement à bien d'autres endroits, les croisiéristes accostent au pied de la ville. La vue est très belle, mais de loin seulement. Le terminal actuel date des années 60 et la jetée Alexandra où il se trouve a été bâtie en 1901.

À leur sortie, les passagers du Aida Bella ont droit à un paysage assez déprimant : infrastructures abandonnées, hangars rouillés et défraîchis, immenses stationnements quasi déserts. La fameuse première impression est un échec.

« C'est un peu pourri, mais bon ça passe, on est habitués d'accoster dans des zones industrielles. » — croisiériste qui vit ses premières secondes à Montréal

« Les autres ports sont plus beaux. Ici, on ne se sent pas les bienvenus », ajoute une autre passagère.

Des commentaires difficiles à entendre pour la porte-parole du Port de Montréal, Sophie Roux.

« C'est clair que ça vient nous chercher et c'est clair que nous aussi on rêve à livrer une nouvelle gare maritime pour les croisiéristes. Je pense que Montréal se doit d'avoir une porte d'entrée à la hauteur de ce qu'elle a à offrir, puis à la hauteur de sa renommée. » — Sophie Roux, directrice des communications au Port de Montréal

Le message n'est pas nouveau. Chaque année, depuis huit ans, le Port doit investir des centaines de milliers de dollars dans la jetée Alexandra pour sécuriser ses hangars et le quai.

Étude SNC-Lavalin, 2013

« Le vieillissement des ouvrages de la jetée montre un état de dégradation important nécessitant le maintien des mesures de mitigation mises de l'avant depuis quelques années. Seules une intervention majeure et une remise aux normes actuelles peuvent restaurer à long terme la pérennité des ouvrages de la jetée. »

Cette intervention majeure pourrait coûter jusqu'à 67 millions de dollars, mais ne changerait pas grand chose à l'apparence des lieux. Pourquoi alors ne pas en profiter pour offrir un plus bel accueil aux croisiéristes? Par manque d'argent, répond Sophie Roux. Au total, revitaliser toute la jetée et construire une nouvelle gare maritime pourrait avoisiner les 100 millions de dollars.

« S'il advenait qu'on ait à trancher et qu'on dise : "bon bien, on n'arrive pas à obtenir de soutien financier", ce qu'on pourra livrer ne sera pas la pleine mesure de ce qu'on aurait pu s'offrir avec des partenaires financiers. » — Sophie Roux, directrice des communications au Port de Montréal

Ottawa, mais aussi Québec et la Ville de Montréal ont notamment été approchés.

« Je pense que c'est le temps que ça bouge. Je pense que les gens du port on fait ce qu'ils pouvaient avec les installations qu'ils avaient [...], mais là, il faut vraiment passer à une autre étape », affirme Pierre Bellerose, de Tourisme Montréal.

Réaliser cette autre étape, c'est maintenant le plus grand défi du comité Croisières Montréal dont il fait partie.

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