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Des milliers d'élèves dans des classes préfabriquées

Des milliers d'élèves dans des classes préfabriquées
Radio-Canada

Près de 200 classes se retrouvent dans des locaux préfabriqués cette année au Québec. Ces structures modulaires coûtent des millions de dollars aux commissions scolaires qui tentent de refiler la facture au ministère de l'Éducation.

Un reportage de Thomas Gerbet

L'école primaire Notre-Dame-des-Rapides, à LaSalle, déborde tellement d'élèves que la bibliothèque et la salle informatique ont été réquisitionnées il y a plusieurs années pour en faire des salles de classe. Mais ça ne suffisait toujours pas. Trois classes modulaires ont été construites la semaine dernière dans la cour.

« On va avoir un peu plus d'espace pour vivre », explique, soulagée, la directrice Marie-Josée Dufour. L'enseignante de 5e année Pascale Lemaire s'est portée volontaire pour y travailler : « On était un peu tannés d'être dans les vieilles classes, un peu toutes croches et sales. Ici, ça sent le neuf, il y a des fenêtres, c'est grand... je trouve que c'est parfait ».

Des millions de dollars

L'installation des trois classes modulaires dans l'école Notre-Dame-des-Rapides a coûté 178 800 dollars à la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys. La facture des préfabriqués s'élève cette année à 1,7 million de dollars à la Commission scolaire de Montréal. La CSDM compte 50 classes modulaires, l'équivalent de deux établissements complets.

Certaines écoles vivent avec des locaux préfabriqués depuis de nombreuses années. Par exemple, l'école Saint-Albert-le-Grand comptait déjà trois classes modulaires depuis 2010, elle en a ajouté deux autres pour cette année. À l'école Saint-Jean-de-Matha, les préfabriqués sont là depuis 13 ans, et depuis 15 ans à l'école des Nations.

Les cégeps de Montréal, de même que les écoles de banlieue et de régions n'échappent pas aux classes modulaires. Par exemple, l'école Bernard-Corbin de Terrebonne en a deux (148 000 $). À Brossard, le retard dans la construction d'une nouvelle école a forcé la Commission scolaire Marie-Victorin à installer et louer douze classes préfabriquées pour accueillir 430 élèves. Facture : 681 000 $.

Le ministère de l'Éducation appelé à rembourser

La Commission scolaire Marie-Victorin a entamé des démarches pour obtenir un remboursement de Québec. Cette procédure est utilisée depuis longtemps par la Commission scolaire de Montréal qui invoque le manque de capacité d'accueil. « On obtient un remboursement de 50 % la première année et 100 % la deuxième année », explique la présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon.

La province exige cependant une étude pour justifier le besoin. « Cette allocation est accordée si aucune autre solution ne peut être envisagée », précise le porte-parole du ministère de l'Éducation, Bryan St-Louis. La commission scolaire doit avoir déjà présenté une demande d'agrandissement ou de construction d'école au préalable et aucun espace disponible ne doit exister dans un rayon de 20 kilomètres au primaire et dans les limites géographiques de la commission au secondaire.

Une première école neuve en... 12 ans

La CSDM entame cette semaine la construction d'une école complète, l'école Saint-Raymond. Une première depuis 2002. L'établissement est situé dans Notre-Dame-de-Grâce, un quartier où la population est en pleine croissance en raison de l'immigration. Dans ce secteur, une autre école qui vient tout juste d'être agrandie est déjà pleine. À la CSDM, il y a 21 agrandissements d'écoles en cours. Des demandes sont également sur les bureaux du ministère de l'Éducation et d'autres vont s'ajouter ce mois-ci.

« Le processus est très long », se plaint la présidente Catherine Harel-Bourdon. La CSDM anticipe une croissance de 10 000 élèves supplémentaire sur 10 ans.

« Pour nous, c'est beaucoup plus gagnant d'être dans un agrandissement. Ce sont vraiment des solutions qu'on essaie de faire le plus temporairement possible » — Catherine Harel-Bourdon, présidente de la CSDM

Le business des classes préfabriquées

Le boom démographique et l'immigration profitent à Sylvain Brosseau, le président de la compagnie AMB TRESEC de Laval. Il est de loin le leader du marché au Québec avec 178 classes modulaires. Le plus souvent, il est seul soumissionnaire, même si certaines compagnies comme Solution Modulaire Scolaire tentent depuis peu de lui ravir des parts.

« La construction modulaire est 30% moins dispendieuse que la construction conventionnelle », explique-t-il quand nous lui demandons de justifier ses prix. Selon nos calculs, il en coûte en moyenne entre 50 000 et 60 000 dollars pour installer une seule classe modulaire, sans compter les frais moyens de location de 15 000 dollars par année. Il rappelle que ces préfabriqués doivent contenir tous les raccordements électriques, un système d'intercommunication avec le bâtiment principal de l'école et le même réseau d'alarmes incendie.

Le président d'AMB TRESEC, pense que le gouvernement devrait miser sur les classes modulaires pour s'ajuster aux fluctuations du nombre d'élèves, à la hausse ou à la baisse.

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