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Inde : la promesse d'un compte en banque pour tous, un immense défi

Inde : la promesse d'un compte en banque pour tous, un immense défi

Le Premier ministre indien Narendra Modi a promis de fournir un compte en banque à chaque Indien mais sa tâche s'annonce herculéenne dans les campagnes où de nombreux habitants n'ont même pas de papiers d'identité.

Près de la moitié du 1,2 milliard d'Indiens n'ont pas accès aux services bancaires et les plus pauvres se retrouvent à la merci de prêteurs pratiquant un taux usuraire pour des prêts d'urgence en cas de maladie ou des achats de routine tels que les semences.

"Pourquoi nos paysans se suicident-ils? Parce qu'ils doivent emprunter à des taux extrêmement élevés auprès de prêteurs" en dehors du système bancaire, a dit Modi lors de son premier discours pour la fête de l'Indépendance le 15 août.

Seulement 145 millions de foyers sur 247 ont accès à un compte en banque, selon le dernier recensement, et 73% des paysans n'ont pas accès au crédit, indique la Banque mondiale.

L'ouverture d'un compte en banque pour tous est un projet datant de plusieurs décennies en Inde mais Modi en a fait un défi personnel, déclarant jeudi qu'il voulait lutter contre "l'intouchabilité financière".

"On voit tant de personnes avec un téléphone portable alors qu'elles n'ont même pas de compte bancaire, c'est par là qu'il faut commencer", a relevé Narendra Modi qui promet 75 millions de nouveaux comptes d'ici janvier.

"L'Inde est à la croisée des chemins avec une opportunité unique de réinventer son approche en matière d'inclusion financière", juge Vijay Advani, vice-président exécutif de Franklin Templeton Investments.

Le projet du Premier ministre indien prévoit en particulier que chaque détenteur d'un compte aura accès à une carte de débit et à une assurance-maladie de 100.000 roupies (1.600 USD).

Mais les obstacles sont nombreux dans cette quête, au premier rang desquels l'absence de pièces d'identité. Car pour ouvrir un compte, il faut produire une série de documents, allant du certificat de naissance à une attestation de résidence, que de nombreux Indiens pauvres ne possèdent pas.

"J'aimerais avoir mon compte mais je doit utiliser le compte d'un ami pour économiser, car je n'ai pas de papiers", témoigne Pushpa Kumari, qui propose des services de manucure à domicile à New Delhi.

"Pour le simple citoyen, l'ouverture d'un compte en banque est une tache herculéenne", relève N.S.N. Reddy, directeur général de la banque publique Andhra Bank.

Le gouverneur de la Banque centrale de l'Inde (RBI), Raghuram Rajan, a indiqué que les banques utiliseraient les "identifiants biométriques uniques", un programme d'identification biométrique lancé par le précédent gouvernement, pour identifier leurs clients et leur ouvrir un compte.

Développer le nombre de détenteurs d'un compte aiderait aussi à transformer le système public d'aide alimentaire, d'essence et d'engrais, en un système de versements bancaires directs.

Seulement 4% des Indiens touchent une aide publique par virement bancaire. Améliorer ce taux renforcerait la lutte contre la corruption et le détournement de fonds, selon les experts.

"Ce programme va permettre de limiter les détournements, d'améliorer le recouvrement de l'impôt et l'épargne", estime Aditya Gupta, directeur des opérations de TranServ, groupe indien spécialisé dans les solutions de paiement.

Le gouverneur de la RBI a jugé que le programme mettra les plus pauvres sur la voie de "l'indépendance économique".

Gouvernement et banque centrale veulent encourager l'implantation de distributeurs de billets, la banque sur mobile et promouvoir les "banques simples" qui ne s'occuperont que des dépôts et paiements.

Jusque-là, nombre d'Indiens dépourvus de compte investissent leur épargne dans l'or et seule 35% de l'épargne va dans le système bancaire, selon la RBI.

Mais pour les analystes, le système bancaire, grevé par des créances douteuses, va devoir être aidé pour pouvoir étendre ses services dans le monde rural où il ne parvient pas à être rentable.

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