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Nigeria: des milliers de personnes fuient au Cameroun après une attaque de Boko Haram

Nigeria: des milliers de personnes fuient au Cameroun après une attaque de Boko Haram

Le groupe islamiste armé Boko Haram a lancé lundi une nouvelle attaque contre une ville du nord-est du Nigeria, région dont il semble contrôler des zones entières, provoquant la fuite de milliers d'habitants vers le Cameroun voisin.

Cette nouvelle attaque, qui montre une fois encore la capacité de Boko Haram de frapper quotidennement, intervient au lendemain de la diffusion d'une vidéo du chef du groupe, Abubakar Shekau, dans laquelle il parle pour la première fois de "califat islamique".

Shekau a en effet frappé les esprits en déclarant dimanche que la ville de Gwoza, contrôlée par ses hommes, était placée sous le règne du "califat islamique", sans lier explicitement cette référence à la situation en Irak.

Selon les témoignages d'habitants, plusieurs groupes de combattants islamistes lourdement armés ont attaqué de manière coordonnée lundi à l'aube une base militaire et un poste de police à Gamboru Ngala, une ville frontalière du Cameroun située dans l'Etat de Borno, épicentre de l'insurrection de Boko Haram.

D'intenses combats ont opposé pendant plusieurs heures les forces de sécurité et les insurgés, et plusieurs milliers d'habitants, ainsi que des soldats nigérians, ont pris la fuite pour se réfugier dans la ville camerounaise de Fotokol, de l'autre côté de la frontière.

L'armée nigériane a toutefois démenti toute fuite de ses troupes lundi après-midi, évoquant une "manoeuvre tactique de charge à travers la frontière".

Une source proche des services de sécurité camerounais a qualifié l'attaque de "très sérieuse". Des "renforts" de l'armée camerounaise sont attendus à Fotokol, a indiqué cette source.

Gamboru Ngala avait déjà été la cible en mai d'un assaut particulièrement violent. Les combattants de Boko Haram avaient quasi entièrement rasé la ville et tué plus de 300 civils. Comme ils ont massacré des centaines de personnes lors de la prise récente de Gwoza, également dans l'Etat de Borno.

A Gamboru Ngala, craignant un carnage, "beaucoup d'entre nous se sont enfuis vers le Cameroun", a témoigné un habitant, Hamisu Lawan.

Les assaillants "sont concentrés sur le poste de police et la base militaire mais nous craignons qu'après ils se retournent contre nous", a expliqué Kabiru Muktar, un autre habitant.

Les habitants ont pu fuir au Cameroun bien que ce pays ait annoncé le 18 août la fermeture de ses 1.600 kilomètres de frontière avec le Nigeria en raison de l'épidémie d'Ebola qui touche ce pays.

D'autres habitants sont restés terrés chez eux, terrorisés.

Depuis avril, Boko Haram s'est emparé de nombreuses localités et contrôle des zones entières du nord-est du pays d'où l'armée a disparu, selon les témoignages d'habitants, de responsables de la sécurité et d'experts.

Le groupe contrôle notamment la route principale qui va de Maiduguri, la capitale de l'Etat, à Gamboru Ngala, puis au Cameroun.

Shekau n'a pas expliqué dans la vidéo diffusée dimanche ce qu'il entendait exactement par "califat islamique": il n'a pas dit s'il faisait référence au califat proclamé par l'Etat islamique d'Abou Bakr Al-Baghdadi, qui contrôle de larges pans de territoires en Irak et en Syrie, ou bien s'il voulait établir un nouveau califat au Nigeria.

Au XIXe siècle, dans une région couvrant le nord de l'actuel Nigeria, avait existé le puissant califat de Sokoto, indépendant de l'Empire ottoman.

Dans une précédente vidéo diffusée le 13 juillet, Abubakar Shekau avait apporté son soutien à Abou Bakr Al-Baghdadi, mais sans mentionner aucune allégeance. Il n'en a pas reparlé dans la dernière vidéo.

L'armée nigériane a en tout cas rejeté la déclaration de Boko Haram sur le califat, la jugeant "vide de sens". Selon elle, "la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Etat nigérian" restent "intactes".

L'insurrection de Boko Haram, qui frappe principalement le nord-est du Nigeria, dure depuis cinq ans et a fait au moins 10.000 morts. Les attaques du groupe se sont intensifiées cette année, malgré l'instauration de l'état d'urgence et l'envoi de renforts militaires.

Utilisant des méthodes particulièrement violentes, le groupe s'est fait connaître du monde entier en avril en enlevant plus de 200 lycéennes - dont on est toujours sans nouvelles - à Chibok (Etat de Borno), un rapt qui a suscité une indignation internationale.

abu/de/tmo

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