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Mohammed Deif, l'insaisissable chef de guerre du Hamas qui défie Israël

Mohammed Deif, l'insaisissable chef de guerre du Hamas qui défie Israël

Mohammed Deif, l'insaisissable chef militaire du Hamas que l'armée israélienne a une nouvelle fois tenté d'assassiner après cinq échecs, est un redoutable adversaire qui vit dans la clandestinité.

Le raid aérien qui le visait sans doute a abouti mardi soir à la mort de sa deuxième épouse, Widad, 27 ans et leur troisième enfant, Ali, un bébé de sept mois.

Deif, lui, est toujours introuvable: on ignore tout de son sort et de l'endroit où il se trouve.

Depuis plus de 20 ans, cet enfant de la bande de Gaza, né en 1965 dans le camp de réfugiés de Khan Younès (sud), est mêlé aux coups les plus durs portés contre Israël: enlèvements de soldats, attentats suicide, tirs de roquettes, tunnels d'attaque...

Désigné en 2002 pour prendre la tête des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, après la mort de son prédécesseur Salah Chéhadé tué dans un raid israélien, Deif a une longue histoire militante et clandestine entamée dans les années 1980.

Alors étudiant en biologie et proche des Frères musulmans dont est issu le Hamas, il a été l'un des dirigeants du syndicat islamiste de l'Université islamique de Gaza.

En 2000, au début de la deuxième intifada dans les territoires palestiniens contre l'occupation israélienne, il s'est échappé -ou a été libéré- d'une prison de l'Autorité palestinienne de Yasser Arafat. Au grand dam des Israéliens qui l'avaient dans le collimateur depuis une décennie.

Juste après son accession au commandement des Brigades al-Qassam, il est la cible d'une 5e tentative de liquidation à Gaza. Il en sort grièvement blessé, une paraplégie étant évoquée mais non confirmée, et confie une part de la direction des Brigades à son adjoint Ahmad Jaabari, tué dans un raid israélien en 2012.

Il gagne chez ses ennemis le surnom de "chat aux neuf vies" et assied à Gaza son statut légendaire, aussi résolu dans son combat contre Israël que mystérieux.

Il n'existe de Mohammed Deif que quelques mauvais clichés, dont le dernier remonte à une vingtaine d'années. Personne ne sait où il se cache, on lui prête une grande capacité à se déguiser, à se fondre dans la population.

Sous couvert d'anonymat, un responsable du Hamas explique à l'AFP qu'il n'utilise aucun matériel informatique qui permettrait aux Israéliens de le localiser.

Peut-être a-t-il tiré la leçon de la mort de son mentor, Yahya Ayache, l'artificier du Hamas tué en 1996 par l'explosion d'un téléphone portable piégé par les services israéliens.

De son vrai nom Mohammed Diab el-Masri, Deif ("l'hôte" en arabe) doit son surnom à sa propension à changer sans cesse de résidence, selon le responsable du Hamas qui décrit un homme "poli, discret, parlant doucement", passionné de "stratégie militaire".

Ses interventions sont rarissimes. En 2012, il avait mis Israël en garde contre une intervention terrestre à Gaza pendant l'opération "Pilier de Défense", déjà destinée à faire cesser les tirs de roquette du Hamas.

Depuis, plus rien, jusqu'à un message diffusé mardi par les médias du Hamas et destiné à tuer dans l'oeuf des rumeurs d'accord pour une trêve avec Israël.

Selon les Israéliens, Deif est responsable de l'enlèvement et du meurtre en 1994 de soldats israéliens, comme le caporal Nachshon Waksman.

Après la mort d'Ayache, qui lui aurait inculqué l'expertise de la confection d'explosifs, il a endossé "le rôle de l'ingénieur des Brigades Ezzedine al-Qassam", selon le blog de l'armée israélienne.

Les Israéliens le considèrent comme "le cerveau" de la campagne d'attentats suicide qui a visé des bus et des lieux publics de Tel-Aviv et Jérusalem jusqu'en 2006, et le tiennent pour "personnellement responsable de la mort de dizaines de civils".

Et selon Israël, Deif est l'un "de ceux qui ont fabriqué les roquettes Qassam" d'une portée de 8 kilomètres, avant que le mouvement ne se dote d'engins plus perfectionnés grâce à la technologie iranienne.

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