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L'Argentine veut régler ses créanciers à Buenos Aires, l'un des fonds refuse

L'Argentine veut régler ses créanciers à Buenos Aires, l'un des fonds refuse

L'Argentine, en défaut de paiement partiel, veut rembourser ses créanciers sur la place financière de Buenos Aires plutôt qu'à New York, une initiative dictée par le blocage aux Etats-Unis d'échéances de sa dette mais immédiatement rejetée par l'un des fonds.

Outre l'argent dû à 93% de ses créanciers, qui ont accepté la restructuration, l'Argentine va déposer sur un fonds fiduciaire de la banque publique Banco Nacion ce que le pays estime devoir à 7% des créanciers, des fonds spéculatifs ayant jusqu'ici refusé toute restructuration, a expliqué le ministre de l'Economie Axel Kicillof.

Parmi ces derniers figurent les fonds "vautours" NML et Aurelius, vainqueurs d'une longue bataille judiciaire contre Buenos Aires.

"L'Argentine veut honorer les échéances de sa dette, et comme notre canal de paiement est obstrué (un paiement de 539 millions USD est bloqué à New York, ndlr), nous avons cherché une autre modalité", mais "elle n'est pas obligatoire, chaque créancier peut chercher ou solliciter un autre lieu de paiement", a précisé le ministre argentin.

Si le fonds NML, propriété du milliardaire républicain Paul Singer, acceptait cette modalité, ce qui est peu probable, il empocherait un gain de "300%", a assuré le ministre.

Mais beaucoup moins que le jugement américain, auquel Buenos Aires refuse de se plier, qui octroie plus de 800 millions de dollars à NML pour un investissement initial de près de 50 millions, soit une culbute de 1.600%.

L'autre fonds, Aurelius, a immédiatement rejeté l'offre du gouvernement: "les dirigeants de l'Argentine ont littéralement choisi d'être des hors-la-loi" et "ont bafoué de manière chronique les décisions des tribunaux américains, menti à nos tribunaux, et proclamé leur dédain" pour la justice américaine, a-t-il réagi dans un communiqué.

Le gouvernement argentin a envoyé au Congrès un projet de loi, qui a de grandes chances d'être voté, car la coalition de centre gauche de la présidente Cristina Kirchner détient la majorité à la Chambre des députés et au Sénat.

Dans ce cas, la prochaine échéance de la dette, de 200 millions de dollars, serait payée le 30 septembre aux créanciers par le biais de Banco Nacion.

Selon le ministre de l'Economie, c'est un simple changement de guichet, un "changement de lieu de paiement" et "pas un changement de juridiction".

Mais pour l'économiste argentin Nicolas Dujovne, il s'agit bien d'un "changement de juridiction" qui ne pourra convaincre qu'une poignée de créanciers.

"La situation ne fait qu'empirer, observe-t-il, et je ne crois pas cette mesure puisse être un succès". Pour lui, c'est la prochaine administration qui devra résoudre la question de la dette, après le départ de Cristina Kirchner fin 2015.

Tout cela "renforce l'incertitude et approfondit la récession" dans la 3e économie d'Amérique latine, déjà fragilisée par une forte inflation et une baisse de la production industrielle.

Le dernier remboursement de 539 millions de dollars est bloqué depuis le 26 juin sur un compte de Bank of New York, sur décision du juge américain Thomas Griesa, qui empêche Buenos Aires de rembourser sa dette tant qu'elle n'aura pas appliqué le jugement qui l'oblige à verser 1,3 milliard de dollars aux fonds "vautours", détenteurs de moins d'un pour cent de la dette.

Buenos Aires s'y refuse, avançant que l'application du jugement ferait s'écrouler la restructuration de la dette acceptée par 93% des créanciers.

Cette ultime initiative intervient après l'échec de négociations à New York entre fonds "vautours" et une délégation gouvernementale argentine, et d'une démarche avortée de banques argentines, puis internationales, pour racheter leurs créances aux fonds "vautours".

Déclarée en "défaut de paiement partiel" par les agences de notation, l'Argentine réfute cette qualification, mettant en avant sa volonté d'honorer ses dettes et sa solvabilité. Pour cela, elle a versé la semaine dernière 3 milliards de dollars à la Banque mondiale et à la Banque interaméricaine de développement (BID).

Parallèlement, Buenos Aires a déposé plainte contre les Etats-Unis devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, plus haute juridiction de l'Onu, dont Washington ne reconnaît pas l'autorité.

ap/ka/mr

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