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Pakistan: l'armée déployée face aux manifestants anti-gouvernementaux

Pakistan: l'armée déployée face aux manifestants anti-gouvernementaux

L'armée pakistanaise s'était déployée mardi soir dans le coeur de la capitale Islamabad pour protéger le parlement où se dirigeaient des partisans de l'opposant Imran Khan qui tente un coup de poker pour chasser du pouvoir le Premier ministre Nawaz Sharif.

Ex-star du cricket au look de playboy rebelle, le chef du Parti de la justice (PTI) Imran Khan multiplie les coups d'éclat depuis une semaine dans une sorte de crescendo pour déloger Nawaz Sharif dont il estime l'élection entachée de fraudes.

Après avoir réuni avec le religieux Tahir ul-Qadri des milliers de partisans dans la capitale, appelé à la désobéissance civile, annoncé la démission de ses députés au Parlement, Khan s'est engagé mardi à "marcher" sur la "zone rouge" d'Islamabad.

Ce secteur, dont les voies d'accès sont bloquées par des conteneurs, abrite le Parlement, la résidence du Premier ministre, la Cour suprême, et les grandes ambassades, dont celles de France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis.

"Nous allons commencer notre marche (vers le parlement), nous resterons pacifiques, nous n'allons pas entrer dans l'enclave diplomatique, ni dans le parlement", a déclaré M. Khan, sous les vivats de ses supporters dont certains munis de bâtons.

La "zone rouge" est normalement quadrillée par la police, mais à l'issue d'un entretien entre le Premier ministre et le chef de l'armée Raheel Sharif, le gouvernement a annoncé mardi le transfert de son contrôle aux militaires.

"Les militaires seront déployés sur toutes les installations stratégiques et les édifices importants", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Chaudhry Nisar, alors que l'armée indiquait peu après avoir déployé 700 soldats dans ce secteur.

Les partisans d'Imran Khan marchent avec les fidèles de Tahir ul-Qadri, un chef politico-religieux rentré en juin dernier du Canada, où il vit depuis des années, pour lancer sa "révolution".

Malgré la forte présence militaire, Qadri a demandé mardi soir à ses partisans réunis en "assemblée populaire" s'ils voulaient pousser les manifestations jusque devant le parlement, au coeur de la "zone rouge".

"L'assemblée populaire a décidé de déplacer le sit-in devant le parlement", a tranché Qadri après avoir demandé à la foule de répondre par "oui" ou par "non" à une série de questions, tout en demandant que ce rassemblement demeure "pacifique".

Les deux opposants accusent M. Sharif d'avoir bénéficié de fraudes massives lors des législatives de mai 2013 l'ayant porté à la tête d'un gouvernement majoritaire, même si le scrutin a été validé par des observateurs internationaux.

Le gouvernement maintenait malgré tout mardi soir son offre de dialogue avec les deux opposants dont la volonté de poursuivre la contestation pose de nombreuses questions.

Khan et Qadri tentent-ils de faire monter les enchères en vue de négociations ou bien sont-ils prisonniers d'un "jusqu'au boutisme" qui risque de provoquer des affrontements au coeur même de la capitale ?

Voire, sont-ils téléguidés par l'armée, ou une partie des services de renseignement, pour faire pression sur le Premier ministre Sharif dans un pays à l'histoire jalonnée de coups d'Etat où l'équilibre entre civils et militaire demeure fragile?

Chose certaine, leurs velléités révolutionnaires n'ont rien donné à l'échelle nationale.

Les deux hommes avaient promis un million de manifestants pour leur sit-in, mais mardi ils n'étaient que quelques milliers, quoique très remontés, encore réunis dans le coeur de la capitale.

Et l'appel à la désobéissance civile semble avoir isolé M. Khan, la classe politique, y compris les autres formations d'opposition, ayant dénoncé cette stratégie aussi fustigée par la communauté d'affaires.

La marche sur la "zone rouge", n'est qu'un "acte de désespoir, cela ne va pas accroître la pression sur le gouvernement qui a déjà survécu au sit-in", estimé l'analyste Rahimullah Yusufzai.

Mais en pénétrant dans cette zone sécurisée avec ses milliers de partisans, Khan risque de provoquer la police qui devra réagir avec doigté pour éviter de donner des "martyrs" à sa cause, souligne une source diplomatique occidentale.

Après tout, Imran Khan souhaite peut-être sa propre arrestation "devant les caméras" et des heurts diffusés en direct à la télévision pour terminer ce sit-in "sur ce qu'il considère une note positive", s'interrogeait le quotidien Dawn.

Pour les partisans de l'ex-gloire du cricket, le temps n'est plus au dialogue.

"Assez, c'est assez! Si le gouvernement nous avait écoutés nous ne serions pas rendus là. Imran est désormais notre seul espoir", lance Imran Niazi, 37 ans, manifestant pro-Khan, prêt à en découdre si les esprits s'échauffent.

bur-gl/gg

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