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Meurtre d'un jeune Noir: manifestation à Ferguson, à nouveau sous tension

Meurtre d'un jeune Noir: manifestation à Ferguson, à nouveau sous tension

Les manifestations pacifiques ont repris samedi dans la petite ville américaine de Ferguson (centre), sous tension depuis une semaine après la mort d'un jeune Noir tué par un policier, ravivée par une communication confuse de la police.

Samedi après-midi, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées près des lieux du drame pour rendre hommage à Michael Brown, 18 ans, tué par le policier Darren Wilson dans des circonstances toujours controversées.

"Mike Brown est notre fils", ou "Stop au racisme policier", indiquaient des pancartes sur des photos publiées par les réseaux sociaux. "Viens chez nous", lançait une autre sur un portrait géant du président Barack Obama.

Dans la nuit, la tension était montée d'un cran lorsque quelques magasins ont été pillés, dont l'un impliqué dans l'enquête.

En plusieurs endroits, la police a tiré des grenades de gaz lacrymogène et des bombes fumigènes, mais est restée le plus souvent à l'écart, dans des véhicules blindés et en tenue antiémeute.

Pour dénoncer et contrer les pillards, des habitants se sont interposés pour protéger les magasins.

La tension, déjà portée à son comble par le déploiement quasi militaire des forces de police municipales au cours des premiers jours, depuis retirées, à été ravivée vendredi par une communication policière des plus confuses.

La police de Ferguson a ainsi rapporté, vidéo à l'appui, que le jeune Noir tué était soupçonné d'un vol de cigares intervenu 20 minutes avant la fusillade fatale.

Elle a diffusé une vidéo de surveillance montrant un jeune Noir, présenté comme Michael Brown, portant des paquets dans une main. En sortant, il repousse violemment un homme qui semble essayer de l'en empêcher, puis l'intimide avec sa carrure imposante.

Mais le chef de la police de la ville, Thomas Jackson, affirmait plus tard qu'on ne pouvait dire avec certitude que le policier était au courant du vol quand il a arrêté Michael Brown. Selon lui, il était intervenu parce que le jeune Noir et un ami "marchaient au milieu de la rue, bloquant la circulation".

En revanche, il a affirmé que des preuves du vol avaient été retrouvées sur le jeune homme abattu.

La famille s'est dite "scandalisée" par la publication de ces informations destinées, selon elle, à "tenir la victime pour responsable et à détourner l'attention".

Le militant des droits civiques Al Sharpton a lui aussi vivement critiqué cette diffusion, accusant la police d'avoir voulu "salir" la mémoire de l'adolescent.

"Qu'est-ce que cela a à voir avec sa mort"? s'est-il indigné, "Est-ce que vous me dites que vous avez le droit de dénigrer quelqu'un et de le tuer pour trois ou quatre cigares?".

Cela "a incité les gens à réagir", a renchéri un autre militant des droits civiques, le révérend Jesse Jackson, au St-Louis Post Dispatch.

La police locale et la police fédérale (FBI) ont chacune lancé une enquête sur ce meurtre, à propos duquel les récits diffèrent.

Selon un témoin, Michael Brown, qui allait rendre visite à sa grand-mère et n'était pas armé, marchait dans la rue quand un agent de police s'en est pris à lui et l'a abattu alors qu'il avait les mains en l'air.

Selon la police, Michael Brown a été tué après avoir agressé un policier et tenté de lui dérober son arme.

Par ailleurs, une pétition ayant recueilli samedi plus de 16.000 signatures, a été lancée sur MoveOn.org par une élue au Sénat du Missouri, Jamilah Nasheed.

Elle demande que le procureur du comté en charge de l'enquête, Bob McCulloch, se récuse. Sa "relaxe" de deux policiers dans un incident similaire en 2000 "nous ne donne pas confiance en une enquête impartiale", écrit la pétition.

Des associations de policiers -- SLPOA (policiers de St. Louis) et la FOP (policiers du Missouri) -- ont par ailleurs protesté contre la relève des forces locales par la police de la route --qui dépend de l'Etat du Missouri--, estimant que cela "sape la confiance de l'opinion dans la police" et met "en danger" les policiers sur le terrain.

Après Oakland (Californie, ouest) vendredi soir, un rassemblement devait avoir lieu samedi à Orlando, en Floride (sud-est), où un autre jeune Noir, Trayvon Martin, avait été abattu en 2012 par un vigile de quartier, qui avait été acquitté, ravivant le spectre du racisme en Amérique.

bur-ff/are

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