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Les opposants Khan et Qadri en route pour leur "révolution" à Islamabad

Les opposants Khan et Qadri en route pour leur "révolution" à Islamabad

Des milliers de manifestants menés par l'ex-gloire du cricket reconverti dans la politique Imran Khan et le religieux Tahir ul-Qadri convergeaient vendredi vers la capitale pakistanaise Islamabad pour exiger la démission du gouvernement.

La "marche de la liberté", en référence au jour de l'indépendance du Pakistan, qui célèbre cette semaine son 67e anniversaire, est partie jeudi de Lahore (est) et devait arriver le soir même à Islamabad, capitale située à plus de 300 kilomètres.

Mais après une journée, les manifestants, motorisés, n'étaient toujours qu'à la sortie de Lahore, après avoir défilé toute la journée et la nuit dans les rues de ce fief du Premier ministre Nawaz Sharif dont ils demandent la démission.

"La monarchie approche de sa fin", a lancé vendredi matin Imran Khan à Gujranwala, ville voisine de Lahore, accusant ainsi son rival de se comporter comme l'aristocratie féodale qui contrôle des pans entiers de l'économie.

"J'avais dit qu'un million de personnes allaient marcher sur Islamabad et elles vont le faire", a-t-il promis alors que des observateurs s'attendent davantage à entre 50.000 à 100.000 manifestants dans la capitale.

Les autorités avaient au début interdit cette procession politique et même assigné à résidence Tahir ul-Qadri, rentré en juin du Canada, où il vit, pour lancer une "révolution" au Pakistan, mais elles se sont finalement ravisées.

La capitale avait néanmoins des airs de ville en état de siège vendredi matin, les autorités ayant déployé 20.000 policiers et paramilitaires, et placé des conteneurs sur les axes routiers afin d'encadrer cette "marche de la liberté".

Et les employés des ambassades et de l'ONU faisaient encore vendredi l'objet de mesure de confinement, par crainte de voir les manifestations tourner à une confrontation sanglante entre manifestants et forces de l'ordre.

Au coeur du différend entre les deux ténors de l'opposition et le gouvernement: le résultat des élections législatives de mai 2013 ayant porté au pouvoir Nawaz Sharif pour la troisième fois de l'histoire du pays.

La Ligue Musulmane (PML-N) de Nawaz Sharif avait remporté une majorité lors de ces législatives saluées par les observateurs internationaux malgré des irrégularités dans certaines circonscriptions.

Le parti de la Justice (PTI) d'Imran Khan, qui était arrivé en troisième position lors de ce scrutin, dénonce de son côté des fraudes électorales massives.

Le pakistano-canadien Tahir ul-Qadri et son Mouvement du peuple du Pakistan (PAT) avait quant à lui boycotté ces élections après avoir dirigé un vaste sit-in au coeur d'Islamabad pour exiger des réformes électorales.

Qadri, un docteur en droit islamique qui compte sur un noyau dur de dévots, a répété au cours des derniers jours qu'il se battait pour un Pakistan "démocratique, modéré et progressiste", mais sa "révolution" aux côtés d'Imran Khan sème le doute.

Les deux hommes sont accusés de jouer le jeu de l'armée, ou du moins d'une partie des puissants services de renseignement, dans ce pays abonné aux coups d'Etat.

Selon des analystes, l'armée chercherait à faire pression sur M. Sharif avec lequel elle a de nombreux différends, notamment concernant les procès pour "haute trahison" contre l'ex-général Pervez Musharraf, sans vouloir la chute du gouvernement.

La presse pakistanaise réserve quant à elle un accueil timoré, pour ne pas dire critique, à ces appels au "changement" et à la "révolution", quinze mois à peine après la première vraie transition démocratique de l'histoire ce pays dirigé pendant trois décennies par les militaires.

Le quotidien Dawn évoquait vendredi un "spectacle" alors que le Daily Times jugeait "irresponsable" l'attitude d'Imran Khan, invitant plutôt ce dernier à jouer son rôle d'opposant au parlement et à chercher une solution négociée à la crise.

Pendant que les manifestants convergeaient pacifiquement vers la capitale, le pays était rattrapé par des violences islamistes.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, les forces de sécurité ont ainsi repoussé une attaque d'un commando taliban contre deux bases aériennes dans la province du Baloutchistan (sud-ouest), tuant au moins huit insurgés.

bur-gl/ml

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