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Tokyo: deux ministres japonais sont allés prier au sanctuaire controversé Yasukuni

Tokyo: deux ministres japonais sont allés prier au sanctuaire controversé Yasukuni

Deux ministres japonais se sont rendus vendredi au sanctuaire Yasukuni de Tokyo, où sont honorés 2,5 millions de soldats morts pour le Japon, un lieu considéré par la Chine et la Corée du Sud comme le symbole du militarisme nippon passé.

Ces visites de Keiji Furuya, président de la Commission de la sécurité publique, et Yoshitaka Shindo, ministre des Affaires intérieures, risquent d'autant plus de susciter l'ire des pays voisins qu'elles interviennent un 15 août, jour anniversaire de la capitulation sans condition du Japon en 1945, à l'issue de la Seconde guerre mondiale dont l'archipel de l'empereur Hirohito sortit exsangue.

Les deux ont prié en tout début de journée dans ce lieu de culte dont la réputation sulfureuse tient au fait que les noms de 14 criminels de guerre japonais y ont été inscrits il y a plus de trois décennies.

"Il me semble naturel de présenter mes plus sincères condoléances pour ceux qui ont sacrifié leur vie pour le pays", a déclaré à la presse M. Furuya.

"Je suis allé rendre hommage à ceux qui ont perdu la vie durant la guerre", a renchéri M. Shindo.

Les ministres présentent généralement ces visites comme revêtant un caractère privé et ne les distinguant donc pas de celles milliers de citoyens japonais qui effectuent le même pèlerinage plusieurs fois par an.

Des parlementaires devraient aussi visiter dans la journée le Yasukuni, comme cela est le cas chaque année, au grand dam de Pékin et Séoul.

Le Premier ministre de droite Shinzo Abe devrait quant à lui s'abstenir cette fois d'aller s'y recueillir en cette date particulière. Il a toutefois fait porter une offrande dans la matinée, comme en avril lorsqu'il avait offert un "masakaki", un arbre sacré.

Lorsqu'il s'y était rendu en personne en décembre pour marquer sa première année au pouvoir après son retour en 2012, la Chine et la Corée du Sud avaient vivement protesté.

Même Washington, pourtant le principal allié du Japon, avait alors exprimé ouvertement sa "déception". Qui plus est, c'était la première fois depuis 2006 qu'un chef de gouvernement japonais y effectuait une visite.

En raison de ces querelles liées à l'histoire de la dernière guerre, auxquelles s'ajoutent des différends territoriaux maritimes, les relations entre Tokyo, Pékin et Séoul sont redevenues exécrables depuis l'automne 2012.

La Chine reproche au Japon de ne pas s'être assez excusé pour les exactions commises par la soldatesque nippone durant la guerre et lui conteste la souveraineté sur un chapelet d'îles de mer de Chine orientale appelées Diaoyu par Pékin mais que Tokyo contrôle sous le nom de Senkaku.

La Corée du Sud, elle, n'a de cesse de réclamer aux Japonais de se repentir pour avoir réduit en esclavage sexuel des dizaines de milliers de femmes dans des bordels de l'armée nippone durant l'occupation de la péninsule. Ce point de discorde bilatérale sur les femmes dites "de réconfort" fait aussi polémique à l'intérieur du Japon.

Ces tiraillements permanents, que réactive chacune des visites au Yasukuni, sont tels qu'ils ont pour le moment empêché le Premier ministre Abe d'aller à la rencontre des chefs d'Etat chinois et sud-coréen, alors même qu'il est un recordman des visites dans des dizaines de pays depuis qu'il a repris la tête du Japon.

M. Abe, présenté comme un faucon, est d'autant plus honni par ses pairs que sa politique vise clairement à contrer la montée en puissance de la Chine et ses revendications territoriales.

Outre des arrangements avec la constitution pacifiste, en partie réinterprétée pour donner plus de latitude à l'extérieur aux forces d'auto-défense, et en plus de diverses mesures législatives pour renforcer la défense du Japon, M. Abe n'hésite pas à tenter d'enrôler les pays d'Asie du Sud-Est qui subissent aussi les appétits de Pékin en mer de Chine méridionale.

Parallèlement, M. Abe répète à l'envi que sa porte reste grande ouverte et qu'il est prêt à un sommet à tout moment avec les dirigeants de Chine et de Corée du Sud.

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