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Se renouveler ou périr: le défi des hippodromes français

Se renouveler ou périr: le défi des hippodromes français

Comment convaincre un novice de passer une soirée sur un champ de courses plutôt qu'au cinéma ou au concert? C'est le défi des très nombreux, et aujourd'hui un peu désuets, hippodromes français.

Vendredi soir sur l'hippodrome de Vincennes, dans l'Est parisien, alors que les habitués trépignent au bord de la piste, leur ticket de PMU (pari) serré dans la main, une autre clientèle expérimente les frissons du pari hippique.

Ces amateurs, venus en amis, en famille ou en couple, pour profiter des "happy hours", sont chouchoutés: ils reçoivent une coupe de pétillant, visitent les écuries et se voient expliquer les subtilités du pari, souvent obscur pour les non-initiés.

Des attentions particulières car même un vendredi 13, jour de chance pour les superstitieux, les tribunes de ce temple du trot aux portes de Paris ne sont qu'à moitié pleines, à l'image de la situation au niveau national.

"Il y a une érosion des visites, liée à un vieillissement de la population, une urbanisation croissante, une offre de loisirs plus importante", reconnaît Alain Le Menaheze, de la Fédération nationale des courses françaises (FNCF). "Les hippodromes présentent peut-être un aspect un peu archaïque, qui fait aussi son charme".

Avec 245 champs de courses, spécialisés dans le trot, le plat ou l'obstacle, la France détient le record du monde du nombre d'hippodromes.

Une soixantaine organisent des courses PMU (pari mutuel urbain). Mais même dans les plus prestigieux, comme Vincennes (plat), Longchamp (galop) ou Auteuil (obstacle), tous situés en lisière de Paris, difficile d'attirer du monde alors que les courses s'enchaînent chaque jour et sont retransmises en direct sur la chaîne de télévision spécialisée Equidia ou dans les nombreux points de vente PMU.

Les paris réalisés en hippodromes "représentent moins de 2% du total des paris hippiques", souligne Philippe Germond, PDG du PMU, groupement d'intérêt économique réunissant 50 sociétés de courses.

Paradoxalement, les nombreux hippodromes qui ne sont ouverts que quelques jours par an ne sont pas ceux qui souffrent le plus.

Animés par des bénévoles, leurs frais de fonctionnement sont moindres. "Vraiment ancrés" sur leurs territoires, "ils font partie des endroits où aller", commente M. Le Menaheze. "Alors que quand on est dans une grande ville, il y a une telle concurrence de loisirs..."

"Les gens nous connaissent mais ne sont pas forcément venus", reconnaît Christelle Bernard, chargée de communication pour les hippodromes de Lyon (centre-est), fréquentés chaque année par 40.000 personnes. "Notre objectif c'est de les faire venir au moins une fois dans l'année, voire de les fidéliser."

Mais comment attirer un néophyte dans ce temple des turfistes? "Il faut se rendre plus lisible, plus compréhensible pour le grand public", dit Jean-Christophe Giletta, directeur adjoint de la société de courses France-Galop.

Coachs à disposition des apprentis parieurs, animations pour les enfants mais aussi food trucks sur les grands prix: les hippodromes ont commencé leur mue.

A Chantilly, à 50 km au nord de Paris, pour le prestigieux prix de Diane, des dames aux chapeaux extravagants côtoyaient des curieux en casquettes. Les nouveaux venus pouvaient parier gratuitement et recevaient, en cas de victoire, des petits cadeaux. "C'est la première fois que je parie, j'y vais au pif!" s'amusait Nicole, 50 ans.

La sortie à l'hippodrome "c'est à faire au moins une fois", estime Sayan, 20 ans, qui a découvert le trot à Vincennes. "Ca change!"

De plus en plus, les hippodromes organisent des événements pour la Fête des mères, Halloween ou la rentrée des classes. Objectif: attirer des familles, "car le renouvellement viendra de là", croit M. Le Menaheze.

A France-Galop, on réfléchit "à la création d'un championnat, de fin avril à fin octobre, qui regrouperait les plus belles courses. Ce serait notre Ligue 1 à nous", rêve M. Giletta.

Sur les champs de courses, reste en tout cas à franchir quelques obstacles car, comme le résume Christelle Bernard, "si on ne fait rien, il n'y aura plus personne sur l'hippodrome".

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