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François à la rencontre de l'Asie en Corée, accueilli par des tirs nord-coréens

François à la rencontre de l'Asie en Corée, accueilli par des tirs nord-coréens

Le pape François est arrivé jeudi à Séoul avec pour objectif de renforcer le catholicisme sur le continent et plaider pour la réconciliation intercoréenne, un pieux message auquel la Corée du Nord a répondu par une salve de missiles tirés en mer.

Le pape a été accueilli à l'aéroport Incheon par la présidente Park Geun-Hye et des écoliers qui lui ont offert des fleurs. Il a également rencontré sur le tapis rouge deux transfuges nord-coréens et des proches des victimes du ferry Sewol dont le naufrage en avril a fait plus de 300 morts, dont une majorité de lycéens.

Le souverain pontife s'est ensuite engouffré dans une petite Kia noire spécialement construite pour lui, souriant et saluant de la main la foule nombreuse massée au bord des routes.

Presque au même moment, la Corée du Nord tirait en mer trois missiles de courte portée, un moyen régulièrement utilisé par le régime pour manifester son mécontentement et menacer Séoul ainsi que ses alliés.

Le pape doit lancer un message de Séoul, non loin du 38e parallèle sur lequel a été tracée la frontière entre les deux Corées, pour tenter d'aider au rapprochement entre le sud capitaliste et le nord communiste séparés depuis 1953.

Répondant au souhait exprimé par la présidente Park que sa visite favoriserait la paix sur la péninsule, le pape a répondu qu'il était venu dans ce dessein, portant l'espoir de réconciliation "au plus profond de son coeur".

François célèbrera une "messe pour la paix et la réconciliation" sur la péninsule coréenne en la cathédrale de Myeong-dong à Séoul, le 18 août, au cinquième et dernier jour de sa visite en Corée du Sud.

Réprimé au Nord, le catholicisme prospère en revanche au Sud, "tigre" asiatique à la croissance fulgurante où Jean-Paul II s'était déjà rendu en 1989.

Les chrétiens, toutes catégories confondues, y sont plus nombreux que les bouddhistes. Les catholiques (10,7% de la population) y forment une Eglise vivante, influente, mais menacée par un certain embourgeoisement que le pape devrait secouer.

En raison du décalage horaire, le programme du premier jour sera allégé pour le pontife de 77 ans: cérémonie à la "Maison bleue" -- la présidence -- en présence de 800 personnalités du pays, puis rencontre avec ses 35 évêques.

Les trois objectifs du périple ont été énoncés par le Saint-Siège: le premier est un message pour l'évangélisation de l'Asie (où les catholiques représentent 3,2% mais croissent régulièrement) adressé à plusieurs milliers de jeunes venus de 23 pays, pour une mini-JMJ (Journée de la jeunesse catholique) du continent. Nul doute que les catholiques chinois seront au coeur de la pensée du pape.

Le pape François vient "s'adresser à tous les pays du continent", apportant un message pour "l'avenir de l'Asie", a déclaré le numéro deux du Vatican, le secrétaire d'Etat Pietro Parolin, dans une interview télévisée.

La dernière visite d'un pape en Asie remonte à celle de Jean-Paul II en Inde en 1999.

"Le voyage du pape est un symbole puissant de la reconnaissance du Vatican que c'est en Asie et en Afrique sub-saharienne que l'Eglise croît le plus rapidement", estime Lionel Jensen de l'université américaine de Notre Dame.

Le pape, qui envoie systématiquement un message aux autorités des pays qu'il survole lors de ses déplacements, a transmis ses "meilleurs voeux" au président chinois Xi Jinping et à ses "concitoyens". Il a imploré "la bénédiction divine de paix et de bien-être" pour la Chine.

Lors de la visite de Jean-Paul II en Corée du Sud il y a 25 ans, Pékin lui avait refusé l'accès à son espace aérien. Le Vatican et la Chine, qui compte plusieurs millions de catholiques, n'entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1951.

Selon des sources citées par l'agence catholique AsiaNews, une dizaine de prêtres présents en Corée du Sud pour la journée de la jeunesse catholique asiatique ont été avertis par le gouvernement chinois qu'ils auraient des problèmes à leur retour s'ils assistaient à la visite de François.

Un moment fort de cette visite sera la béatification samedi à la porte de Gwanghwamun à Séoul de Paul Yun Ji-chung et 123 autres martyrs des débuts du christianisme en Corée.

Une manière d'honorer la résistance des chrétiens asiatiques face aux nombreuses persécutions du passé, et de souligner le rôle des laïcs dans l'Eglise, puisque la foi chrétienne s'est répandue à travers des laïcs lettrés.

Vendredi, jour de l'Assomption et de la fête nationale, François célèbrera une messe dans le World Cup Stadium de Daejeon. Dimanche il rencontrera au "sanctuaire du martyr inconnu" de Haemi les évêques de toute l'Asie, moment pour délivrer un message au continent.

jlv-gab/pt

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