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Ukraine: Poutine annonce l'envoi d'un convoi, Kiev recadre l'offre russe

Ukraine: Poutine annonce l'envoi d'un convoi, Kiev recadre l'offre russe

La Russie a annoncé lundi l'envoi imminent d'un convoi exclusivement humanitaire dans l'est de l'Ukraine ravagé par les combats, mais Kiev a prévenu n'accepter de Moscou qu'une participation à une initiative internationale sous strict contrôle ukrainien.

L'initiative russe intervient alors que l'armée ukrainienne resserre chaque jour son étau autour des deux derniers bastions séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, Donetsk et Lougansk, au prix de nombreuses victimes, y compris civiles.

L'Occident accuse la Russie d'alimenter en armes les rebelles, ce que Moscou dément.

Le président russe Vladimir Poutine a annoncé dans un entretien téléphonique avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, que "la partie russe s'apprêtait à envoyer en Ukraine un convoi humanitaire en coopération avec la Croix-Rouge", selon un communiqué du Kremlin.

L'Occident, les Etats-Unis en tête, ont mis sévèrement en garde depuis plusieurs jours la Russie sur "l'illégalité" de toute intervention russe unilatérale sur le sol ukrainien sous couvert d'opération humanitaire.

Le porte-parole du Kremlin a assuré à l'AFP que le convoi russe, dont il n'a pu donner la date de départ, serait "sans escorte militaire", et que son principe en avait été convenu avec l'Ukraine.

Mais le gouvernement ukrainien a prévenu que la Russie pouvait tout au plus participer à une opération humanitaire internationale, destinée a priori à la seule ville de Lougansk, initiée et menée sous le contrôle étroit de Kiev.

Le président américain Barack Obama a "soutenu" cette initiative humanitaire du président ukrainien Petro Porochenko, et "a confirmé l'intention des États-Unis d'(y) prendre une part active", s'est félicité la présidence ukrainienne dans un communiqué.

José Manuel Barroso a pour sa part promis un soutien européen de 2,5 millions d'euros à l'aide humanitaire pour l'Ukraine, toujours selon Kiev.

Deuxième capitale régionale de l'est de l'Ukraine qui comptait 500.000 habitants avant les combats, Lougansk est, selon les autorités locales, confronté à un "blocus" et à une situation "critique" depuis neuf jours, alors que la ville n'a plus d'électricité, d'eau courante ou de réseau téléphonique, et que l'essence et les réserves de nourriture s'épuisent rapidement.

"Nous n'attendons aucun +convoi humanitaire+ d'aucune sorte", a prévenu le chef-adjoint de l'administration présidentielle ukrainienne Valeriy Chaly sur sa page Facebook.

"Il est question ici d'une initiative du président ukrainien en faveur d'une aide humanitaire internationale pour la population de (la ville de) Lougansk avec la participation de l'Union européenne, des Etats-Unis, de l'Allemagne, et d'autres partenaires (...) La Russie peut y prendre part. Mais tout se fera dans le respect des règles internationales, des lois ukrainiennes, par les postes frontières que nous contrôlons, sous l'égide du Comité international de la Croix Rouge", a souligné le responsable ukrainien.

Vladimir Poutine a dénoncé auprès de M. Barroso les conséquences "catastrophiques" de l'opération militaire ukrainienne dans l'Est alors que 300.000 civils ont déjà fui vers la Russie et les autres régions de l'Ukraine en quatre mois de conflit qui a fait plus de 1.300 morts.

Le président de la Commission européenne a pour sa part exprimé ses inquiétudes "face aux rassemblements de troupes russes à la frontière ukrainienne".

Selon l'Otan, le nombre de soldats à la frontière est passé de 12.000 hommes mi-juillet à 20.000 la semaine dernière. Un porte-parole militaire ukrainien a fait état lundi de 45.000 soldats présents actuellement.

Sur le terrain, la situation humanitaire dans les deux places fortes des séparatistes de Donetsk et Lougansk ne cesse de se dégrader alors que l'armée resserre son étau depuis plusieurs jours d'intenses combats et de tirs d'artillerie ayant tué plusieurs civils.

Les forces ukrainiennes, engagée depuis quatre mois dans une opération dans l'Est séparatiste qui a déjà coûté la vie à 568 soldats, ont notamment "bloqué la connexion entre les régions de Donetsk et Lougansk" avec la prise de la ville de Panteleïmonivka.

A Donetsk, chef lieu de la rébellion qui comptait un million d'habitants avec le début des combats, des tirs d'artillerie ont été entendus lundi dans tous les quartiers et des blindés rebelles ont été aperçus traversant le centre-ville. Au cours du week-end, trois civils y ont été tués et 16 autres blessés, selon les autorités locales.

Un obus est tombé lundi sur une prison à régime sévère de l'ouest de la ville, tuant un détenu et permettant à plus de 100 autres de s'échapper.

Selon le commandant d'un bataillon de volontaires intégré dans les forces ukrainiennes, la reconquête de la capitale séparatiste serait longue et "douloureuse".

"Il faudra au moins quelques semaines de combats (...) Il faut isoler quartier après quartier en créant des couloirs humanitaires", a déclaré au cours d'une conférence de presse Andriï Biletski, le commandant du bataillon Azov.

"Prendre une ville d'un million d'habitants est la plus difficile des opérations au XXIème siècle", a-t-il souligné.

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