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En Sierra Leone, la lutte contre Ebola bouleverse la vie quotidienne

En Sierra Leone, la lutte contre Ebola bouleverse la vie quotidienne

Transports bloqués, restrictions de déplacements dans des zones en quarantaine, livraisons suspendues, menaces de pénuries alimentaires: en Sierra Leone la lutte contre l'épidémie d'Ebola bouleverse la vie quotidienne.

Dans ce pays anglophone devenu le nouvel épicentre de cette flambée qui a fait plus de 960 morts en Afrique de l'Ouest (sur près de 1.800 cas confirmés, probables ou suspects) en huit mois, la situation est particulièrement compliquée pour les habitants de Kailahun et Kenema, deux districts de l'Est en quarantaine depuis jeudi.

Le confinement pourrait durer 60 à 90 jours, comme d'autres décisions relevant de l'état d'urgence décrété le 1er août par le président Ernest Bai Koroma pour lutter contre le virus, selon les autorités.

Les populations sous quarantaine ne doivent pas se déplacer en dehors des zones concernées. Pour y veiller, quelque 1.500 militaires et policiers étaient déployés à travers le pays sous le nom de code d'"Opération Octopus" (Pieuvre), a indiqué samedi le ministre de la Défense Paolo Conteh.

Depuis l'instauration de la quarantaine, le maire de Kenema, Joseph Kelfalah, a noté "une hausse des prix des denrées alimentaires" dans sa ville, la troisième du pays et importante cité minière. "Mais nous essayons d'y faire face", dit-il.

Samedi, selon des témoins, une poignée de camions d'ONG avec du matériel pour les humanitaires ont été autorisés à traverser le principal poste de contrôle de Gondama pour entrer dans Kenema, plus au sud.

Des usagers de taxis et bus collectifs et un livreur de boissons ont indiqué avoir essayé de s'y rendre, sans succès: ils ont été refoulés au barrage et renvoyés vers Bo, à 50 km de là.

A Kailahun, chef-lieu de district et centre d'activités commerciales et agricoles, la peur d'Ebola, les tracasseries aux postes de contrôle et l'éventualité d'être bloqué en dehors de la zone ont poussé de nombreux habitants à ne pas quitter leur domicile.

"Les plantations de cacao et de café sont abandonnées parce que les gens ont peur de s'éloigner de chez eux et se plaignent de pénuries alimentaires, surtout de riz", denrée prisée dans la région, explique un des résidents, Michael Suma.

Freetown, la capitale, n'est pas sous quarantaine mais il n'y est pas pour autant aisé de s'y déplacer en raison des perturbations dans les transports.

A la gare routière centrale, de nombreux usagers ne décolèrent pas, entre longs retards, annulations de rotations et valses d'un car à l'autre.

De leur côté, les transporteurs oscillent entre la crainte d'attraper le virus d'un passager contaminé et la nécessité de combler la baisse de leurs recettes.

David Sesay, responsable d'une association de transporteurs, croit savoir qu'une dizaine de ses collègues sont morts d'Ebola.

Selon la chef de l'Office national du Tourisme, Fatmatta Osagie, "plus de 33.000 touristes ont quitté la Sierra Leone depuis que l'épidémie y a été déclarée", entraînant un manque à gagner pour des secteurs comme l'hôtellerie, la restauration, le transport et divers petits métiers.

Car la Sierra Leone reste un pays pauvre malgré un fort potentiel économique. Elle recèle d'importantes richesses minières - diamants, bauxite, or, minerai de fer, pétrole off-shore, mais les revenus générés ne sont pas également répartis entre ses quelque 6 millions d'habitants.

Après une guerre civile de onze ans (1991-2002) qui a fait environ 120.000 morts et ruiné son économie, le pays avait réussi à attirer des investissements très importants, notamment pour la prospection de pétrole et l'agriculture. Autant d'efforts menacés par l'actuelle épidémie.

Les autorités reconnaissent que les mesures contre Ebola sont sévères mais les estiment nécessaires.

Elles "visent toutes à arrêter la transmission du virus Ebola", assure un responsable de la police, Karrow Kamara.

"Nous avons besoin de lois fortes pour lutter contre la maladie", soutient de son côté le ministre de l'Education, Minkailu Bah, rappelant notamment que les écoles ont été fermées dans les zones affectées comme Kailahun. Rien que dans cette ville, précise-t-il, "nous avons perdu 12 enseignants, décédés d'Ebola".

Au total, 298 morts ont été recensés en Sierra Leone sur 717 cas confirmés, suspects ou probables d'Ebola, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

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