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Présidentielle en Indonésie: l'ex-général perdant lance l'offensive devant la justice

Présidentielle en Indonésie: l'ex-général perdant lance l'offensive devant la justice

Le candidat malheureux à la présidentielle du 9 juillet en Indonésie, l'ex-général Prabowo Subianto, a comparé mercredi son pays à "un régime totalitaire comme la Corée du Nord", devant la Cour constitutionnelle où il dénonce des résultats entachés de fraudes massives.

Dans un discours offensif au premier jour de l'examen de son recours devant les juges de la juridiction suprême, Prabowo a dénoncé "la malhonnêteté et l'injustice" du scrutin remporté largement par son rival, le gouverneur de Jakarta, Joko Widodo, surnommé Jokowi, qui a recueilli 53,15% des voix, contre 46,85% pour Prabowo, selon les résultats officiels annoncés le 22 juillet.

"Il y a des centaines de bureaux de vote où notre coalition n'a recueilli aucune voix. Cela ne pourrait arriver que dans un régime totalitaire comme la Corée du Nord", a lancé Prabowo, un ancien militaire accusé par les ONG de violations des droits de l'homme sous le régime autoritaire de Suharto (1967-1998), dont il est l'ex-gendre.

"Dans un pays normal, ce n'est pas possible", a-t-il ajouté, alors que quelques centaines de partisans de l'ex-général étaient rassemblés devant le bâtiment de la Cour constitutionnelle autour duquel des policiers antiémeutes ont été déployés dans le cadre d'un important dispositif de sécurité.

Des analystes ont estimé que la présidentielle du 9 juillet dans ce pays d'Asie du Sud-Est de 250 millions d'habitants, la troisième plus grande démocratie au monde, avait été l'une des plus libres et des plus équitables de l'histoire en Indonésie, et avaient mis en exergue sa transparence exemplaire.

Mais l'équipe de Prabowo affirme dans les multiples documents déposés devant la haute juridiction que des fraudes au détriment de l'ex-général ont été constatées dans 52.000 bureaux de vote de l'archipel, sur un total de 21 millions de bulletins de vote. Prabowo reproche à la commission électorale, chargée du bon déroulement du scrutin, de ne pas avoir ordonné un nouveau comptage des bulletins, et affirme qu'il est le vainqueur.

"Nous avons été traités de façon injuste, alors nous avons le droit d'être en colère", a-t-il encore dit.

Selon les résultats officiels de l'archipel totalisant près de 190 millions de voix, Jokowi a obtenu près de 71 millions de voix contre 62,5 millions pour Prabowo. Le taux de participation a atteint près de 71%.

Les juges de la Cour constitutionnelle vont devoir décider dans un premier temps si les documents déposés par l'équipe de Prabowo sont conformes aux règles de procédure, avant d'examiner le litige proprement dit. La juridiction a jusqu'au 21 août pour rendre sa décision.

Aux yeux de l'analyste Tobias Basuki, du Centre d'études internationales et stratégiques, le recours de Prabowo a "très peu de chances d'aboutir".

Des recours en vue de contester les résultats de l'élection présidentielle avaient déjà été déposés à l'issue des deux précédents scrutins, en 2004 et 2009, mais avaient été rapidement écartés par la Cour constitutionnelle faute de preuves suffisantes.

La présidentielle du 9 juillet est la plus disputée depuis la transition démocratique dans le plus grand archipel du monde après la chute du dictateur Suharto (au pouvoir de 1967 à 1998), marquée par des violences qui avaient fait des dizaines de morts.

La victoire de Jokowi, ancien vendeur de meubles issu d'un milieu modeste et sans aucun lien avec le régime autocratique du passé, marque l'avènement d'une nouvelle génération d'hommes politiques dans le plus grand pays musulman au monde.

Agé de 53 ans, Jokowi entend poursuivre les réformes démocratiques de l'ère post-Suharto. Il est appelé à prendre ses fonctions le 20 octobre, date de la fin du mandat de l'actuel chef de l'Etat, Susilo Bambang Yudhoyono.

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