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La BCE devrait rester immobile jeudi malgré l'inflation très faible

La BCE devrait rester immobile jeudi malgré l'inflation très faible

La Banque centrale européenne (BCE) ne devrait pas annoncer de mesure nouvelle lors de sa réunion mensuelle, jeudi, en dépit d'un nouveau ralentissement de l'inflation en juillet en zone euro qui maintient la pression sur ses épaules.

Aucun analyste ne mise en effet sur une intervention supplémentaire de l'institution monétaire de Francfort, qui avait dévoilé début juin un vaste arsenal d'outils destiné à soutenir le crédit et la croissance dans la région.

L'institution devrait donc rester sourde -dans l'immédiat- aux appels à une action plus vigoureuse, après que la hausse des prix en zone euro a encore ralenti en juillet, s'affichant à 0,4%, soit son plus bas niveau depuis octobre 2009 et le dixième mois consécutif sous la barre des 1%.

Ce chiffre, très éloigné de l'objectif de la BCE d'une inflation légèrement inférieure à 2% à moyen terme, lui a notamment valu les critiques du chef du gouvernement français Manuel Valls, qui a jugé vendredi la BCE "impuissante" face au risque de déflation.

Jeudi, "la BCE voudra certainement maintenir les marchés dans l'idée qu'elle conserve des cartes dans son jeu", estime Howard Archer, chef économiste d'IHS pour l'Europe.

Mais les gardiens de l'euro ont "signifié de façon claire qu'ils sont en mode attente pour les prochains mois, ne serait-ce que parce qu'il va falloir du temps pour que (les mesures) de juin produisent pleinement leurs effets", ajoute-t-il.

En particulier, ils vont surveiller les retombées du programme de prêts ciblés et à très long terme (TLTRO), qui doit permettre aux banques de se financer à des conditions avantageuses tout en les incitant à prêter davantage aux entreprises. Le premier de ces prêts ne sera toutefois accordé qu'en septembre.

La BCE avait aussi annoncé une baisse de son principal taux directeur, porté à 0,15%, son plus bas niveau historique, ainsi qu'une baisse de son taux de dépôt en territoire négatif, une première pour une grande banque centrale. Cette dernière mesure est aussi destinée à encourager les banques à prêter aux ménages et aux entreprises, en imposant une pénalité financière à celles qui stockent leurs liquidités pour 24 heures auprès d'elle.

Sur le front des bonnes nouvelles, la reprise économique en zone euro s'est poursuivie, avec une baisse du chômage en juin à son plus bas niveau depuis septembre 2012, une nette amélioration de l'activité privée en juillet, ainsi qu'une détente du taux de change de l'euro face au dollar.

L'horizon est pourtant loin d'être dégagé, comme en témoignent la situation de l'Italie, qui est retombée en récession au deuxième trimestre, ou encore l'évolution des commandes à l'industrie allemande, qui ont enregistré en juin leur plus fort recul depuis près de trois ans.

Pour ne rien arranger, l'inquiétude est de mise parmi les milieux économiques face au durcissement des tensions géopolitiques, alors que la Russie a annoncé mercredi ses premières mesures de riposte aux sanctions imposées par Européens et Américains, qui accusent Moscou d'attiser le feu dans l'est de l'Ukraine.

"Le vrai risque, c'est Poutine, pas l'inflation basse", juge Christian Schulz, analyste pour la banque Berenberg.

Selon lui, "il y a un risque d'escalade sérieuse dans la crise en Ukraine. Si ce risque se matérialise, il pourrait entraîner une réponse forte de la BCE", telle qu'un programme d'achats massifs d'actifs (quantitative easing ou QE).

Pas sûr toutefois qu'une telle mesure porte ses fruits: un QE, avec des achats de dettes privées ou publiques "serait assez inefficace en zone euro" étant donné "le désendettement du secteur privé, l'absence de besoin de liquidités des banques (...), ainsi que les taux d'intérêts déjà très faibles", jugent les analystes de Natixis.

Pour les mêmes raisons, "il est peu probable que les mesures prises en juin par la BCE aient un effet important sur l'équilibre économique de la zone euro", pronostiquent-ils.

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