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Cuba: 20 ans après la crise des "balseros", l'exode continue

Cuba: 20 ans après la crise des "balseros", l'exode continue

Confrontés à des conditions de vie difficiles, les Cubains continuent d'émigrer massivement, vingt ans après la "crise des balseros" qui avait vu quelque 37.000 personnes se jeter à la mer sur des embarcations de fortune pour gagner les Etats-Unis.

Cette vague d'émigration sauvage intervenait au pire de la crise économique qui a suivi l'effondrement de l'empire soviétique et avait constitué la première grande protestation populaire contre le régime de Fidel Castro, alors au pouvoir depuis 35 ans.

Elle avait également conduit à des négociations secrètes avec Washington pour mettre en place une politique d'immigration, encore appliquée aujourd'hui.

Aujourd'hui, même si le pire de la crise économique est passé, quelque 40.000 Cubains émigrent chaque année, pour la plupart de manière légale.

"La principale raison de partir est économique. Même si on a une bonne formation, qu'on est un bon professionnel, qu'on travaille dur, on ne s'en sort pas avec ce qu'on gagne", explique à l'AFP une professeur de 34 ans, qui préfère conserver l'anonymat tandis qu'elle effectue ses formalités pour émigrer au Canada.

"Je vois mes parents, des retraités qui ont toujours été dans la Révolution, qui ont travaillé pour elle, aujourd'hui ils vivent dans des conditions déplorables, et ça je ne le supporte pas, vraiment je ne peux pas le supporter", ajoute cette jeune femme qui vit d'un salaire mensuel de l'ordre de vingt dollars.

Ayant succédé à son frère Fidel en 2006, le président Raul Castro a entrepris des réformes qui ont largement favorisé l'émigration. Aujourd'hui, l'émigrant ne perd plus tous ses biens en quittant Cuba comme c'était le cas auparavant.

Une nouvelle loi entrée en vigueur en janvier 2013 permet de voyager plus librement, sans autorisation préalable, et permet de rester à l'étranger plus longtemps, et de revenir à Cuba.

"Je m'en vais pour rejoindre mes deux filles, qui vivent depuis novembre à Miami avec leur mère", explique à l'AFP un technicien de laboratoire pharmaceutique de 55 ans, qui a obtenu un visa d'un pays d'Amérique centrale à partir duquel il compte rejoindre les Etats-Unis.

Miami et la Floride, où vivent 1,5 million de Cubains et leur descendance, soit près des trois quarts de la diaspora cubaine, reste une destination de choix. Mais de plus en plus de Cubains choisissent l'Espagne ou l'Amérique latine.

Depuis la crise des "balseros", quelque 600.000 Cubains ont quitté l'île légalement, pour une population qui décroît un peu chaque année et compte aujourd'hui 11,1 millions d'habitants.

Aux termes des accords conclus après négociations entre Fidel Castro et le président américain Bill Clinton, les Etats-Unis délivrent chaque année 20.000 visas. D'autres pays, tels le Canada et l'Espagne, ont également des programmes d'immigration.

Mais malgré ces facilités, nombre de Cubains n'ont pas les moyens d'obtenir un visa, ni l'argent nécessaire au billet d'avion et au passeport.

Et se jettent à l'eau à bord d'une "balsa", un radeau de fortune qui ne les met pas toujours à l'abri des courants et des requins, pour traverser les 150 km qui séparent Cuba de la Floride. D'autres optent pour les côtes du Mexique ou d'Amérique centrale.

Officiellement, depuis 1994, les Etats-Unis observent une politique de "pieds secs, pieds mouillés": si les migrants touchent terre, ils se voient offrir des facilités pour rester aux Etats-Unis. Mais s'ils sont interceptés en mer, ils sont renvoyés à Cuba.

Aucun chiffre officiel des "balseros" parvenus aux Etats-Unis ou renvoyés à Cuba ne sont publiés, mais régulièrement des nouvelles sont publiées sur des Cubains ayant réussi à quitter l'île.

Régulièrement aussi sont annoncées les défections d'artistes ou de sportifs qui profitent d'une tournée à l'étranger pour ne pas revenir à Cuba.

Mais aucune nouvelle n'est jamais donnée des Cubains qui quittent l'île sur leur radeau et disparaissent à jamais dans le détroit de Floride ou le golfe du Mexique.

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