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Gaza: indignation internationale après une nouvelle frappe sur une école

Gaza: indignation internationale après une nouvelle frappe sur une école

Israël faisait à nouveau face à l'indignation internationale dimanche après une frappe qui a tué au moins dix Palestiniens dans une école de l'ONU alors même qu'il opérait un début de retrait de ses troupes au sol dans la bande de Gaza.

La responsabilité de ce tir n'a pas été formellement établie. L'armée israélienne a déclaré qu'elle avait "pris pour cible trois terroristes du Jihad islamique montés sur une moto à proximité d'une école de l'UNRWA à Rafah", la ville du sud du territoire soumise depuis vendredi à un pilonnage intensif, et qu'elle examinait "les conséquences qu'a eues cette frappe".

Dans un communiqué publié dans les premières heures de la journée de lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que contrairement aux miliciens islamistes du Hamas, qui ont tiré ces dernières semaines des milliers de roquettes visant des civils israéliens, Israël ne cible pas des civils palestiniens.

"Israël ne dirige pas son feu vers des civils et regrette toute attaque qui frappe des civils de manière non intentionnnelle", a dit M. Netanyahu, sans évoquer directement la question du tir sur l'école à Rafah.

Au 27e jour de la guerre, 71 personnes ont encore péri dans le seul secteur de Rafah, selon les secours locaux.

Par ailleurs, les services de secours palestiniens ont fait état de la mort dimanche soir d'au moins sept personnes dans un raid aérien israélien dans le nord de la bande de Gaza.

Mais c'est la frappe contre l'école gérée par l'agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) transformée en centre d'accueil pour environ 3.000 réfugiés qui a soulevé la plus vive émotion.

C'est la troisième fois en dix jours qu'une école de l'ONU est atteinte. Une trentaine de Palestiniens ont déjà été tués dans des frappes sur des écoles à Beit Hanoun le 24 juillet et à Jabaliya le 31 juillet.

"C'est un scandale du point de vue moral et un acte criminel", ainsi qu'une "nouvelle violation flagrante du droit humanitaire international", s'est indigné le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Les Etats-Unis, principaux alliés d'Israël, se sont dits "consternés" par un "bombardement honteux".

M. Ban et Washington n'ont pas désigné expressément Israël comme responsable. Mais ils ont souligné que l'armée israélienne était très bien informée de la localisation des refuges de l'ONU.

Le président français, François Hollande, a jugé "inadmissible" le bombardement de cette école et demandé que les responsables de cette action, qu'il n'a pas désignés, "répondent de leurs actes".

Un correspondant de l'AFP a rapporté des scènes de chaos, les secouristes se démenant comme ils pouvaient pour évacuer les blessés, au milieu de Gazaouis courant hors d'haleine dans les mares de sang avec des enfants dans les bras.

Prises par les photographes de l'AFP à la morgue, les images de bébés morts ou de proches pleurant les neuf membres de la famille al-Ghul décimée par une frappe sur leur maison rendent compte du sort subi depuis vendredi par la population de Rafah.

Les Palestiniens accusent les Israéliens. Le tir de Jabaliya a déjà été présenté par les Nations unies et les Etats-Unis comme le fait probable des Israéliens. Ces derniers accusent le Hamas de se servir des civils comme boucliers humains et des hôpitaux et des écoles pour tirer des roquettes sur Israël.

Mais même cela "ne justifie pas des raids qui mettent en danger autant de vies de civils innocents", a dit le département d'Etat américain.

Rafah, cité étendue débordant sur l'Egypte dans le sud de l'enclave palestinienne, subit un pilonnage intensif depuis que trois soldats israéliens y ont été tués vendredi au cours de combats qui ont fait voler en éclats le seul cessez-le-feu accepté à la fois par Israël et le Hamas. Deux cents personnes au moins y ont péri sous les bombes.

Selon des sources médicales, la guerre a tué environ 1.800 Palestiniens. Côté israélien, 64 soldats et trois civils ont été tués.

"Cette folie doit cesser", a dit le secrétaire général de l'ONU tandis que les appels au cessez-le-feu d'une communauté internationale jusqu'alors impuissante se faisaient à nouveau plus pressants.

Israël poursuit cependant l'opération "Bordure protectrice", déclenchée le 8 juillet pour tenter de faire cesser les tirs de roquettes et détruire les tunnels permettant au Hamas d'intervenir sur le sol israélien.

Mais l'armée israélienne a confirmé pour la première fois officiellement dimanche avoir entrepris de retirer un certain nombre de soldats, sans préciser combien, tandis qu'elle en redéployait d'autres à l'intérieur de la bande de Gaza.

"Nous en retirons certains, nous en changeons certains (de position) à l'intérieur (du territoire), cette mission est en cours", a dit à l'AFP le porte-parole de l'armée, Peter Lerner.

Une centaine de chars auprès desquels des soldats s'affairaient ou prenaient du repos stationnaient dimanche après-midi côté israélien après avoir franchi la frontière de Gaza qu'ils avaient passée dans l'autre sens le 17 juillet, quand l'armée avait mis en oeuvre la phase terrestre de "Bordure protectrice".

Sans parler de début de retrait, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait laissé entendre samedi soir que "Bordure protectrice" allait entrer dans une nouvelle phase, maintenant que l'armée avait presque achevé son entreprise de démolition des tunnels.

Cette partie de l'opération sera terminée "probablement au cours des prochaines 24 heures", a assuré M. Lerner. Mais "la mission se poursuit, elle n'est pas terminée", a-t-il répété, précisant juste: "On change de braquet".

Samedi soir, M. Netanyahu et le Hamas ont affirmé leur détermination à poursuivre le combat.

Une "catastrophe sanitaire de grande ampleur" est pourtant en train de se produire dans la bande de Gaza, dont les 1,8 million d'habitants sont pris au piège des combats sur un tout petit territoire, s'est alarmée l'ONU.

La situation à Gaza est devenue "intolérable" pour la population civile, a abondé le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond. M. Hammond, mais aussi l'Union européenne et la Chine ont demandé aux deux belligérants un arrêt immédiat des combats.

Mais, après l'échec d'un cessez-le-feu vendredi, Israël a délivré le message de la plus grande fermeté pour signifier que le conflit s'achèverait selon les termes qu'il déciderait, et qu'il n'y aurait aucune concession faite à une organisation, selon lui, aussi peu digne de confiance que le Hamas.

Israël a ainsi décidé de ne pas envoyer de représentants au Caire où une délégation palestinienne incluant des membres du Hamas a remis dimanche au médiateur égyptien un ensemble de demandes, dont la fin du blocus de Gaza, en vue d'un cessez-le-feu.

bur-lal/hj/sym

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