Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'argent de la troïka, bouée de sauvetage pour Banco Espirito Santo

L'argent de la troïka, bouée de sauvetage pour Banco Espirito Santo

Tout juste sorti de son plan d'assistance internationale, le Portugal risque d'être amené à puiser de nouveau dans l'argent de la troïka (UE-FMI-BCE) de ses créanciers pour renflouer Banco Espirito Santo et calmer la panique des investisseurs.

Le temps presse: en chute vertigineuse depuis le 20 juin, le titre Banco Espirito Santo a été suspendu vendredi après-midi à la Bourse de Lisbonne, alors qu'il plongeait de plus de 40%.

Le plan de recapitalisation doit être bouclé avant l'ouverture des marchés lundi et pourrait être présenté par la Banque du Portugal dès dimanche soir, selon les médias portugais.

Après avoir longtemps écarté ce scénario, le gouvernement semble se résoudre à puiser dans l'enveloppe de 12 milliards d'euros réservée aux banques dans le cadre du plan de sauvetage, dont il reste 6,4 milliards d'euros.

Frappée de plein fouet par son exposition à la dette de l'empire Espirito Santo, plus importante que prévu, la banque avait publié mercredi une perte semestrielle record de 3,57 milliards d'euros.

Une injection de capitaux s'impose au plus vite, car ses réserves financières se sont évaporées, ramenant son ratio de fonds propres à 5%, en dessous du minimum requis de 7%.

"La stabilité financière est très importante pour notre économie, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour la préserver", a déclaré vendredi le Premier ministre Pedro Passos Coelho.

Le Portugal était sorti en mai de son plan d'aide internationale de 78 milliards d'euros négocié en 2011, sans demander une rallonge à ses partenaires européens.

En lien étroit avec Bruxelles, le Portugal cherche désormais à "renforcer les fonds propres de la banque en accord avec les règles européennes", a déclaré à l'AFP une source proche du gouvernement.

En vertu de la nouvelle législation européenne, les actionnaires et créanciers subordonnés sont désormais priés de contribuer financièrement en premier ressort avant qu'une banque ne puisse solliciter une aide de l'Etat.

Le cas du Portugal pourrait représenter un test grandeur nature du système complexe de la future union bancaire européenne qui vise à éviter aux contribuables de payer pour les banques.

Pour les marchés, "la grande question est de savoir si le Portugal ira très loin dans la mise à contribution des créanciers en prenant le risque de déstabiliser le système financier", a déclaré à l'AFP Gilles Moec, chef économiste chez Deutsche Bank.

BES est la seule des grandes banques portugaises à avoir renoncé jusqu'ici à être renflouée par l'Etat. La famille Espirito Santo avait voulu éviter à tout prix un scénario rappelant les mauvais souvenirs de la nationalisation de la banque en 1975, après la Révolution des Oeillets.

Sans aller jusqu'à une nationalisation, le gouvernement de centre droit pourrait, comme dans le passé, acquérir des titres de dette "Cocos", qui se transforment obligatoirement en actions si la santé de la banque se dégrade encore.

Parallèlement aux tractations avec l'Etat, le nouveau PDG Vitor Bento, qui a remplacé Ricardo Salgado, s'affaire pour attirer des investisseurs privés intéressés par une augmentation du capital.

Seul ennui, les actionnaires qui ont participé en juin à la dernière augmentation du capital de 1,04 milliard d'euros ont déjà perdu plus de 80% de leur mise, avec un cours en Bourse qui a fondu à 0,12 euro.

Au total, "le montant de l'aide à Banco Espirito Santo devrait atteindre 4 milliards d'euros, entre augmentation du capital et fonds publics", a calculé Pedro Lino, analyste chez Dif Broker.

Le gouvernement redoute que la découverte d'irrégularités comptables à hauteur de 1,5 milliard d'euros au sein de la banque, imputée à la gestion de l'ancien PDG, ne nuise à l'image du pays et ne refroidisse les investisseurs.

Et la reprise économique du pays est encore fragile: "il y aura certainement un impact sur l'économie", a reconnu le porte-parole du gouvernement Luis Marques Guedes.

bh/ih

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.