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Nigeria: 5 morts dans un attentat contre une église à Kano, les festivités de l'Aïd annulées

Nigeria: 5 morts dans un attentat contre une église à Kano, les festivités de l'Aïd annulées

Cinq personnes ont péri dimanche au Nigeria dans un attentat contre une église chrétienne à Kano, la grande ville du Nord musulman, dont les autorités religieuses ont annulé les festivités de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan.

Une kamikaze s'est également fait exploser près d'une université de la ville, blessant cinq policiers, et un autre attentat a été déjoué, selon les autorités.

Peu après la messe, "cinq personnes sont mortes et huit autres ont été blessées" dans l'explosion d'une bombe devant l'église catholique Saint Charles, dans le quartier chrétien de Sabon Gari, a déclaré Frank Mba, le porte-parole de la police nigériane.

Il s'agissait "sans doute d'un EEI" (engin explosif improvisé), a-t-il précisé. Idowu Kazim, un mécanicien proche du drame, dit avoir entendu une énorme explosion vers 14H15 (13H15 GMT).

Le quartier avait déjà été visé par des attentats du groupe islamiste armé Boko Haram. Le dernier avait fait au moins un mort et huit blessés dans une gare routière jeudi. En mai, une voiture piégée conduite par un kamikaze y avait également tué quatre personnes, dont une fillette.

La tuerie à l'église est survenue peu après une tentative d'attentat suicide contre l'université du Nord-Ouest de Kano, selon M. Mba.

"Une femme kamikaze a été isolée" par des policiers, à cause de son comportement inhabituel, "alors qu'elle marchait en direction de l'entrée de l'université", a-t-il rapporté.

Les policiers allaient appeler des collègues féminines pour la fouiller quand la kamikaze en hijab a déclenché sa bombe, se tuant et blessant cinq policiers, selon M. Mba.

Le 23 juin, une bombe avait explosé dans une autre université de Kano, l'Institut supérieur de santé, faisant au moins huit morts et 12 blessés.

Les deux attaques de dimanche n'ont pas été revendiquées mais les soupçons se portent comme d'habitude sur Boko Haram, dont l'insurrection a fait plus de 10.000 morts depuis 2009 (plus de 2.000 depuis le début de l'année), d'abord dans le nord-est du Nigeria - son fief - et dorénavant ailleurs dans le pays, jusque dans la capitale Abuja, et dans les pays voisins.

Soutenus par une partie de la population majoritairement musulmane du Nord, pauvre et se sentant abandonnée par l'Etat fédéral corrompu, les islamistes ont multiplié les exactions cette année: massacres de civils, attentats sanglants, enlèvements.

Ils font parfois appel à des femmes, notamment comme espionnes, mais l'AFP n'avait jamais eu vent de l'utilisation d'une femme comme kamikaze par le groupe armé.

Kano, deuxième plus grande ville du Nigeria et grand carrefour commercial, est fréquemment visée par des attaques, parfois quasi quotidiennement.

La police de la ville a également annoncé dimanche avoir déjoué un attentat à la voiture piégée visant une mosquée et le domicile attenant de Sheikh Isyaku Rabiu, un dignitaire musulman.

"Une bombe déclenchable à distance a été placée hier (samedi) dans une voiture abandonnée près de la mosquée Sheikh Isyaku Rabiu. La police a été alertée par des habitants (...) Nos spécialistes en explosifs ont pu désactiver l'EEI", a déclaré le porte-parole de la police de Kano, Musa Magaji Majia.

Boko Haram, qui revendique la création d'un Etat islamique dans le Nord, a déjà tenté d'assassiner - et parfois réussi - des dignitaires religieux accusés de collaborer avec le gouvernement fédéral du président Goodluck Jonathan, un chrétien du Sud.

Le climat général a poussé l'émir de Kano, Sanusi Lamido Sanusi, la principale autorité religieuse locale, à annuler les festivités de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan.

"Au vu de la situation (sécuritaire) critique dans laquelle nous nous trouvons, sa majesté royale a annulé toutes les festivités (...) et les événements traditionnels qui se tiennent en général durant la fête de l'Aïd", a déclaré dimanche Aminu Ado Bayero, un conseiller de l'émir.

Les célébrations de l'Aïd à Kano, qui devaient durer six jours, existent depuis près de 500 ans et ont longtemps été une attraction majeure, avec un défilé de chevaux, le "durbar", où des cavaliers aux turbans colorés rendent hommage à l'émir, une des personnalités les plus influentes de la communauté musulmane du Nigeria.

Les festivités avaient déjà été annulées en 2012 et 2013, officiellement à cause de l'état de santé du précédent émir Ado Bayero, décédé récemment d'un cancer.

cdc/mba/sba

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