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Exposition «Colle, papier, ciseaux» : Claude Lafortune bricole encore (PHOTOS)

Exposition «Colle, papier, ciseaux» : Claude Lafortune bricole encore (PHOTOS)
Courtoisie

Il a bricolé avec les enfants au petit écran pendant plus de 30 ans. Mais, même s’il est à la retraite depuis une quinzaine d’années, Claude Lafortune n’a jamais délaissé le papier et les ciseaux pour autant. Il a toujours continué de créer de ses mains des personnages colorés, plus vrais que nature. Et il en exhibe quelques-uns dans l’exposition Colle, papier, ciseaux, qui est en vedette au Centre historique des Sœurs de Sainte-Anne de Lachine jusqu'au 31 octobre, après avoir été présentée à Nicolet, Longueuil, Valleyfield et au Nouveau-Brunswick.

Colle, papier, ciseaux offre une rétrospective de la carrière de Claude Lafortune et étale quelques 45 figures historiques conçues par l’animateur de L’Évangile en papier et Parcelles de soleil depuis environ huit ans. Une trentaine d’entre elles ont été réalisées expressément pour l’exposition. On y retrouve, entre autres, des sculptures de Maisonneuve, Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys, Abraham, Sainte-Anne, Ludwig Van Beethoven et du pape Jean XXIII, pour ne nommer que ceux-là.

«J’essaie toujours d’exprimer ce que chaque personnage inspire chez moi, explique Claude Lafortune. J’ai choisi des gens qui me touchaient, par leur pensée, leur philosophie, leur époque. Cette exposition, c’est un rêve que je caressais. Je suis très content, à mon âge avancé, que mes personnages de papier puissent continuer de voyager en mon nom (sourire).»

Une carrière qui a filé vite

Malgré son «âge avancé», l’homme de 78 ans paraît en excellente forme physique. «Pour un petit vieux, oui, oui!», assure-t-il, le regard taquin. Il faut dire que Claude Lafortune a su se garder jeune en faisant toujours ce qu’il aime, dans la vie. Celui qui a longtemps été décorateur dans le milieu de la télévision – il a bâti, notamment, les décors de Sol et Gobelet, La Ribouldingue et La Souris verte – a ensuite transporté sa passion devant la caméra, où il a marqué toute une génération de gamins en laissant parler son cœur comme s’il avait lui aussi cinq, sept ou neuf ans.

«J’ai été chanceux. J’ai eu une belle carrière, qui a passé trop vite. La vie passe vite. Quand je regarde les émissions que j’ai faites il y a plusieurs années, il me semble que ça ne fait pas si longtemps que ça. Je me sens en forme. J’ai fait un métier que j’aimais et que j’étais le seul à pratiquer. Je jouais comme un enfant avec du papier, des ciseaux, de la colle. J’ai gagné ma vie et j’ai élevé mes enfants avec ça .J’ai vécu de mes papiers pendant 26 ans et je continue de le faire. J’ai inventé mon métier et j’ai été privilégié de pouvoir le faire.»

Il y a d’abord eu L’Évangile en papier, en 1975, son rendez-vous télévisuel qui a duré le moins longtemps, seulement un an, mais qui demeure le projet auquel on l’associe le plus.

«Quand on parle de moi, c’est toujours par rapport au papier, s’amuse Claude Lafortune. L’Évangile en papier a duré seulement un an et a marqué toute ma vie. J’ai eu un impact, de bonnes cotes d’écoute. Et pourtant, ça ne pouvait pas être plus simple : du papier, des ciseaux, de la colle, un petit peu d’imagination et un petit peu d’amour. L’amour des enfants et l’amour de la matière, de la création.»

Puis, en 1987, il proposait aux bambins une nouvelle tribune pour se divertir en sa compagnie, Parcelles de soleil. Le communicateur y prônait l’ouverture à la différence et le respect en invitant chaque semaine un tout –petit malade ou rejeté à discuter avec lui. La formule lui avait été suggérée par la maman d’un garçon souffrant d’obésité, qui était victime de railleries de la part de ses camarades et avait fini par s’enlever la vie. Toujours en bricolant avec ses jeunes téléspectateurs, Claude Lafortune souhaitait transmettre un message d’amour, de solidarité et de compassion.

Entre L’Évangile en papier et Parcelles de soleil, Claude Lafortune a été l’hôte de différents concepts, tous logés dans une case-horaire du dimanche matin.

«Je faisais partie des familles, remarque-t-il. Les gens qui me rencontrent ne me considèrent pas comme une vedette, mais comme leur grand-père ou leur grand frère. Je suis quelqu’un qui était à la télévision pour accueillir les gens. Tout ce que je faisais le dimanche, c’était pour les enfants, pour la famille.»

«Puis, après Parcelles de soleil, en 2001, j’ai pris ma retraite, se remémore-t-il. Et j’ai créé mes personnages. Vous savez, un homme, ça doit rester occupé, sinon, ça devient haïssable! (rires)»

Délaisser la machine

Même si ses années de métier sont principalement derrière lui, Claude Lafortune ne dirait pas non si on faisait appel à ses services pour un mandat stimulant et caresse encore des ambitions professionnelles.

«On ne vient pas beaucoup chercher les vieux pour des projets, avance-t-il, aucunement amer. Mon dernier rêve, ce serait de faire du cinéma, de jouer dans un film. Avec mes papiers, ou pas. Peut-être qu’il se réalisera à un moment donné!»

En terminant, quel regard jette Claude Lafortune sur les enfants des années 2000 et leur rapport à l’art?

«J’ai peur qu’Internet crée l’individualisme, avoue-t-il. On s’isole sur notre petit téléphone et on ne se sert plus de nos mains pour créer. C’est important, de se servir de nos dix doigts, c’est une sensibilité. L’informatique dessine parfaitement les choses, mais ce n’est pas nous, ce n’est pas l’être humain. Je trouve que c’est dommage. Ça fait du bien à l’âme de fabriquer des choses, de laisser passer nos émotions. J’espère qu’on délaissera un peu la machine, le téléphone, pour travailler la pâte de nos mains, la matière. J’aimerais beaucoup ça.»

L’exposition Colle, papier, ciseaux se tient au Centre historique des Sœurs de Sainte-Anne de Lachine jusqu’au 31 octobre 2014. Pour informations, consultez le www.ssacong.org/musee.

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