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Fukushima: entre aveux d'incidents et indemnisations avec les deniers publics

Fukushima: entre aveux d'incidents et indemnisations avec les deniers publics

Aveux de rejets massifs de poussières radioactives ou d'utilisation de réservoirs d'occasion: la centrale accidentée de Fukushima refait la une, tandis que la compagnie exploitante promet de nouvelles indemnisations, non sans solliciter pour la énième fois les pouvoirs publics.

Mercredi, Tokyo Electric Power (Tepco) a expliqué aux membres de l'Autorité de régulation nucléaire (NRA) que, le 19 août 2013, 280 milliards de becquerels de césium 134/137 ont été rejetés du site par heure, contre 10 millions de becquerels/h habituellement, et ce durant quatre heures. Cela porte l'impact total à quelque 1.120 milliards de becquerels.

Tepco, qui promet désormais de renforcer la surveillance et de mieux évaluer mensuellement le surplus de rejets, n'avait rien dit publiquement jusqu'à ce le ministère de l'Agriculture ne l'interpelle secrètement en mars, après qu'avait été constatée une nouvelle pollution radioactive dans la région, à un peu plus de 20 kilomètres au nord de la centrale.

Quelque temps après les opérations de nettoyage sur le réacteur 3, à l'origine de cette dissémination de poussières radioactives, le riz prélevé en 14 endroits de la région de Minamisoma présentait un niveau de contamination en césium radioactif de plus de 100 becquerels par kilogramme, la limite légale. Ce riz n'a pas été mis sur le marché.

Tepco est désormais sous pression alors que se prépare un déblaiement au dessus du réacteur 1: "nous essayons de prendre toutes les mesures pour limiter les rejets car il est vrai que des poussières radioactives se sont accumulées au dessus du réacteur 1 depuis des mois recouvert d'une tenture", a reconnu jeudi le directeur de la centrale, Akira Ono, lors d'une conférence de presse.

Les bâtiments de trois des six tranches de la centrale Fukushima Daiichi avaient été emportés par des explosions d'hydrogène dans les jours suivant l'accident provoqué le 11 mars 2011 par un gigantesque tsunami, dû à un violent séisme de magnitude 9 survenu au nord-est de l'archipel. Les coeurs des réacteurs un à trois ont en outre fondu.

Depuis, des milliers de travailleurs s'escriment à préparer le démantèlement tout en gérant tant bien que mal les incidents.

Le plus gros problème actuel concerne les volumes astronomiques d'eau radioactive qui ont envahi le site.

Or, environ un quart du millier de réservoirs utilisés pour le stockage de ce liquide souillé est composé de modèles à plaques boulonnées dont la fiabilité laisse à désirer, d'autant que parmi les citernes verticales incriminées, certaines sont d'occasion, a reconnu mercredi Tepco.

"Ce qui compte pour nous ce n'est pas qu'elles soient neuves ou pas, puisque ce sont des modèles conçus pour être assemblés et démontés à plusieurs reprises", a justifié M. Ono.

"Nous savons que le point faible ce sont les joints, mais nous pouvons les remplacer par des neufs, de même que les boulons", a poursuivi le directeur qui a par ailleurs affiché sa confiance dans la possibilité de mettre en oeuvre un système de traitement efficace de l'eau contaminée.

Au milieu de ces nouvelles peu rassurantes, Tepco a annoncé un geste supplémentaire à l'égard des victimes du désastre: la compagnie s'est dite prête à prendre en charge une partie des frais relatifs à la remise en état ou au transfert des tombes de leurs aïeux situées dans la zone évacuée après l'accident.

Parallèlement, Tepco indique avoir fait une nouvelle demande d'aide financière de 512,5 milliards de yens (3,75 milliards d'euros) à un fonds créé par l'État japonais afin de dédommager les victimes.

Tepco justifie cette énième requête auprès de la structure spéciale de compensation financière par l'extension des indemnisations relatives au logement et à l'impossibilité de travailler, en sus de la perte de biens, des préjudices moraux et autres dommages causés aux particuliers et entrepreneurs.

En prenant en compte cette nouvelle somme, le montant total des fonds demandés pour l'indemnisation des victimes du désastre de Fukushima s'élève à 5.301,4 milliards de yens (plus de 38,8 milliards d'euros au cours actuel). Ces sommes sont censées être remboursées ultérieurement par Tepco.

kap/jlh/ml

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