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Des footballeurs déserteurs, nouvel épisode d'un Championnat d'Ukraine aux abois

Des footballeurs déserteurs, nouvel épisode d'un Championnat d'Ukraine aux abois

La défection de sept footballeurs étrangers, cinq Brésiliens et deux Argentins, constitue un nouveau coup dur pour un Championnat d'Ukraine victime collatérale du conflit armé entre Kiev et les séparatistes prorusses, dans l'Est du pays.

Six joueurs du Shakhtar Donetsk, le champion d'Ukraine, ont refusé de prendre l'avion après un match amical disputé samedi face à Lyon. D'abord muet, le club l'a confirmé lundi en nommant les déserteurs: les Brésiliens Alex Teixeira, Fred (un homonyme de l'international brésilien), Ismaily, Douglas Costa, Dentinho et l'Argentin Facundo Ferreyra.

"C'est vrai, six joueurs ne sont pas rentrés de France", a reconnu le puissant président du Shakhtar, Rinat Akhmetov, avant de les mettre en garde en évoquant les "contrats qu'ils ont à honorer".

"S'ils ne reviennent pas, je pense qu'ils seront les premiers à en souffrir", a tonné l'homme d'affaires, menaçant de lourdes pénalités des joueurs dont la clause libératoire s'élève à "des dizaines de millions d'euros".

Le Metalist Kharkov a également connu une défection avec le milieu de terrain argentin Sebastian Blanco, qui a refusé de rentrer avec son club à la fin d'un stage de préparation en Autriche.

"Après le crash de l'avion de la Malaysia Airlines, je n'ai aucune intention de retourner en Ukraine", a assuré le joueur. "La situation là-bas est actuellement anormale. J'ai décidé de rester à Buenos Aires".

L'Est de l'Ukraine, en proie à un conflit armé depuis plus de trois mois, a été endeuillé jeudi dernier par le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines, un avion commercial transportant 298 passagers, probablement abattu par un missile dans une zone contrôlée par les rebelles pro-Russes.

La crise politique qui mine le pays depuis l'annexion de la Crimée en mars s'est répandue jusque dans les stades de foot.

Des débordements entre supporteurs pro-Ukrainiens et pro-Russes ont fait des dizaines de blessés en marge de rencontres, le 27 avril à Kharkiv et le 2 mai à Odessa.

Jeudi dernier, l'Uefa a annoncé qu'il n'y aurait pas de matches entre clubs russes et ukrainiens dans les compétitions européennes de football, "jusqu'à nouvel ordre".

Comment le Championnat d'Ukraine, déjà amputé de deux clubs (Sebastopol et Stal Achevsk) à cause du conflit et contraint de disputer ses derniers matches à huis clos en fin de saison dernière, réagira-t-il à ce nouveau coup dur?

Le Shakhtar vit pour sa part en exil à Kiev, loin de Donetsk, ville à majorité russophone aux mains des séparatistes, et théâtre lundi d'intenses tirs d'artillerie près de la gare.

Un argument repris par le président du club pour rassurer ses joueurs, notamment étrangers.

"Ils ne doivent avoir peur de rien ici. Nous sommes prêts à assurer une sécurité totale à tous les joueurs du club, a assuré Akhmetov. Nous ne les emmènerons jamais dans un quelconque lieu dangereux".

Homme le plus riche du pays, avec une fortune estimée à 12,2 milliards de dollars selon Forbes, Akhmetov est très influent dans le Donbass, où il est le premier employeur (métallurgie, charbon, immobilier, banque et médias).

L'oligarque de 47 ans s'est rallié de manière surprenante à "l'unité de l'Ukraine" après avoir longtemps été un soutien du président déchu, Viktor Ianoukovitch, un allié de Moscou.

Pas sûr toutefois que son poids politique et économique soit suffisant pour sauver un Championnat en souffrance, malgré les déclarations rassurantes de la Fédération ukrainienne de football (FFU).

"Le pays tout entier est en deuil après la tragédie (le crash du MH17, ndlr) qui est survenue", a déclaré le porte-parole de la FFU, Pavel Ternovoi.

"Mais cela n'aura pas d'influence sur le coup d'envoi du championnat" prévu le 25 juillet. "Nous insistons sur le fait que le football doit rester en dehors de la politique", a conclu M. Ternovoi.

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